À l’occasion de la 38e Fête du Cinéma, la rédaction vous conseille quatre films à ne pas rater pendant ces plusieurs jours de folie.
VERS UN AVENIR RADIEUX de Nanni Moretti
Quoi de mieux pour célébrer la Fête du cinéma qu’une déclaration d’amour au 7ème Art ? C’est parfait, il y a ce qu’il vous faut en salles : VERS UN AVENIR RADIEUX, de Nanni Moretti. Le dernier film du cinéaste italien, qui a fait de l’auto-fiction sa signature, se passe pendant le tournage d’un réalisateur exigeant et pessimiste, plein d’idées arrêtées et de principes sur le moindre sujet (y compris le port de pantoufles), d’ailleurs à deux doigts d’être quitté par sa femme à cause de son caractère. Celui-ci cherche à faire un film sur l’arrivée d’un cirque hongrois dans un village sur invitation du Parti communiste italien, en signe d’amitié fraternelle entre les deux peuples, alors que la révolution contre la dictature soviétique éclate en Hongrie.
VERS UN AVENIR RADIEUX est d’une grande richesse en décors, costumes, musiques, couleurs et d’une immense générosité dans les références et propos sur le cinéma. Une œuvre poétique et politique, dont l’humour cynique et décalé offre des dialogues savoureux. Du cinéma qui parle d’amour, mais surtout de cinéma, des débats qu’il procure et des émotions qu’il déchaîne.
Agathe Rosa
INSIDIOUS : THE RED DOOR de Patrick Wilson
Le film d’horreur de la Fête du cinéma sort avec une promotion plutôt discrète en France. On avait quitté la saga créée par James Wan en 2018 avec Insidious, la dernière clé, un quatrième volet certes passable, mais néanmoins sympathique. INSIDIOUS : THE RED DOOR annonce le retour devant et derrière la caméra de Patrick Wilson, héros des deux premiers films. Et si l’on doute avec raison de la qualité de ce nouveau métrage, peut-être bénéficierons-nous au moins d’un spectacle horrifico-nostalgique honorable. Soit l’exact divertissement d’épouvante que l’on attend pour 5 euros la séance, dans le vrombissement rafraîchissant de la climatisation.
Lily Nelson
OMAR LA FRAISE d’Elias Belkeddar
Deux silhouettes se détachent du désert du Sahara. En costumes, la chaleur brûle leurs peaux pas encore tannées par le soleil. Et puis une course poursuite dans Alger, filmée et montée comme un clip des années 2000. Par dessus, Ya Zina cultissisme chanson arabe des soirées d’été dans lesquelles on se prélasse et on s’enlace au rythme effréné des percussions au bord de la piscine. Cette promesse de passer un moment ailleurs, dans les recoins de la capitale algérienne c’est ce que OMAR LA FRAISE vous propose. Une comédie, un thriller, on ne sait pas trop, mais Kateb, Magimel, des seconds rôles déjantés et la douce odeur du bled, ça oui. Entre La Cité de Dieu et Il Était une fois dans l’Oued, ce film vous emporte avec lui dans la vie de deux gangsters exilés dans le pays des Fennecs ou se jouera maintenant leur avenir. Regarder vers le Maghreb ce n’est pas juste changer d’air, traverser la Méditerranée comme le fait chaque année de milliers de personnes quand arrive l’été. Non, c’est aussi s’imprégner d’une culture qui a influencé la nôtre et dans laquelle on retrouve souvent des références familières.
Le cinéaste Elias Belkeddar met en scène avec humour et violence un exil qui se transforme en voyage initiatique à la fois profond et surréaliste dans un pays qu’Omar et Roger (Kateb et Magimel) ne connaissent pas. Le jeu exceptionnel des deux rôles principaux et de l’algérienne Meriem Amiar, l’écriture délicieusement grotesque, l’osmose entre technique et artistique, une bande originale inoubliable rendent ce film incontournable pour les amateurs et amatrices d’un cinéma alternatif, de nouvelles comédies d’action ou de thrillers humoristiques a vous de choisir. Une valeur sûre de votre été en un symbole : les Cahiers du cinéma ont mis 1/5 c’est signe que c’est une pépite !
Etienne Cherchour
ASTÉRIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE d’Alain Chabat
Abyssus, abyssum, invocat.
Avé ! Amis cinéphiles, fans d’Alain Chabat, d’Egypte, de bonne comédie, de potion magique ou tout simplement humains. En ce moment vous le savez, il y a un petit événement bien sympathique qui est en train de se dérouler concernant le seul endroit obscur dans lequel on veut se rendre avec des inconnus: le Cinéma. Avec un grand C. Celui qui fait rêver, pleurer, frissonner et bien sûr rigoler. Et vous le savez, à ce niveau-là, une des plus grandes comédies françaises de ces dernières décennies, voire du cinéma tout court, racontait l’histoire d’un égyptien qui devait construire un palais en trois mois pour ne pas finir dans la gueule d’Immondis, Loveandpis ou de Serge (comme le magneau).
14 millions d’entrées, 50 millions de budget, un tournage en 35mm en France, au Maroc et à Malte, un scénariste-réalisateur au sommet et un film devenu culte: ASTÉRIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE ressort au cinéma le 5 Juillet au prix de 5€ ! C’est à dire que, pour les Numérobis d’entre vous qui seraient du genre à faire une porte au plafond, le film sera visible le dernier jour de la Fête du Cinéma mais aussi après, une fois que ladite fiesta sera terminée et où les Amonbofis d’entre vous qui n’auraient pas de carte d’abonnement devrait à nouveau raquer beaucoup trop pour aller voir un film.
Enfin, précisons-le, comme le fait cette merveilleuse bande annonce concoctée par Chabat et son équipe: le film ne ressort pas comme ça comme une fleur au milieu du désert mais en version restaurée 4K avec un son Dolby Atmos à partir d’un travail effectué directement sur la pellicule d’origine elle-même. En ces temps de disette de comédie d’aventure française – ce n’est pas le moyen Jack Mimoun et les Secrets de Val Verde – désolé FloBer; le décevant troisième OSS 117 ou encore moins l’Astérix de Guillaume Canet qui vont redonner ses lettres de noblesse au genre (même Alexandre Astier s’est pas mal râté à ce niveau-là dans son Kaamelott Premier Volet), un des plus grands succès français de tous les temps revient dans un bel écrin pour nous redonner un grand sourire aux lèvres, toujours aussi grand vingt et un ans après sa sortie. Ca aurait de quoi donner envie au lion de s’associer avec le cafard, tiens.
Simon Beauchamps