Le genre francophone a le vent en poupe et porte actuellement de nombreux espoirs. Avec LE CALENDRIER, production franco-belge, on espérait un divertissement horrifique enthousiasmant. On en ressort bien tristement déçus.
Patrick Ridremont n’est pas un mauvais cinéaste. Il a montré plusieurs fois être capable du meilleur, notamment dans Dead man talking en 2012 ou dans La Station en 2017. Et il offre un joli échantillon de ses capacités de mise en scène dans LE CALENDRIER. Les quelques belles trouvailles se focalisent d’ailleurs sur le fauteuil roulant de son héroïne, tétraplégique. Voilà. C’est à peu près tout ce qui sauve ce métrage du ratage complet et l’épargne d’une fiche sur Nanarland. Du reste, il s’agit d’un film d’horreur fade, sans aucun enjeu, que l’on oublie aussitôt consommé.
Pourtant, ça promettait au moins d’être distrayant. Sur le papier, on aurait pu croire à un train fantôme high concept à l’américaine. À la manière d’un Happy Birthdead, Action ou vérité, voire même La Fiancée de Chucky. Un pitch what the fuck qui tient en deux lignes et étiré sur plus d’une heure. Pour se divertir honnêtement sans crier au génie non plus. Car il faut bien avouer que l’idée d’un calendrier de l’Avent hanté prête plus à sourire qu’à frissonner de terreur. Or, le film se prend bien trop au sérieux. Ou ne parvient jamais à nous faire saisir son ironie. Et en cela réside son principal problème.
Le développement des personnages pèche notamment par trop de superficialité. Jamais aucun ne nous paraît attachant. Tous relèvent de la caricature la plus bête et crasse. La copine nympho, le vilain patron pas beau, la blonde du bureau… Même l’héroïne n’est caractérisée que par son fauteuil et par son aigreur. Qu’elle s’en sorte ou non, peu nous importe. Qu’elle se remette à marcher ne nous apporte aucune satisfaction non plus, puisque le miracle est filmé comme un non-événement. De même que les cadavres qui s’accumulent autour d’elle ne nous inspirent qu’indifférence.
Par ailleurs, toutes les fulgurances de mise en scène sont gâchées par les incursions fantastiques. Le monstre enfermé dans le calendrier de l’Avent n’est ni effrayant, ni crédible. D’un visuel daté emprunté au folklore germanique, – déjà vu et revu cent fois depuis l’épisode Hush de Buffy contre les vampires – il s’accompagne d’effets visuels tout aussi bon marché. En particulier, lors de l’assassinat du love interest de l’héroïne, à la frontière du ridicule. D’autant plus décevant qu’il s’agit là du climax du film. La plupart des autres exécutions se déroulent en effet hors champ, sans aucune tension palpable.
Enfin, dans son dernier quart, LE CALENDRIER nous dévoile toute l’aberration de son scénario. On découvre effectivement que l’ensemble des péripéties n’aura, en réalité, aucun impact sur la réalité des protagonistes. C’en est presque malhonnête. D’autant que le film s’est évertué à nous convaincre que les personnages concernés n’avaient récolté que ce qu’ils méritaient. LE CALENDRIER se révèle dès lors aussi futile que son final. Il ne témoigne d’aucun talent, ni d’aucun amour pour l’épouvante. Ne fait qu’exploiter des clichés de ce qu’il croit être caractéristique d’un film d’horreur… Bien triste dans cette francophonie du genre, où naissent parfois des trésors. Voire, pour rappel, une Palme d’Or.
Lily Nelson
• Réalisation : Patrick Ridremont
• Scénario : Patrick Ridremont
• Acteurs principaux : Eugénie Derouand, Honorine Magnier, Clément Olivieri
• Date de sortie : 1er décembre 2021
• Durée : 1h44min