VICTORIA
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VICTORIA, essai confirmé pour Justine Triet – Critique

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Justine Triet a passé un cap. Déjà. Dès le second film. La Bataille de Solferino, son premier essai, était charmant, plein de bonnes intentions mais aussi un peu foutraque. Avec VICTORIA, son cinéma devient plus carré, plus précis, sans jamais perdre sa fougue et son ingéniosité.

Victoria est une femme débordée, avocate et maman, elle tente de concilier ses deux rôles sans jamais trouver le point d’équilibre lui permettant d’accéder au bonheur. Elle a des proches mais eux aussi ne lui simplifient pas la vie : son ex-mari utilise sa vie privée dans sa passion pour l’écriture et un ami (génial Melvil Poupaud) la harcèle pour qu’elle accepte de le défendre devant au tribunal. Puis il faut dire que Victoria fait pas toujours les choses biens, surtout dans son rapport avec les autres. Elle ne peut s’empêcher d’attirer la couverture vers elle, de vampiriser l’instant pour qu’on parle de ses soucis avant ceux des autres. Comme cette hilarante scène face à une cliente qui passe du statut de victime à psychologue. Justine Triet dessine une héroïne désirable qui sait nous agacer. C’est son charme, c’est pour ça qu’on tombe tous presque amoureux d’elle. On aimerait, nous, qu’elle soit épanouie Victoria. Le regard que la réalisatrice pose sur son personnage est superbe, on y ressent presque une obsession almodovarienne dans sa façon de filmer. D’emblée, des similitudes s’établissent entre cette nouvelle héroïne et Laetitia (La Bataille de Solferino) : deux femmes débordées ayant une vie professionnelle les poussant à négliger leurs enfants. Les deux films commencent un peu de la même façon d’ailleurs – les héroïnes doivent gérer un soucis de babysitting. Ce qui ne change pas, soyez en sûrs, c’est l’énergie de la réalisatrice.

Photo du film VICTORIA
Amitié inattendue !

Sous ses airs de Bridget Jones à la française, VICTORIA se révèle dans un premier temps un film comique qui fonctionne vraiment du début à la fin. Procès où l’on convoque des animaux, plans culs foireux à répétitions et plaidoirie sous drogue sont un échantillon des situations cocasses parcourant le film. Mais le drame n’est jamais loin. Si Victoria peine à trouver un équilibre dans sa vie, Justine Triet y arrive dans son film en passant en un claquement de doigt au drame. Tout est dosé avec brio, la vie de Victoria n’est donc jamais toute noire ni tout blanche. Plutôt dans un entre-deux. Entre le « ça pourrait être pire » et le « ça pourrait être mieux ». Ce malaise qui l’habite, ses questions profondes sur ses choix de vie, le long-métrage décide de ne pas les traiter en mono-ton mais vient toujours contrebalancer avec humour. Lorsqu’elle subit un gros burn-out, le film ne s’enfonce pas rigidement dans le drame mais nous récupère par le rire. Ce qui n’empêche pas d’être touchés. Et c’est là toute la grâce du film.

VICTORIA ne s’enfonce jamais rigidement dans le drame, mais nous récupère toujours par le rire.

On peut jeter des fleurs à la magnifique Virginie Efira, qui trouve ici ce qui ressemble à son meilleur rôle, n’omettons pas le reste du casting l’accompagnant, dont un Vincent Lacoste ne cessant plus de gagner de l’épaisseur de jeu. La mise en scène de Justine Triet prend par la même occasion du poids, elle devient plus ample, excluant la caméra à l’épaule de son premier essai (les deux films forment clairement un diptyque sur la galère d’être mère travailleuse quadragénaire) pour y déployer une réalisation posée, découpée. A l’inverse de l’héroïne, toujours dans la débrouille, dans la réaction à une merde dans laquelle elle s’est fourrée comme une grande. Le charme du film est là de toute façon, dans cette vie de galères entre rendez-vous chez le psychologue et la voyante. A la fin du film, Victoria avoue quelque chose à Sam (Vincent Lacoste) et ce dernier lui demande pourquoi elle ne lui a pas dit bien plus tôt. Sa réponse : « je ne sais pas ». Une réponse qui s’adapterait à toutes les questions que l’on pourrait lui poser sur ses choix de vies. Il est simple de déceler sous cette irrésistible comédie l’influence du cinéma américain (on pense à Crazy Amy, dernièrement). Si les faits démontrent que le cinéma comique français n’arrive que très rarement à digérer et adapter la recette américaine, VICTORIA y arrive formidablement bien.

Maxime Bedini

VICTORIA
• Sortie : 14 septembre 2016
• Réalisation : Justine Triet
• Acteurs principaux : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud
• Durée : 1h37min
Note des lecteurs17 Notes
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albéric
albéric
Invité.e
29 septembre 2016 22 h 45 min

Je sors du cinéma.. je suis déçu.. je pensais que les telefilms étaient pour la tv !;-)

fatizo
fatizo
Invité.e
16 septembre 2016 9 h 38 min

Je suis effaré de lire autant de critiques dithyrambiques pour ce film.
On se demande bien pourquoi.
D’ailleurs le public n’est pas dupe. Au contraire de beaucoup de films, et encore plus en ce qui concerne les comédies, les notes du public sont beaucoup moins bonnes que celles de la presse.
A noter quelques rires dans la salle de temps en temps,et étrangement seulement féminin.

Georgeslechameau
Georgeslechameau
Membre
Répondre à  fatizo
16 septembre 2016 10 h 03 min

Nous encensons certes le film, mais sans pour autant utiliser les mêmes arguments que « la critique ».
Vous qui suivez assidûment notre site, vous savez à quel point nous exprimons dans l’équipe, des ressentis différents vis à vis des films en fonction de nos bagages émotionnels, culturels, etc. Ne nous assimilez pas à une masse sans discernement car nos textes sont toujours sincères et personnels; acceptez notre avis exactement pour ce qu’il est, de même que nous apprécions toujours le votre, pour les mêmes exactes raisons.

fatizo
fatizo
Invité.e
Répondre à  Georgeslechameau
17 septembre 2016 0 h 31 min

Désolé de donner mon avis.
Faut-il lire votre blog sans laisser de commentaires?
La semaine dernière j’ai beaucoup aimé, voir plus, Frantz et « Comancheria », et je le dis (il est tout de même assez effarent de voir certains médias mettre des moins bonnes notes à ces 2 films qu’à cette comédie pas très drôle, et au scénario bancal), mais comme cela va dans le sens des articles, vous ne relevez pas.
Aujourd’hui je trouve cette comédie médiocre bien trop surcotée un peu partout,et je le dis. Mais là ça ne vous plait plus.
Pourquoi vous sentez vous viser dès que l’on parle de critique alors que je les mets au pluriel.

Georgeslechameau
Georgeslechameau
Membre
Répondre à  fatizo
17 septembre 2016 0 h 55 min

Je suis désolé que vous ayez trouvé cette réponse agressive, ce n’était pas mon but. Au contraire, nous apprécions vos commentaires – auxquels nous répondons systématiquement d’ailleurs, contrairement à ce que vous dites. Cela dit, oui, votre premier post a touché une corde sensible… D’où réaction

fatizo
fatizo
Invité.e
Répondre à  Georgeslechameau
17 septembre 2016 9 h 06 min

Désolé mais avec les autres membres de ce blog j’ai toujours des échanges fort courtois.
Vous c’est la seconde fois (oui j’ai bonne memoire)que vous venez avec un commentaire agressif parce que je ne suis pas de l’avis de l’auteur de l’article.
Qui est susceptible?
Désolé mais ce n’est pas avec des réponses de ce genre que vous allez encourager les gens à laisser des commentaires.
Demandez autour de vous pour savoir si vos réponses sont agressives ou pas et vous aurez déjà fait une partie du travail.

Georgeslechameau
Georgeslechameau
Membre
Répondre à  fatizo
17 septembre 2016 9 h 35 min

Ah non non mais j’assume totalement être susceptible, je précise juste que mon premier commentaire (ni mon deuxième, ni celui-ci) n’avait pas pour but d’être agressif. Mais ok, je comprends qu’il vous ait également vexé, et en suis désolé.

Alex
Alex
Invité.e
Répondre à  fatizo
27 septembre 2016 8 h 29 min

Bonjour
Vous decrivez exacrement ce que j ai ressenti en voyant ce film.
J ai trouve l actrice principale que je ne connaissais parfaitement plate et inexpressive sauf vers la fin
J ai bien aime le jeu d acteur de Sam.
Le scenario me parait leger voire incoherent.
Bref un film qui ne me marquera pas
Cordialement

albéric
albéric
Invité.e
Répondre à  fatizo
29 septembre 2016 22 h 46 min

Bonne analyse!

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