INFERNO

[CRITIQUE] INFERNO

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INFERNO
. Sortie : 9 novembre 2016
. Réalisation : Ron Hooward
. Acteurs principaux : Tom Hanks, Felicty Jones et Omar Sy
. Durée : 2h01min
Note des lecteurs5 Notes
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note du rédacteur

Pour Inferno, Tom Hanks endosse pour la troisième fois le rôle de l’historien Robert Langdon, personnage crée par le maître du best-seller ésotérique, Dan Brown. Après Da Vinci Code en 2006 et Anges et démons en 2009, Ron Howard passe à nouveau derrière la caméra pour assurer cette nouvelle adaptation. On aurait pu espérer que cette nouvelle collaboration entre la star hollywoodienne et le cinéaste renommé garantirait un divertissement parfaitement calibré et rythmé, tout en insufflant un tant soit peu d’intelligence et de culture dans son scénario.

Hélas, trois fois hélas, Ron Howard et son scénariste David Koepp, aussi aguerris soient-ils, ne disposent d’aucune marge de manœuvre quand il s’agit de dégager une ambiance et une narration cinégéniques du roman d’origine. Comme c’était déjà le cas dans les deux précédents opus, la complexité de l’intrigue, mêlant différentes références culturelles, qui tenait en l’haleine le lectorat de Dan Brown, ressemble une fois transposée à l’écran à un gloubi-boulga hétérogène et indigeste.

Sans doute conscient de l’impossibilité de résumer les six-cents pages du roman éponyme en un jeu de piste de deux heures, Howard et Koepp misent sur des effets scénaristiques éprouvés pour dynamiser l’intrigue, perdant au passage des éléments essentiels de l’univers crypté et symbolique de Brown. Ainsi le premier quart-d’heure du film est à la limite du supportable tant il est surchargé d’effets de montage et d’effets visuels pénibles, accumulant à la fois flash-back morcelés, visions hallucinatoires et séquences d’action découpées de manière épileptique. Le cinéaste cherche à nous jeter in media res dans l’enquête d’un Robert Langdon amnésique, et tente ainsi de réduire l’écart entre le public et ce personnage d’ordinaire érudit et doué d’une exceptionnelle rapidité de réflexion et de réaction.

Si Ron Howard ne se contentait pas de dilapider le budget du blockbuster en élaborant des images criardes et clipesques comme Hollywood n’osait plus en produire depuis dix ans, on aurait peut-être une chance d’être intrigué par l’état de confusion du protagoniste et d’adhérer à la course-poursuite que cette situation installe par la suite.

Photo du film INFERNO

Après cette mise en place tonitruante, Inferno se calme et déballe son catalogue d’images dépaysantes et d’idées somme toute convenues, mariant les genres de l’espionnage et de l’aventure par des approches toutes aussi convenues des deux genres. Multipliant les lieux de tournages et les seconds rôles pour donner l’illusion, hélas brève, de lancer des fausses pistes, le scénario distribue des rôles sans grande finesses à Felicity Jones, Sidse Babett Knudsen et Omar Sy.

Jouant avec l’esprit désorienté de Langdon, Howard filme ses personnages de manière on ne peut plus caricaturale, afin que ceux-ci passent successivement de statuts de « gentils » aidants le héros à grands « méchants » manipulant ce dernier. Dans cette grande mascarade souvent bouffonne, surnage Irrfan Khan qui a au moins le mérite de basculer dans le délire du méchant à la James Bond style, associé à une arme de prédilection et des répliques qui font mouche.

« La complexité de l’intrigue du roman de Dan Brown ressemble, une fois transposée à l’écran, à un gloubi-boulga hétérogène et indigeste. »

La promenade touristique se suit sans déplaisir, puisque la production fastueuse bénéficie des lieux emblématiques de Florence, Venise et Istanbul, soit une succession de décors somptueux et chargés d’histoire. On retiendra notamment la scène finale dans la citerne de la basilique Sainte-Sophie, lieu atypique qui méritait bien sa place dans ce type de blockbuster, lorgnant autant du côté de la saga Mission Impossible que de Benjamin Gates. Mais si le public peut apprécier cette scène indépendamment du film, pour son décor et sa scénographie, il aura en revanche, du mal à accepter la place de ces éléments dans le récit. En accumulant les problèmes de vraisemblance et de cohérence, INFERNO empêche définitivement le spectateur d’adhérer à son intrigue.

L’aspect invraisemblable apparaît dans le traitement peu crédible du réseau de personnages, où un historien et une dignitaire de l’OMS croisent des tueurs sanguinaires et des spécialistes de poésie médiévale dans un imbroglio concentré sur quarante-huit heures ; où il s’agit pour le scénario de trouver un prétexte pour montrer Florence et Istanbul en vue aérienne tout en installant des relations sentimentales aussi peu crédibles qu’émouvantes entre les personnages.

Quant à l’incohérence du film, elle se manifeste dans les dialogues et les rebondissements censés relier tous ces éléments en seulement deux heures de métrage. Avant d’être scénaristiques, ces erreurs sont avant tout formelles et déterminent le rythme bancal du film, où tantôt les artefacts servant de jalons à l’intrigue sont amenés à la hâte, tantôt des passages sont repris, répétés et expliqués alors que le spectateur avait lui-même rassemblé les pièces du puzzle dans sa tête. Pour un thriller ésotérico-politico-historique parsemé de références littéraires, Inferno ne semble pas faire suffisamment confiance à son public ; paradoxal n’est-ce pas ?

Photo du film INFERNO
Tom Hanks et Felicity Jones

Mais le défaut majeur du film réside tout simplement dans son titre trompeur. En convoquant la cosmogonie de Dante Aligheri, INFERNO se devait de faire honneur à la matière première dense et prometteuse que représente la Divine Comédie. Le public était donc en droit de s’attendre à ce que Ron Howard réussisse à dégager une imagerie et une atmosphère à la fois poétiques et spectaculaires. Dantesque comme l’exprime précisément l’adjectif consacré. Or, il se perd dans l’enchevêtrement d’enjeux où l’on parle tour à tour de peste noire, de surpopulation, du rôle de Langdon dans ce mic-mac, ne laissant au poète italien qu’une place de relais symbolique, purement fonctionnelle. Un oxymore en somme.

Arkham

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Nicolas Cytrynowicz
Nicolas Cytrynowicz
Invité.e
12 novembre 2016 16 h 08 min

C’est tout simplement un incroyable navet et tenter de l’analyser comme vous le faites est encore lui faire trop d’honneur. Comment arriver à rendre des villes comme Florence, Venise ou Istanbul aussi insipides serait, pour moi, la plus grande ėnigme si je ne côtoyais pas tant de touristes américains en ces lieux qui me prouvent chaque fois leur incapacité å comprendre ces lieux chargés d’histoire, d’art etbde mystère. Ron Howard est l’un d’eux, qui fait preuve d’un absolu manque de sensibilité. Il n’y a rien dans ce film qui mérite qu’on puisse lui offrir deux heures de sa vie, surtout si l’on aime l’Italie, Dante, Brunelleschi et tous les autres grands artistes qu’il pille et auxquels il ne comprend rien. Pauvre d’esprit hollywoodien, quelle misère que ce réalisateur.

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