Il aura suffit d’une scène à DIVERGENTE 3 : AU-DELÀ DU MUR. Une scène révélatrice des faiblesses de la direction artistique de la saga depuis ses débuts au cinéma (on ne se permettra pas de juger les livres de Veronica Roth, dont ces films sont l’adaptation, on ne les a pas lus). Plus précisément les épisodes sous la houlette du réalisateur Robert Schwentke (Divergente 2 et ce dernier opus donc). Car à défaut de réaliser un bon film, son prédécesseur Neil Burger (Limitless) avait entamé Divergente de manière plutôt correcte.
La scène en question, arrive logiquement dès le début de ce troisième film. Alors que le régime de Jeanine (Kate Winslet) a été renversé par Evelyn (Naomi Watts), leader des Erudits, il est temps de juger ceux qui y étaient favorables. Un jugement qui prend rapidement des airs d’exécution, et renvoie ce nouveau régime, dont le fonctionnement repose une fois encore sur l’enfermement et le contrôle des habitants, à celui qui le précède (enjeu principal du film). On se serait satisfait pour cette séquence d’une réalisation classique, qui ne fait pas trop de bruit, mais va à l’essentiel. Manqué, ici Robert Schwentke tente des choses. Trop de choses. Rotation à 360° autour d’un futur condamné, mouvements de caméra à la grue pour passer d’un étage (où se tient une foule énervée) au sol (où se déroule le procès) et autres gros plans forcés sur les visages des protagonistes principaux. Histoire de nous rappeler qu’ils sont importants, au cas où l’on aurait dormi durant les épisodes précédents (un choix peut-être pas si bête que cela finalement…). Demeure alors l’impression d’avoir offert un nouveau jouet à un enfant. Sauf qu’en l’occurrence il s’agit d’une caméra, et s’amuser avec en allant dans tous les sens sans y réfléchir devient vite déplaisant.
Passé cela, voilà Tris, Quatre, Caleb, Christina et Peter décidés à fuir (encore !) Chicago pour découvrir le monde qui se trouve derrière le mur qui entoure la ville. DIVERGENTE 3 finit sur la durée par se montrer plus sobre dans sa réalisation. On reste néanmoins tristement marqué par la direction artistique d’ensemble. Notamment dans la mise au centre du film (et du cadre même) du couple formé par Tris et Quatre. Une heure à les voir bras dessus, bras dessous à se faire de gentils câlins (avec juste une légère évocation du sexe pour ne pas risquer de choquer le jeune public visé) ! Constamment collé, le duo en devient trop ennuyeux (il l’était déjà un peu). Il n’est d’ailleurs pas si surprenant que le film trouve enfin de l’intérêt au moment de leur « séparation ». Leurs avis divergeants, Tris s’éloigne de Quatre pour faire confiance à David, responsable du Bureau du bien-être génétique où se sont réfugiés nos héros. On avouera au passage ne jamais bien comprendre les intentions de ce dernier, ni comment il peut se montrer aussi évident dans ses plans, à chaque fois facilement découverts par Tris et ses compagnons.
On apprécie au moins de DIVERGENTE 3 qu’il soit plus simple, plus direct et qu’il annonce la fin proche d’une saga qui restera sans intérêt.
Pour le reste, bien que ce nouveau DIVERGENTE s’avère moins pire que le précédent, on notera une série d’effets visuels d’une vraie laideur (car très visibles), et une facilité déconcertante à supprimer et à mettre de côté les personnages secondaires fondus dans le décor. Toujours sympathique grâce à son interprète Miles Teller, Caleb, est peut-être le vrai héros de toute cette saga, parvenant, en dépit de ses multiples trahisons (qui font redites avouons-le) à s’en sortir, révélant là un instinct de survie assez fascinant. On regrette d’ailleurs de ne pas le voir davantage à l’écran. De même pour Christina (Zoë Kravitz), quasi muette durant ses interventions qui se comptent sur les doigts d’une main et servent surtout à combler les trous.
Mais, au-delà tout de même de quelques belles trouvailles – le paysage de désert post apocalyptique, mélange de rouge, jaune et orange tel une peinture, qui offre de beaux plans d’ensemble, ou encore la séquence de la perte de la mémoire (conséquence d’un gaz, dernière trouvaille des méchants pour contrôler le peuple) qui s’avère assez originale -, on apprécie au moins de DIVERGENTE 3 qu’il soit plus simple, plus direct et qu’il annonce la fin proche d’une saga qui restera sans intérêt.
Pierre Siclier