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Confinement : frissonner d’horreur pour conjurer la peur

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Pour les amateurs de cinéma d’épouvante, voici une petite sélection de films du genre pouvant accompagner vos journées de confinement.

Beaucoup de réalisateurs se sont appropriés le genre pour émettre un double-discours : derrière l’horreur ou les procédés techniques véhiculant la peur peut se cacher un autre réquisitoire, un argumentaire allégorique que le metteur en scène construit en filigrane. Regarder ces films pour lutter contre l’ennui devient un moyen de plonger dans des apologues où frissons et réflexions cohabitent habilement. Il n’y a plus qu’à choisir !

Dépoussiérer les classiques

Zombie de George A.Romero (1978)

Si visuellement le film ne fait plus tout jeune, le scénario, lui, est encore et toujours d’actualité. Alors que la terre est envahie progressivement par des zombies, un groupe de quatre personnes se réfugie dans un centre commercial afin de survivre au mieux face à la pandémie. Dès 1979, Romero traitait déjà du consumérisme et des réflexes de survie guidés par la modernité. Si tout vient à s’effondrer, mieux vaut vivre dans un lieu emprunt de capitalisme, sujet toutefois à de vrais moments de cinéma purs. De l’attaque finale à l’arrivée de bikers en furie, le film trouve un équilibre jouissif entre séquences d’horreur pure et action. Par ailleurs, le spectateur est convié à visionner l’ensemble de la filmographie de Romero, qui parvient généralement à se renouveler en se penchant toujours sur un seul et même axe scénaristique. Dans la continuité, il est possible pour une tonalité plus légère d’enchaîner avec une parodie-hommage de ce film avec le premier volet de la trilogie « cornetto », Shaun of the dead d‘Edgard Wright.

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Zombie de Georges A. Romero (1979)

Halloween : la nuit des masques de John Carpenter (1979)

Un pilier du genre. Il est encore aujourd’hui difficile de reprendre son souffle après le visionnage tant le film fonctionne. La première apparition de Michael Myers au cinéma fait figure de traumatisme cinématographique pour toute une génération de spectateurs. Du crime originel au traitement du sérial-killer comme corps inquiétant s’immisçant dans le champ comme dans les maisons, tout s’imbrique parfaitement et l’équilibre trouvée dans la narration détonne encore aujourd’hui. Tout un arc du cinéma d’horreur contemporain a puisé dans les univers que Carpenter a élaboré. Pour les plus intéressés, il est possible d’enchaîner avec Fog (1980) ou The Thing (1982), deux films symbolisant tout le génie du réalisateur, qui tel un caméléon, s’est adapté à tous les milieux pour créer l’effroi.

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Halloween, la nuit des masques de John Carpenter (1979)

Suspiria de Dario Argento (1977)

Des couleurs, remarquables, au climat oppressant et anxiogène qui s’installe progressivement, tout fait de Suspiria une véritable expérience sensorielle. Se plonger dans ce labyrinthe où le fantastique peut surgir n’importe quand, c’est accepter de se laisser manipuler par un chef d’orchestre seul connaisseur de la partition. L’héroïne, comme le spectateur, avance dans l’inconnu de cette école de danse, un inconnu à la fois attirant de par la pluralité de ses nuances colorées (c’est le dernier film à utiliser une caméra Technicolor ce qui explique pourquoi, longtemps après le visionnage, certains plans restent ancrés dans la rétine) mais un inconnu aussi source de suspens, de sursaut et d’effroi. Accompagnées d’une musique désormais culte, certaines séquences sont encore analysées dans les écoles de cinéma, se démarquant par leur capacité à instaurer un climat oppressant dans un univers si singulier. Accepter de rentrer dans ce labyrinthe, c’est aussi passer outre l’ennui que peut entraîner ce confinement.

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Suspiria, de Dario Argento (1977)

Parmi les classiques, et si vous ne les avez pas vus :

l’Exorciste de William Friedkin (1974)

Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974)

Shining de Stanley Kubrick (1980) (et uniquement si votre confinement se déroule au mieux…)

Le cinéma d’horreur contemporain et la rénovation du genre

It follows de David Robert Mitchell (2015)

L’horreur invisible. Contaminée suite à une relation sexuelle, une étudiante est poursuivie de façon continue par une force polymorphe cherchant à décimer chacune de ses proies. Le postulat permet de développer nombre de situations qui ne peuvent laisser le spectateur indemne : d’une scène de plage où la chose prend l’apparence de la sœur du personnage principal à un final dantesque dans une piscine publique, le film ne cesse de renouveler les procédés horrifiques pour créer la peur, tant chez le spectateur que les personnages. Surtout, rarement une œuvre n’aura été aussi virulente en dénonçant la propagation de maladies sexuellement transmissibles. A regarder de jour pour les plus craintifs.

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It follows de David Robert Mitchell (2015)

Scream de Wes Craven (1996)

De quoi mêler sursaut et pur divertissement. Scream est un véritable tournant pour le cinéma de genre au milieu des années 90. Cette histoire de tueur masqué, en plus de remplir son quota de scènes où le spectateur va tressaillir, propose une habile caricature d’une jeunesse pleinement imprégnée du rêve Américain. L’humour noir s’immisce pleinement dans un film qui détourne les codes du genres, tout en offrant de jolis climax. Il est même possible d’enchaîner avec les suites, globalement similaires en terme de qualité.

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Scream, de Wes Craven (1996)

Only lovers left alive de Jim Jarmusch (2013)

Difficile de le classer dans cette catégorie tant le film déploie davantage une longue mélodie poétique qu’un réel film d’épouvante. Les frissons se font rares mais l’intérêt est ailleurs : en s’appropriant la thématique du vampire, Jarmusch se penche sur un pan entier de la culture et questionne la figure moderne du buveur de sang au travers un triptyque original. Le couple d’une part questionne la lassitude imposée par la vie éternelle et un confinement imposé par l’incapacité du vampire à vivre avec la lumière. Enfin, la jeune sœur venant s’ajouter au duo offre un contrepoint comique et des situations incongrues propres au réalisateur New-Yorkais, qui s’amuse des incohérences de son temps. Conseillé pour ceux qui aiment se laisser bercer par le lyrisme contemplatif du metteur en scène.

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Only lovers left alive, de Jim Jarmusch (2013)

Quelques autres perles récentes et divertissantes:

The Visit (2015) et Split (2016) de M.Night Syamalan

Conjuring : les dossiers Warren (2013) de James Wann.

The witch (2015) de Robert Eggers

Get Out (2017) et Us (2019) de Jordan Peele.

Pour frissonner en compagnie des plus jeunes

Gremlins de Joe Dante (1984)

Le confinement peut aussi être l’occasion de faire découvrir aux plus jeunes le cinéma d’épouvante. Si l’histoire de Gizmo leur est inconnue, il convient de visionner ce film unique où des créatures se déchaînent dans une ville et suscitent la panique. Rythmé et parfaitement construit, le film fait figure de conte atemporel où se mêlent parfaitement horreur, humour et poésie. Qui d’autre que Gizmo et son sourire pour susciter le réconfort ?

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Gremlins, de Joe Dante (1984)

Sleepy Hollow de Tim Burton (1999)

Si Sleepy Hollow centralise toute les obsessions Burtoniennes, il est aussi possible de passer par d’autres films du metteur en scène pour cerner les contours d’un univers atypique devenu culte. Seulement, la légende du cavalier sans tête peut insuffler dans les salons de grands moments épiques et poétiques. Pour les collégiens, c’est aussi une entrée parfaite pour découvrir les caractéristiques du registre fantastique et se plonger dans la mythologie qu’a forgé Burton. Sombre et poisseux, influencé par Poe et les contes Européens, le film déploie un schéma actanciel rythmé et saisissant. Johnny Depp est parfait en scientifique cherchant à expliquer rationnellement les mystérieux meurtres qui entourent un village médiéval. Les décors à eux-seuls permettent d’explorer de nouveaux horizons et transportent loin de la monotonie que peut causer le confinement.

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Sleepy Hollow, de Tim Burton (1999)

Christine de John Carpenter (1983)

Quoi de mieux qu’un bolide sérial-killer pour alimenter nos journées ? En racontant comment progressivement une voiture se mue en tueuse, Carpenter offre une histoire déjantée où le suspens se déploie jusque dans les derniers instants, avec un final insoutenable. Rythmé par des classiques du rock des années 80, (l’introduction avec ZZ Top fait encore date) le film a créé des archétypes représentatifs du genre : du jeune homme en manque de confiance aux lycéens Américains racoleurs et prétentieux se faisant logiquement décimer, le scénario enchaîne les séquences cultes, souvent drôles et riches en rebondissement. Extrêmement ludique et même à voir en famille, plutôt avec des adolescents.

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Christine, de John Carpenter (1983)

Emeric Lavoine

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