Avant le début de la compétition 2024 du Festival de Cannes, les équipes du Blog du Cinéma vous partagent pendant une semaine leurs meilleurs souvenirs des précédentes éditions.
Quel spectacle nous offrira ce Cannes 2024 ? Les paris sont ouverts, mais Cannes, au fond ne
saurait être autre que le miroir parfait des histoires qu’il raconte, tantôt mascarades et simulacres, tantôt, l’anatomie d’une grandeur éternelle. Bon festival !
Cannes, 77ème édition, où le plus grand rendez-vous de l’industrie du cinéma depuis soixante-dix sept années. Cannes, carrefour mondial de l’industrie, de l’économie, de l’art, et du glamour… Cannes et sa croisette, Cannes et ces stars, Cannes, son tapis rouge et son palais du festival où la respiration de ceux qui foulent ses marches se consume derrière les poitrines serrées où l’espoir et la consécration n’ont jamais flirté d’aussi près. Cannes c’est comme un organe vivant, un rendez-vous de Cinéma qui soigne depuis presque quatre-vingt décennies sa mise en scène, sa lumière, ses héros et son dénouement.
Cannes, il y a ceux qui le vivent, et ceux qui le regardent ou plutôt, souvent, le scrutent. Alors du côté des observateurs il arrive que Cannes divise, ses grilles de lecture sont multiples et donnent lieu d’une année à l’autre à des sentiments inégaux.
Et oui, Cannes, ça peut être le ballet à peine dissimulé de l’entre-soi du cinéma et de ces « famille» qui se reproduisent, ou même « consanguinent », à l’instar du non moins prometteur mais tout de même un peu vert SIMPLE COMME SYLVAIN de Monia Chokri qui livre en 2023 une copie (certains diront hommage ou inspiration) un peu tiède du cinéma de Xavier Dolan. Elle a été sa comédienne sur les très cannois LES AMOURS IMAGINAIRES et LAURENCE ANYWAYS, et propose un film dans leur directe lignée. On retrouve la même troupe d’acteurs, on devine la bande d’amis mais aussi (trop) les gimmicks et marqueurs Dolanniens. Bref, bien que cette réalisatrice ait du talent- elle nous avait réjouis avec son premier long métrage LA FEMME DE MON FRÈRE en 2019, bien plus pétillant et personnel- SIMPLE COMME SYLVAIN semble avoir été écrit et réalisé pour un Cannes endeuillé de son fils prodige maintenant retiré qui par mélancolie et amitié aurait sélectionné un film « de la famille » jouant mimétisme. Cannes, c’est parfois un festival corporate et l’ennui c’est quand il ne s’en cache même plus.
Nota Bene, Monia Chokri remportera plus tard le César du meilleur film étranger face à Christopher Nolan pour OPPENHEIMER…Bon.
Mais Cannes c’est aussi des fulgurances, des premières fois, des destins qui s’écrivent et des chefs d’œuvres qui se panthéonisent. En 2013, Cannes couronne Abdellatif Kechiche de la palme d’or pour LA VIE D’ADÈLE, et même si aujourd’hui le film relativement polémique sur ses conditions de tournage ne pourrait probablement plus se faire, il révèle une actrice qui en un seul rôle marquera son temps, Adéle Exachopoulos. Adèle y joue Adèle. Un visage angélique à la voix rauque, un phrasé qui conjure une sensualité puissante, cette inconnue issue d’un casting sauvage et qui fait sa toute première expérience au cinéma devient en un seul film une icône. Alors qu’en 2013 son nom est presque imprononçable à la première lecture, dix ans après il est sur toutes les lèvres. Adèle Exarchopoulos a explosé et fait des dizaines de films dans tous les registres depuis ce Cannes qui l’a consacré et même si Adèle (Exarchopoulos) voudrait faire oublier Adèle de LA VIE D’ADÈLE, ce personnage homonyme reste à ce jour son plus grand rôle et continue de lui offrir une aura dont elle jouit encore et probablement pour toujours. Amen.
Sarah