A coups de vomi et de caca, l’univers Pattaya peine à donner un efficace tournant à la saga Taxi. Le cinquième volet, qui se veut burlesque sans parvenir à être vraiment drôle, ne parvient pas à s’émanciper de l’ombre des absents, Samy Naceri et Frédéric Diefenthal.
On le pensait rouillé au fin fond d’un garage. Les pneus du taxi marseillais sont pourtant regonflés et sa carrosserie dépoussiérée, 11 ans après le quatrième volet. Un épisode qui avait eu l’étiquette de celui « de trop », dans une saga déjà pas vraiment fameuse mais qui, grâce à son esprit, avait très largement trouvé son public. A l’annonce d’un TAXI 5, il y avait de quoi être refroidi sans Samy « Daniel » Naceri et Frédéric « Emilien » Diefenthal au casting. Mais après tout… pourquoi pas. Le pitch ? Un flic parisien nouvellement muté à Marseille (l’auteur des Kaïra et de Pattaya, Franck Gastambide, également réalisateur), souhaite mettre sous les verrous un gang d’italiens roulant en Ferrari. Pour cela, il lui faut une voiture qui va vite, très vite… un taxi blanc, que le petit-neveu de Daniel (Malik Bentalha), a retrouvé.
De cette base naît TAXI 5, sorte de crossover Taxi-Pattaya, aux airs de beau packaging commercial destiné à renflouer les caisses de Luc Besson. C’est un peu comme ce vieux jouet de notre enfance qui serait remis en vente 20 ans plus tard : un plaisir de le retrouver, en comprenant une fois dans les mains que malgré les jolies couches de neuf et les nouveaux gadgets pour faire plaisir aux jeunes, l’authentique reste plus sympa.
Dans cet enchaînement de sketchs poussifs, un peu de fond aurait donné de la plus-value à cette tentative de dépoussiérage. Après 11 ans d’arrêt, la saga qui parlait à la génération Black Blanc Beur de l’ère Chirac aurait eu besoin que l’on creuse le phénomène d’ubérisation (à peine effleuré dans le film) et les changements sociétaux. À la place, TAXI 5 se résume à une poilade de gros gamins fan boy contents d’avoir eu les clés du joujou de tonton pour réaliser un vieux rêve, celui de conduire le taxi et de sortir une bonne dose de répliques qu’une génération entière connait par cœur.

Les références à Daniel et Emilien (sans qu’ils ne soient là !) sont le fil conducteur de TAXI 5, comme si le réalisateur était conscient qu’il y a comme une lacune, un manque, qu’il est compliqué de faire sans eux… Même avec des justifications. D’ailleurs, c’est bien simple, le seul grand plaisir du spectateur se retrouve dans les séquences qui mettent en scène la 407, que l’on a si peu vu en action dans Taxi 4 (C’est une 406 dans les trois premiers volets). Dans les rues chaleureuses de Marseille, ça dérape, ça fonce et ça turbine, moments de rythme et de pétarade qui donnent l’impression d’être dans un vrai film Taxi, où la voiture redevient l’héroïne centrale… Comme au bon vieux temps. Ou presque. Si Franck Gastambide est dans son rôle, le nouveau duo est plombé par Malik Bentalha, un beuglard qui chiale constamment, faisant de l’ombre au personnage plus intéressant de Sabrina Ouazani, trop peu visible. Franck Gastambide laisse donc échapper la possibilité de construire un duo complémentaire et complice, essence même de la saga Taxi. Avec de la fraîcheur so 2018.

Yohann Sed
[button color= »white » size= »normal » alignment= »center » rel= »nofollow » openin= »samewindow » url= »#comments »]Votre avis ?[/button]

• Réalisation :Franck Gastambide
• Scénario :Franck Gastambide, Stéphane Kazandjian, Luc Besson
• Acteurs principaux :Franck Gastambide, Malik Bentalha, Bernard Farcy
• Date de sortie : 11 avril 2018
• Durée :1h42




