RELEVE

[CRITIQUE] : RELEVE, HISTOIRE D’UNE CREATION

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RELÈVE
• Sortie : 7 septembre 2016
• Réalisation : Thierry Demaizière et Alban Teurlai
• Acteurs principaux : Benjamin Millepied
• Durée : 1h47min
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Tous les films ne sont pas égaux. Par exemple, le documentaire RELEVE, HISTOIRE D’UNE CREATION n’est pas disponible dans toutes les salles. Pour Paris, principalement le réseau MK2. A Lyon, seulement une salle. Mais le bouche-à-oreille fait son travail, et le film de Thierry Demaizière et Alban Teurlai finit par rencontrer son public.

RELEVE, c’est l’histoire de Benjamin Millepied, danseur étoile du New York City Ballet. Il est connu par les cinéphiles pour avoir chorégraphié les danses de Black Swan de Darren Aronofsky et avoir interprété le rôle du danseur, en plus d’avoir par la suite épousé l’héroïne du film Natalie Portman. Il est par la suite nommé à la tête du ballet de l’Opéra de Paris en 2013, avec pour première tâche de composer un premier ballet pour l’ouverture de la saison 2015. RELEVE capte ainsi les 40 jours de création avec les 16 danseurs sélectionnés pour l’occasion par Benjamin Millepied.

Ces jeunes danseurs sont la relève. Mais pas seulement. En ne mettant pas en avant de danseur étoile (titre suprême accordé à un danseur), Benjamin Millepied veut faire confiance à de jeunes sujets et coryphées (danseurs de grades inférieurs). Ce faisant, il souhaite instaurer un souffle nouveau, un rapport différent entre les danseurs et leur art. Le nouveau souffle, c’est évidement Benjamin Millepied lui-même, très jeune (il succède à Brigitte Lefèvre, agée de 71 ans, alors qu’il en a 37), accompagné par les tout aussi jeunes Nico Muhly, le compositeur de la musique, et du chef d’orchestre Maxime Pascal. On voit bien qu’ils sont tout trois déconnectés du monde trop rigide dans lequel ils sont, le premier rêvasse (quelle tenue pour le Directeur du Ballet de l’Opéra de Paris !) alors que les deux autres utilisent une multitude d’onomatopées pour parler musique.

releve-millepied

Car le film de Thierry Demaizière et Alban Teurlai est d’abord le portrait de Benjamin Millepied. Le personnage est charmant mais surtout inspirant et plein de bonnes paroles vis-à-vis de ses élèves. RELEVE réussit le pari de montrer à la fois la rigueur et la discipline que demande la danse classique (qui plus est à très haut niveau) tout en nous mettant au plus près du chorégraphe. La caméra de Alban Teurlai se place intelligemment et filme admirablement le mouvement des danseurs, chose difficile lors d’une répétition et que les pas ne sont pas définis, changent selon le bon-vouloir de Benjamin Millepied. La structure du film (en flash-back puis en jours décomptés, à la manière d’un journal de bord) donne au film un suspense prenant pour le spectateur. Le documentaire est également très drôle, quand on voit notamment le décalage entre Benjamin Millepied et la foule de gens de l’Opéra qui attendent ses directives, la première étant son assistante.

« RELEVE est le lieu de l’affrontement entre ces deux mondes que sont d’un côté une institution rigide et de l’autre l’esprit créateur et novateur de Benjamin Millepied »

Ce rire est caractéristique du problème que pose RELEVE. Très simplement, si le rire est du mécanique plaqué sur du vivant, selon Bergson, on peut observer ceci : le vivant, ce sont les gens, la mécanique, c’est l’institution qui leur obligent un comportement.  Tout l’enjeu est donc pour Benjamin Millepied de se battre contre une maison prestigieuse, en tentant de la remodeler de l’intérieur. Ainsi, il fait part de son étonnement quand il remarque que le plancher n’est pas adapté, que les médecins ne sont pas les plus compétents, que le rapport entre les élèves et les professeurs est biaisé, ou encore en mettant pour la première fois une danseuse métisse en soliste. Quand l’assistante cherche à capter Benjamin Millepied, RELEVE montre le lieu de l’affrontement entre le carcan qu’est l’institution et cet être libre, créateur et novateur. Le décalage entre les deux mondes provoque le rire, un rire tendre puisque les rapports sont cordiaux et les deux personnages attachants (c’est la même mécanique que veut instaurer Toni Erdmann). Mais c’est là qu’on peut se poser la question de l’universalité du propos : la rigidité de l’Opéra de Paris pourrait-elle être celui de l’ensemble des institutions françaises ? C’est le parallèle qui est dressé lorsque on annonce à Benjamin, étonné, que la Marseillaise sera jouée avant le ballet, dû à la présence du Président de la République.

Initialement diffusé sur Canal+ en 2015, RELEVE a subi un remontage suite à l’annonce du départ de Benjamin Millepied de la direction du ballet. Les rumeurs veulent que ce soit dû en partie aux propos tenus dans ce film et dans d’autres interviews ; qu’importe, les réalisateurs ont rajouté une demi-heure en plus pour la sortie cinéma. Finalement, on avait de l’espoir pour cette relève. Qu’importe, si le renouveau ne se fait pas au sein des institutions, il se fera sans doute ailleurs.

Alexandre Léaud

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