THUNDERBOLTS*, où va le MCU ? – Critique

Photo du film THUNDERBOLTS*
Crédits : Marvel
SIMON: Alléluia ! Thunderbolts n'est pas la daube ridicule attendue, mais un film d'action bien tenu et attachant. Comme quoi, même une franchise aussi gangrénée par les objectifs financiers peut pondre une histoire touchante avec des personnages autrefois malmenés et même parvenir à retravailler un sens de l'humour souvent insupportable pour coller au film. C'en est même presque émouvant.
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3.5

Depuis la fin de la saga de l’infini avec Avengers : Endgame (Anthony et Joe Russo, 2019), l’univers cinématographique Marvel (MCU) peine à retrouver une ligne directrice qui fédère. Dépourvu de ses piliers historiques, le studio s’efforce de convaincre que l’aventure continue, au-delà de Tony Stark et de Steve Rogers.

La Phase 4 a tenté de proposer une nouvelle dynamique, mais avec un accueil mitigé. Si les séries WandaVision, Loki ou Moon Knight ont été saluées pour leur originalité ou leur audace formelle, les longs-métrages associés — Black Widow, Thor : Love and Thunder, Black Panther : Wakanda Forever — ont souvent déçu le public cible. Entre enjeux flous, humour mal dosé et effets numériques omniprésents, l’univers semblait en perte de vitesse. La Phase 5, censée redonner de la cohérence, s’est immédiatement enrayée avec Ant-Man et la guêpe : Quantumania (Peyton Reed, 2023), miné par la condamnation judiciaire de Jonathan Majors, pourtant désigné comme le prochain grand antagoniste de la saga.  

Marvel est donc contraint de revoir ses plans à la volée : THUNDERBOLTS* hérite malgré lui de la mission de stabiliser un édifice bancal, et c’est plutôt réussi.

Une formule éprouvée, mais pas périmée

Sur le papier, THUNDERBOLTS* ne brille pas par son originalité. Une équipe d’anti-héros aux tempéraments opposés, forcés de collaborer sous la houlette d’un gouvernement douteux : on a déjà vu ça, de The Dirty Dozen (Robert Aldrich, 1967) à Suicide Squad (David Ayer, 2016). Mais ce canevas classique n’est pas un défaut en soi — encore faut-il savoir quoi en faire.

Ce que propose Jake Schreier (Robot & Frank, 2012) ici est une expérience presque nostalgique, car il parvient à raviver l’esprit des blockbusters super-héroïques des années 2000, avant l’hégémonie du MCU. On pense aux Spider-Man de Sam Raimi, voire aux Batman de Christopher Nolan dans une moindre mesure : des œuvres qui misaient sur un équilibre entre action, émotions et mise en scène cohérente, sans chercher à créer une encyclopédie interconnectée. THUNDERBOLTS* rejette les figures imposées des dernières productions Marvel — l’humour méta à saturation, le déluge numérique — pour renouer avec une forme de sobriété narrative.

En cela, THUNDERBOLTS* marque une rupture bienvenue avec l’accumulation de sous-intrigues, de personnages annexes et d’arcs laissés en suspens qui a souvent alourdi les phases précédentes. Plutôt qu’une logique « multivers », le film retrouve un plaisir plus simple : suivre une seule histoire, linéaire, avec un début, un milieu et une fin.

Une simplification stratégique

Certains verront peut-être dans THUNDERBOLTS* un retour en arrière. C’est vrai — mais c’est un recul calculé. Là où d’autres films Marvel s’égaraient dans la complexité celui-ci revient à une structure resserrée, au service d’un film qui assume de n’être « que » divertissant.

L’humour, devenu parasite dans les dernière productions Marvel, est ici mieux dosé : moins méta, plus ancré dans les caractères, avec une vraie dynamique de groupe qui repose sur les désaccords, les méfiances, les décalages de ton. 

Florence Pugh, solide comme toujours, incarne l’un des mobiles émotionnels du film. Son duo avec Lewis Pullman fonctionne très bien : leurs scènes apportent une densité dramatique bienvenue, sans tomber dans la grandiloquence.

En fin de compte, THUNDERBOLTS* fonctionne comme une réponse simple mais efficace à la surenchère ambiante. Une sorte de « pas en arrière dans la bonne direction », qui recentre le MCU sur ce qu’il avait progressivement oublié : divertir sans perdre le fil et raconter une histoire sans se croire obligé d’en nourrir dix autres. Certes, le scénario n’évite pas les ressorts attendus — montée en puissance d’un antagoniste redéfini, retournement final — mais il conserve une clarté et une tenue rares dans les productions récentes du studio, et nous rends, nous spectateur, optimistes.

Nathan DALLEAU

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