captain america first avenger sur tmc comment a ete concue lincroyable metamorphose de steve rogers - CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, parfois, c'était quand même mieux avant - Critique
Crédits : Marvel Studios

CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, parfois, c’était quand même mieux avant – Critique

Comme beaucoup de gens à l’époque, l’auteur de ces lignes n’avait pas été particulièrement marqué par CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER. Le souvenir évoquait un film un peu mou, plutôt pas mal mais qui manquait d’une vraie personnalité. Et pourtant, au fils des ans et à la découvertes de divers articles louant les qualités d’un long-métrage décrit comme à véritablement réévaluer, force est de constater que c’est bel et bien le cas.

En le revoyant, surtout après le nombre incalculable de productions du même genre d’une médiocrité pas possible (et dont Marvel s’est fait, et continue de se faire, un fervent représentant), ce Captain America affiche une saveur unique et se pose comme un long-métrage solide, un film de super-héros avec sa propre identité pleine de charme ainsi qu’un très bon divertissement. Il détient d’ailleurs une jolie place dans la liste consacrée à ce genre de films concoctée par l’auteur de ces lignes sur SensCritique, toujours à la recherche de ces œuvres procurant cette sensation particulière, à la fois d’un spectacle confortable au plaisir assuré, sans pour autant négliger les prises de risques. La phrase est évidemment à manier avec précaution car elle peut vite transformer quelqu’un en vieux con mais en même temps il y a des fois où c’est vrai : c’était mieux avant.

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La légende de Captain America s’écrit… © Marvel Studios

Un film d’action old school par un vieux briscard d’Hollywood

6,9/10 sur IMDB, 3,3 et 3,5/5 sur Allociné, 3,3/5 sur Letterboxd et surtout un terrible 5,6/10 sur SensCritique… Les avis sur THE FIRST AVENGER sont certes corrects mais tout de même un peu tristes. C’est pourtant un cas véritablement intéressant car plus le temps passe et plus un constat apparaît tel le bouclier du Captain qu’on trouve sous la neige et révèle sa beauté: un réel charme et un savoir faire certain surtout comparé à bon nombre de productions du genre donc et en particulier, évidemment, chez Marvel. Car CAPTAIN AMERICA : THE FIRST AVENGER a été réalisé par un certain Joe Johnston. Si ce nom ne dit rien aux gens, on le connaît pourtant bien car le bonhomme est un vieux loup de mer passé par plusieurs grosses franchises durant sa carrière. Carrière débutée en tant qu’artiste conceptuel pour Star Wars, il a ensuite poursuivi son travail dans les effets visuels, notamment pour Steven Spielberg. Puis il a continué en devenant réalisateur et de films connus et divertissants qu’on regarde en famille avec un plaid sur les genoux et du chocolat chaud, puisqu’il est l’homme derrière notamment Chérie, j’ai rétréci les gosses (Honey, I Schrunk the kids, 1989), Jurassic Park III (2001) mais surtout Jumanji en 1995. Et oui.

Et THE FIRST AVENGER, assurément son plus gros projet, semble représenter la quintessence de tout ça. Spectacle à l’ancienne dont on décèle entre autres des inspirations d’Indiana Jones – blouson en cuir et course-poursuite en moto à l’appui – film d’action pas avare en plans iconiques et bien composés (le lancer de bouclier avec explosion en arrière-plan, Cap qui saute d’un tank immense qui explose…), mise en scène soignée avec des jolis cadres et plusieurs beaux mouvements de caméra… Il se dégage du film une saveur perdue aujourd’hui dans beaucoup de cas, à l’heure où Disney/Marvel se perd et se ridiculise de plus en plus souvent avec des contenus fades et mal foutus à tous les niveaux, et où DC voudrait nous faire croire qu’ils font des bons films et que Black Adam ou Shazam connaissent la définition du charisme. C’est aussi dû au fait qu’à l’époque, Marvel n’avait pas encore saturé l’industrie. Il paraît loin, le temps où Nick Fury apparaissait dans le salon de ce bon vieux Tony Stark à la fin d’Iron Man (Jon Favreau, 2008) pour annoncer un “plus grand univers”, mentionner les Avengers, et coller des frissons à des spectateurs sur le point de vivre – ça on ne pourra jamais l’enlever au MCU – quelque chose d’absolument dingue et jamais vu à l’époque.

Les débuts du Marvel Cinematic Universe sont loin d’être uniquement marqués par des chef-d’œuvres et il est très intéressant voire éloquent de noter que le film qui a lancé tout ça et donc façonné une grande partie de l’industrie d’aujourd’hui a failli ne jamais voir le jour et doit principalement son salut à son interprète, un Robert Downey Jr. sortant d’années très compliquées, qui a tout donné et dont l’interprétation et les nombreuses improvisations ont permis le sauvetage du film. Car Iron Man était au final réussi (alors qu’il tremblait autant des genoux qu’un Quantum of Solace du fait d’une grève de scénaristes de grande ampleur à cette période) et le premier Avengers (The Avengers, Joss Whedon, 2012) était un excellent divertissement à l’écriture soignée et au charme – là aussi – véritable. Il y avait une énergie, un plaisir palpable, une saveur qui se projettait hors de l’écran pour envahir le cœur du spectateur émerveillé et lui faire passer un authentique bon moment plein d’instants marquants, digne des plus euphorisants des comics desquels ce cinéma s’inspire.

Et CAPTAIN AMERICA : THE FIRST AVENGER, avec son allure solide comme les épaules de son héros, ses séquences d’action bien orchestrées, son humour impeccablement dosé, son ton old school ou encore son amour pour ses personnages – tous irrésistibles – est peut-être finalement une des plus belles productions hollywoodiennes récentes, un des derniers vestiges d’une certaine façon d’envisager le spectacle. L’aspect comédie devenu si ridicule dans beaucoup trop de films de ce genre est en effet ici très bien dosé (Peggy Carter qui envoie un bourre-pif à Hodge, Steve qui finit sa course dans une vitrine parce qu’il ne maîtrise pas encore son nouveau corps, Phillips qui lance un “J’embrasse pas” quand Steve se tourne vers lui juste après son baiser d’adieu avec Peggy dans la voiture…); les trouvailles visuelles sont nombreuses, inventives et savent jouer sur le suspense (la découverte du bouclier, le nouveau look du méchant caché dans la pénombre, Steve qui se protège grâce à une portière sur laquelle est dessinée une étoile et qui préfigure donc bien sûr le bouclier…) et le casting, lui, est impeccable. 

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Joe Johnston sur le tournage © Marvel Studios.

A good man

Tout en haut de celui-ci, c’est un Chris Evans magistral qui campe magnifiquement le rôle de Steve Rogers / Captain America, celui de sa vie. Le comédien, doté du physique parfait, incarne magistralement ce courageux natif de Brooklyn voulant aider le monde et lui donne une présence magnifique. Du haut de son mètre quatre-vingt trois, Evans se montre tour à tour touchant, délicat et investi puis courageux, séducteur ou encore puissant et athlétique. A l’image d’un Henry Cavill aussi musclé que charismatique dans son rôle du superbe personnage de Clark Kent/Superman pour lequel il semblait être né (et dans lequel on ne le reverra d’ailleurs malheureusement plus), l’acteur affiche une noblesse majestueuse dans son interprétation de ce beau symbole de liberté ou de courage que représente le personnage, bien plus pure, lumineux et surtout universel que ce que son nom ou son costume peuvent le laisser penser au premier abord. Stanley Tucci, lui, nous régale de délicatesse et de malice dans le rôle du très attachant docteur Abraham Erskine. Qu’il s’agisse de la scène où il rencontre Steve pour la première fois, celles où il débat avec le colonel Phillips ou surtout celle où il se confie à Steve et lui dit pourquoi il a été choisi, le personnage regorge de beaux moments et de répliques inspirantes, et s’impose comme un mentor magnifique et une belle source de sagesse. 

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Une merveille de mentor que cet Abraham Erskine © Marvel Studios

Côté féminin, Hayley Atwell donne tout son charme et sa prestance à une Peggy Carter absolument irrésistible, aussi charmante et douce que forte et autoritaire quand il le faut. Sublime de charisme et de présence, on aurait aimé voir sa romance avec Steve plus développée, dans un long-métrage qui ne se montre d’ailleurs jamais niais à ce niveau-là et a l’élégance de ne jamais la sexualiser. Tommy Lee Jones, lui aussi, est bien sûr impayable dans un rôle taillé à sa mesure, et nous gratifie d’un Colonel Chester Phillips aux répliques imparables, au départ autoritaire et grincheux comme il le faut, puis coopératif et protecteur. Même Sebastian Stan dégageait quelque chose d’appréciable avant qu’on le voit un peu tout le temps jouer la même chose dans cet univers fatigué. 

Enfin, rendons hommage à un homme totalement inconnu qui pourra pourtant dire toute sa vie qu’il a incarné Steve Rogers, car c’est techniquement vrai: Leander Deeny. Et oui car pour figurer le corps très mince du personnage avant sa transformation, l’équipe a en fait tourné les scènes avec cet acteur et c’est ensuite en post-production que le visage d’Evans a été ajouté sur le corps de Deeny pour un résultat bluffant. Même s’ils ne sont curieusement pas tous irréprochables dans ce film, c’était le temps où Marvel s’appliquait encore sur les effets numériques et respectaient les techniciens et artistes qui les réalisaient, (à ce titre, l’apparence de L’Homme-sable dans Spider-Man : No Way Home (Jon Watts, 2021) comparée à celle bien plus réussie qu’il affichait 14 ans plus tôt (!) dans le Spider-Man 3 (Sam Raimi, 2007) témoigne de l’approche scandaleuse de Marvel Studios de beaucoup de ses effets visuels). 

Quant aux méchants de l’histoire, le cast n’est pas en reste. L’antagoniste, grand méchant caricatural qui veut attaquer la Terre entière, s’insère très bien dans ce spectacle. Hugo Weaving, autant capable d’incarner une immense figure respectable (Elrond dans Le Seigneur des anneaux) que menaçante, interprète un sale type peu complexe dû à son écriture mais le fait sans surjeu et lui permet donc de s’intégrer comme il faut dans le film et de parfaitement diriger sa bande mal intentionnée. Toutes les trognes qui composent le camp ennemi sont délicieuses et aussi impeccablement castées, notamment Toby Jones qui a certes tellement la tête de l’emploi que le choisir en méchant scientifique relève de l’évidence, mais forcément le résultat ne déçoit pas (il sera d’ailleurs au générique d’Indiana Jones 5). Et même les « gueules » croisées durant quelques instants seulement sont choisies avec minutie et témoignent du soin apporté jusqu’aux personnages très mineurs, ici incarnés par des visages reconnaissables pour le plus grand plaisir des spectateurs qui reconnaîtront le Rusard des Harry Potter (David Bradley IV) ou un des méchants dans Quantum of Solace (Anatole Taubman). Ouais, ce film en avait, de la gueule. 

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Bon là ils font tous la tronche mais le film est très agréable à regarder on vous dit ! © Marvel Studios

Le symbole et la légende

Bien sûr, le long-métrage de Johnston est loin d’être parfait. Il aurait par exemple peut-être été une bonne idée de vouloir le rallonger un peu pour le densifier. Le but n’était pas là (on est chez Marvel Studios, faut pas déconner non plus) mais l’histoire aurait pu s’en trouver complexifiée et surtout les personnages secondaires auraient eu plus de place pour se déployer. Qu’il s’agisse de Peggy Carter, de Bucky Barnes, d’Abraham Erskine ou des soldats qui composent le Commando Hurlant, tout ce petit monde n’a malheureusement jamais trop le temps d’exister et c’est bien dommage, même si l’essentiel est assuré avec un personnage de Steve Rogers absolument impérial. Et puis, si le studio de Kevin Feige a heureusement su faire preuve d’application et d’intelligence avec son approche de la gestion des effets numériques concernant le corps de Rogers et de la direction artistique globale de l’ensemble qui baigne donc dans une vraie atmosphère old school tout à fait agréable de plus en plus rare et complètement à propos, plusieurs plans et incrustations piquent un peu l’œil et donnent un résultat surprenant, mélangeant du numérique un peu moche à une vision à l’ancienne. Déjà à l’époque, le studio n’avait pas prévu de trop se fouler et s’écarter de son programme, alors que le contexte et le réalisateur choisi semblait au contraire rendre évidente une approche tournée vers des effets pratiques, à la manière des James Bond ou Mission : Impossible. Enfin, si l’ensemble dispose donc d’un charme indiscutable très appréciable et demeure aussi solide que le corps de son personnage principal, THE FIRST AVENGER pâtit un peu d’un certain manque de caractère, et on traverse le tout avec un plaisir réel mais jamais en étant véritablement marqué, le film étant peut-être un peu lisse. 

Mais si certains seraient encore réticents à l’idée de se plonger ou se replonger dans les origines modernisées du plus américain des super-héros, il n’y a qu’à se rappeler d’une très belle chose au sujet de ce personnage unique et hors du commun : le fait que son objet fétiche et son symbole ne soit pas une arme faite pour tuer, mais un bouclier utilisé pour protéger. Protéger le monde, pas seulement l’Amérique, incarner des valeurs toujours autant d’actualité aujourd’hui qu’à l’époque où ce héros est né et inspirer à devenir meilleur. Car comme le dirait notre ami Abraham Erskine, Steve Rogers a toujours été avant tout « Un homme bon », ce qui fera à jamais de lui une légende.

Simon Beauchamps

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captain america the first avenger - CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, parfois, c'était quand même mieux avant - Critique
Titre original : Captain America : The First Avenger
Réalisation : Joe Johnston
Scénario : Christopher Markus, Stephen McFeely
Acteurs principaux : Chris Evans, Hayley Atwell, Hugo Weaving
Date de sortie : 17 Août 2011
Durée : 2h04min
3.5
Le charme à l'ancienne !

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