le chasseur et la reine des glaces
© Universal Pictures International France

LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES, un film maîtrisé – Critique

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Suite au succès de Blanche-Neige et le Chasseur en 2012, Universal continue de profiter de la tendance « fantasy », concurrençant ainsi Disney sur le terrain de ses adaptations live, qui ont déjà engrangé de fort belles recettes au box-office (MaléfiqueCendrillon, et depuis le 13 avril, Le Livre de la Jungle).

Si un grain de sable s’est glissé dans l’engrenage lorsque Kristen Stewart, rôle-titre du premier film, a refusé de signer pour cette suite, les producteurs ont su rebondir en engageant deux autres actrices très demandées, Jessica Chastain et Emily Blunt, complétant un casting porté par Charlize Theron et Chris Hemsworth. Fort de ces quatre têtes d’affiches, d’une conjoncture favorable où le public répond présent aux récits féeriques et d’une direction artistique promettant de respecter les qualités visuelles du précédent opus, LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES partait donc confiant dans la bataille des blockbusters. En ajoutant le sous-titre « Les Chroniques de Blanche-Neige », Universal trahissait son ambition à vouloir concevoir cette sequel comme l’avènement d’une franchise qui pourrait voir naître dans les années à venir, autant d’opus qu’il y a de références à piocher dans le bestiaire des contes de fées, puis à connecter entre elles à l’intérieur d’une même mythologie, à la façon des séries Grimm et Once upon a time.

Il y a quatre ans, le premier opus de la franchise réalisé par Stephen Sanders, était clairement taillé pour plaire à un public adulte, son esthétique soignée servant à définir le ton sombre du récit et la cruauté de la reine Ravenna. Aujourd’hui, quelque chose sonne faux au royaume de Blanche-Neige, comme si Cédric Nicolas-Troyan, en voulant coller de trop près au modèle établi par Sanders, ne savait qu’imiter, répéter les mêmes patterns, les mêmes coups d’éclats sans trouver vraiment le moyen d’y ajouter une nouvelle poésie, ou une nouvelle approche du récit d’aventure ultra-balisé. Certes, sur l’ensemble du spectacle, on ressent une impression de continuité et de cohérence avec la direction artistique du précédent film, mêlant habilement une esthétique rugueuse et guerrière d’un film d’action mâtiné d’heroïc-fantasy, aux fastes que nécessitent les dorures et les maléfices des enchanteresses de contes. Mais cette imagerie est si présente actuellement dans les différents médias, qu’à défaut d’originalité, l’exercice semble juste maîtrisé et habilement exécuté.

Photo du film LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES
© Universal Pictures International France

Sur le papier, le scénario est prometteur puisque le premier acte du film se situe sept ans avant la victoire de Blanche-Neige sur Ravenna et raconte le passé du Chasseur, alors soldat dans l’armée de Freya, la reine de glaces. Puis le reste de l’histoire se déroule là où nous avions laissé le héros, à la fin du premier opus, contraint de remplir une nouvelle mission et d’affronter son passé par la même occasion. Ce concept de prequel / sequel a pour mérite d’approfondir le personnage principal tout en élargissant le monde dans lequel il évolue, et la perspective de nouveaux enjeux, qui concernent à la fois son humble personne et le sort du monde autour de lui, avait de quoi enthousiasmer. L’absence de Blanche-Neige dans cette aventure est d’ailleurs un problème vite évacué puisque l’intérêt pour le personnage du Chasseur est redoublé et que les nouvelles venues ont également de quoi séduire, puisqu’elles sont incarnées par deux actrices émérites : Jessica Chastain et Emily Blunt, même si tout deux ne réussissent pas à exprimer la subtilité habituelle de leur jeu.

Cette imagerie de fantasy est si présente actuellement dans les différents médias, qu’à défaut d’originalité, LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES semble juste maîtrisé et habilement exécuté.

Mais deux stars aussi belles et talentueuses puissent-elles être, ne peuvent pas renouveler par leur présence les règles d’un blockbuster qui suit de trop près des archétypes dramaturgiques éculés. Pour apprécier pleinement le film qui nous est proposé, il faut accepter de voir passer en revue des éléments basiques de ce genre de récit : escale dans une taverne où des brigands viennent perturber le repos du héros, ce même héros qui se trimbale des compagnons de routes nains, servant de soupapes comiques en cas de tension, et tout ce petit monde s’introduit dans le château de la reine dans la dernière demi-heure du film en assommant quelques gardes sur leur passage etc. Je ne divulgâcherais pas les rebondissements les plus importants de l’histoire, mais même le retour de Charlize Theron sent cruellement le réchauffé et n’apporte rien, ni au personnage de Ravenna, ni à la place de ce type d’antagoniste dans ce genre de récit.

LE CHASSEUR ET LA REINE DES GLACES a tout de même cela d’intéressant, qu’il pose une question judicieuse aux amateurs du genre : A quel tranche d’âge s’adresse-t-il ? Tout comme Le Livre de la jungle, actuellement dans les salles, il possède des passages bien trop effrayants pour les plus jeunes (le traumatisme de Freya par exemple), et pourtant la candeur évidente de certaines scènes risque de rebuter ceux qui attendent un spectacle mature, sans complexe vis-à-vis de la violence ou d’une complexité des rapports humains. Ici, une plaisanterie grivoise succède à un plan digne d’un Disney, un personnage digne de Narnia croise un guerrier évadé de Game of Thrones. Qui est le public visé en fin de compte ? Les adolescents ? Les jeunes adultes ? Les adultes ayant gardé une âme d’enfant ? Vaste question.

Arkham

Note des lecteurs4 Notes
3
Note du rédacteur

Nos dernières bandes-annonces

Rédacteur
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
0
Un avis sur cet article ?x