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[CRITIQUE] DADDY COOL

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DADDY COOL, second long métrage de Maxime Govare, décrit avec humour et tendresse les tribulations d’un couple moderne.

Il ne faut pas se fier à l’aspect faussement potache de DADDY COOL et à ses seules blagues faciles de pipi-caca-dodo faites autour d’un grand dadais qui ouvre une crèche dans son appartement. C’est certes une comédie, avec les codes du genre et des personnages qui affrontent des situations originales, propices au rire. Mais à la différence des comédies affligeantes actuelles, DADDY COOL rejoint quelques films récents, en passe de former le clan des comédies intelligentes.

Car elles proposent un fond de réflexion et de questionnements, parfois intimes, au-delà du rire ou peut-être grâce à lui. On pense notamment à Baby Phone de Olivier Casas, qui traitait de la façon dont évolue l’amitié dans le temps, à Marie-Francine de Valérie Lemercier qui abordait le retour des enfants chez leurs parents pour des raisons économiques ou encore Cherchez la femme de Sou Abadi qui se moquait de la radicalisation de l’islam. Quant à lui, DADDY COOL décortique habilement la relation de couple et l’évolution des désirs et centres d’intérêt de chacun, et notamment celui de vouloir un enfant ensemble.Photo du film DADDY COOLOn a rencontré le réalisateur Maxime Govare avec Laurence Arné / Maude et Jean-François Cayrey / Emmanuel lors de la présentation du film à Bordeaux. Pour lui « si le sujet de comédie c’est bien de voir comment Adrien / Vincent Elbaz garde les enfants, le vrai sujet, c’est de montrer qu’il n’y a pas de choix plus engageant dans la vie que de savoir avec qui on fait des enfants et comment on les éduque”.

Le réalisateur a bien peaufiné et nuancé les deux personnages adultes, qu’il a su rendre attachants, provoquant une empathie certaine et équilibrée envers les deux. Le spectateur ne prend en effet partie ni pour l’un ni pour l’autre, se glissant habilement dans la peau des deux à la fois, tantôt Maude, tantôt Adrien.

DADDY COOL réussit par touches subtiles à faire en sorte que le spectateur reconnaisse dans les traits de caractère et les propos de chacun un peu de sa propre vie. Il ressort que ces deux-là ne sont plus sur la même longueur d’ondes, et que ce qui les a fait s’aimer dix ans auparavant, les éloigne aujourd’hui. Car oui, la vie et ses obligations changent les êtres et favorisent l’érosion du couple. Couple qui, selon Laurence Arné, est “résolument moderne et représentatif de cette génération qui se dit des choses dures”. Maxime Govare décrit parfaitement ce point de rupture qui fait que, comme dans la vie, “il y toujours un moment où les personnages ont envie de quelque chose mais ont besoin d’autre chose”.

« Une comédie délicieusement drôle, embellie par une musique punchy, qui donne envie de se reconnecter à soi-même, mais aussi de danser, de lire des bandes dessinées et, pourquoi pas, de faire des enfants ! »

Maude est ainsi devenue une dessinatrice reconnue, qui fait bouillir la marmite. Elle n’a plus le temps de s’amuser et a d’autres aspirations, dont le désir de maternité lié à la fameuse horloge biologique. L’actrice a d’ailleurs apprécié ”la richesse et l’énergie de son rôle, avec un vrai parcours psychologique, qui la montre tantôt très énervée, tantôt dans de grands moments de comédie”. Quant à Adrien, il est resté le même, authentique et fidèle à son âme de rockeur et de glandeur, refusant de grandir. Le réalisateur l’a souhaité « anticonformiste plutôt qu’adolescent régressif » et Vincent Elbaz, à qui on avait d’ailleurs écrit il y a quelques mois une Lettre à Vincent Elbaz, est parfait dans ce rôle écrit pour lui. La présence au casting d’autres acteurs donne également de savoureux moments d’échanges. Ainsi Bernard Le Coq en oncle malicieux de Maude ou Jean-François Cayrey d’ordinaire plus exubérant, en ami antithèse d’Adrien.

Si le début DADDY COOL ressemble à Sous le même toit, le film en évite heureusement tous les poncifs. Maude se met très vite en couple avec le parfait Renaud (Grégory Fitoussi, lui aussi à contre emploi) que le réalisateur imaginait “en sosie de Vincent, propre, très respectueux des règles , mais du coup très ennuyeux”. Les deux hommes cohabitent à peu près, jusqu’à ce qu’Adrien, toujours à cours d’argent, décide de monter cette crèche à domicile, propice à ces fameux gags. Il accueille cinq petits loustics (petits acteurs très attendrissants), dont ses deux neveux, mais n’a évidemment rien de l’éducateur parfait. Il fume comme un pompier, les traite comme de petits adultes, leur fait manger n’importe quoi et n’importe quand… Ce travail va peu à peu l’épanouir et lui faire découvrir une capacité inattendue à apprécier les enfants, bref à devenir adulte en charge d’âmes.Photo du film DADDY COOLÉvidemment, cette transformation ne laissera pas Maude insensible, puisque le voir évoluer en Daddy Cool (on aura compris que la musique de Boney M est à l’origine du titre du film) lui redonne même l’inspiration que la routine et les désillusions lui avaient fait perdre. Car DADDY COOL est aussi un film qui aborde l’art, en particulier le dessin et le travail des artistes. Les scènes du film sont agrémentées des jolies planches dessinées par Maude – le réalisateur a fait appel à l’illustratrice Audrey Bussi, qui a beaucoup dessiné sur le plateau de tournage. Le parallèle entre la vie de Maude avec celle de son héroïne est intéressant et rappelle celui que vivait le dessinateur de People, Places, Things, interprété par Jemaine Clement. Son propre double, dessiné par le graphiste américain Gray Williams, évoluait lui aussi au même rythme que son créateur. Autocentrée, Maude se renouvellera dans son art comme dans sa propre vie et ouvrira son regard sur d’autres muses.

DADDY COOL est donc une comédie délicieusement drôle, embellie par une musique punchy, qui donne envie de se reconnecter à soi-même, mais aussi de danser, de lire des bandes dessinées et, pourquoi pas, de faire des enfants!

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Daddy Cool
Réalisation : Maxime Govare
Scénario : Maxime Govare
Acteurs principaux : Vincent Elbaz, Laurence Arné, Jean-François Cayrey, Grégory Fitoussi
Date de sortie : 1er novembre 2017
Durée : 1h37min
3.5
Réjouissant

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