laisse moi entrer let me in 06 10 2010 12 g - Cinéma fantastique : 10 remakes réussis
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Cinéma fantastique : 10 remakes réussis

À chaque fois qu’un remake est annoncé dans les médias, il se produit le même phénomène déplorable dans l’esprit de ses potentiels spectateurs : on redoute tant que ce nouveau projet trahisse l’état d’esprit et les qualités artistiques du film original, qu’on en vient à espérer qu’il ne sera qu’une pâle copie inoffensive, et refrénera ses velléités de se montrer novateur et audacieux. Il y a un malaise, non ? C’est vrai que ces dix dernières années les remakes des classiques du cinéma fantastique ont généralement agacé ou déprimé le public par leur incapacité à se montrer à la hauteur de leurs modèles. Pourtant The Thing de Carpenter, La Mouche de Cronenberg ou encore La Colline a des yeux d’Aja ont prouvé qu’il n’était pas impossible de raconter une histoire déjà connue en l’enrichissant de nouvelles idées et de nouvelles images iconiques. Voici donc une liste de 10 remakes qui ont su trouver l’équilibre entre fidélité au film d’origine et propositions nouvelles.

LE SURVIVANT

Sorti en 1971, réalisé par Boris Sagal, avec Charlton Heston, Anthony Zerbe et Rosalind Cash
Dans un futur proche. La surface de la Terre a été ravagée par les guerres biologiques. Robert Neville, un ancien scientifique, est le dernier des hommes face aux hordes de mutants qui rôdent la nuit dans les rues désertes.
Remake de Je suis une légende d’Ubaldo Ragona et Sidney Salkow ; Le Survivant est de fait une nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson, précurseur du mythe du zombie tel qu’on le conçoit aujourd’hui. Cependant Boris Sagal prend des libertés avec l’œuvre d’origine afin de garantir à Charlton Heston un rôle de messie défendant les valeurs de l’empire américain avec un flingue dans chaque main. Malgré cette réécriture testostéronée et réactionnaire du dernier humain face aux zombies, le film regorge de scènes mémorables participant à la peinture d’un monde en perdition. Et contrairement à la version de Ragona et Salkow, les adversaires du survivant sont vraiment menaçants et on comprend le fonctionnement de leur société alternative.

L’INVASION DES PROFANATEURS

Sorti en 1978, réalisé par Philip Kaufman, avec Donald Sutherland, Brooke Adams et Jeff Goldblum
Elizabeth s’aperçoit un jour du comportement étrange de son ami. Puis, peu à peu, d’autres personnes se transforment ainsi bizarrement. Pendant leur sommeil, une plante fabrique leur double parfait, tandis que l’original disparaît.
Remake de L’Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel, le film de Philip Kaufman reprend le concept angoissant du roman de Jack Finney. Délire paranoïaque sur l’identité et le simulacre, le récit de l’invasion en question possède un tel potentiel capable de traverser les époques, qu’elle a déjà connu quatre versions (et un nombre incalculable d’ersatz). La version de Kaufman se distingue de celle de Siegel en déplaçant l’intrigue d’une bourgade inconnue à la ville de San Francisco, rendant l’état de panique plus spectaculaire et l’horreur de la menace paradoxalement plus indicible, reflétant avec pertinence le climat délétère des seventies.

LA FÉLINE

Sorti en 1982, réalisé par Paul Schrader, avec Nastassja Kinski, Malcolm McDowell et John Heard
Irena retrouve son frère Paul à la Nouvelle-Orléans. Dans les jours qui suivent, une mystérieuse panthère tue une prostituée. L’animal se révèle avoir d’étranges liens avec Paul et Irena.
Au début des années 1980, le scénariste Paul Schrader bénéficie d’une aura prestigieuse grâce à ses scripts de Taxi Driver et Raging Bull. S’il passe à la réalisation pour reprendre le concept de Cat People de Jacques Tourneur, on ne peut pas vraiment considérer La Féline comme un remake direct de son modèle d’origine. Schrader s’est réapproprié l’idée de la métamorphose féline en déplaçant l’intrigue dans le décor mystique du quartier français de la Nouvelle-Orléans. Prenant le contre-pied total du traitement de Jacques Tourneur tout en jeux d’ombres et en suggestion, Schrader propose un fantastique plus frontal, aux manifestations plus graphiques, apportant une vision plus sexuée et plus exaltée de son histoire.

LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS

Sorti en 1986, réalisé par Frank Oz, avec Rick Moranis, Ellen Greene et Steve Martin
Le jeune Seymour, employé d’un minable fleuriste, est propriétaire d’une mystérieuse plante qu’il a baptisé Audrey 2, par amour pour Audrey, sa jolie collègue de travail. Mais la plante se nourrit de sang humain, parlant pour réclamer sa nourriture et grandissant de façon inquiétante.
Remake du film de 1960 réalisé par Roger Corman, la comédie noire de Frank Oz a su profiter de ses moyens techniques conséquents pour surenchérir dans la folie et le fun de son concept d’origine. Voici un exemple de remake bénéficiant d’une plus-value de production, puisque là où Corman devait composer avec un faible budget et deux jours de tournage seulement (un record !), l’artisan Frank Oz, poulain de l’écurie Jim Henson Company propose une comédie musicale haut de gamme, dans des décors somptueux recréant un quartier new-yorkais haut en couleurs. Mention spéciale au design et l’animation de la merveilleuse marionnette Audrey 2, encore impressionnante à l’heure de l’imagerie numérique.

LE VEILLEUR DE NUIT

Sorti en 1997, réalisé par Ole Bornedal, avec Ewan McGregor, Nick Nolte et Patricia Arquette
Martin, étudiant en droit, est embauché comme veilleur de nuit dans une morgue pour arrondir ses fins de mois. Mais un tueur en série adepte de la nécrophilie rode depuis quelque temps en ville, en assassinant des prostituées.
Ole Bornedal, cinéaste danois, débarque aux États-Unis pour réaliser lui-même le remake de son thriller et propose quasiment un copier-coller, à ceci près qu’il bénéficie d’un confort de production lui permettant de signer un film de noble facture. Préservant l’ambiance glauque de l’original en alternant les séquences de tension et les intermèdes qui les désamorcent par le calme ou l’humour, Bornedal met en valeur son scénario par une utilisation judicieuse des lumières et des décors vides, et fait preuve d’une vraie maîtrise dans la direction d’acteurs.

LA MAISON DE L’HORREUR

Sorti en 1999, réalisé par William Malone, avec Geoffrey Rush, Famke Janssen et Taye Diggs
Steven Price, un milliardaire décide d’organiser l’anniversaire de sa femme dans un hôpital psychiatrique désaffecté qu’il compte aménager en parc d’attraction. Mais étrangement, ni Price, ni son épouse ne connaissent les invités qui se présentent à la fête.
Remake de la Nuit de tous les mystères de William Castle, La Maison de l’horreur se justifie par la réactualisation fort-à-propos d’un classique vieux de quarante ans. En fan-boy investi, William Malone respecte l’œuvre de l’artisan Castle en assurant une parenté direct avec l’humour cynique et le dispositif ludique du film original. De la prestation d’un Geoffrey Rush goguenard à la succession de chausse-trappes et de fausses pistes dans l’intrigue, Malone sait parfaitement qu’il doit amuser autant qu’effrayer. Mais le réalisateur ne se contente pas d’une simple transposition en couleurs de l’œuvre d’origine, il fait entrer le scénario dans le XXIe siècle en ajoutant une dimension technologique aux pièges de la maison.
https://www.youtube.com/watch?v=GEcsi4Yo9Kk

UN CRIME DANS LA TETE

Sorti en 2004, réalisé par Jonathan Demme, avec Denzel Washington, Liev Schreiber et Meryl Streep
Raymond Shaw, héros de la guerre du Golfe, est sur le point de devenir le prochain vice-président des États-Unis. Le major Ben Marco, qui fut le commandant de Shaw, n’a aucun souvenir des faits d’armes que le jeune homme s’attribue. Pire, il est hanté par un cauchemar où il se voit tuer deux de ses hommes avec la complicité de Shaw.
Là j’avoue, j’ai pris à son acception la plus large le terme « fantastique » puisque le film original du même nom, réalisé par John Frankenheimer, tient davantage du polar. Mais comme le film de Jonathan Demme, l’original possédait déjà, à défaut d’une dimension surnaturelle, une atmosphère des plus étranges. Cette étrangeté subsiste dans le remake puisque pour retranscrire le délire conspirationniste plus qu’invraisemblable qui hante le personnage principal, le cinéaste choisit paradoxalement un ton sérieux et une réalisation exempte de toute envolée baroque. Avec son casting prestigieux et les coulisses du pouvoir pour décor, Un Crime dans la tête s’inscrit dans la lignée des grands thrillers politiques comme le cinéma américain en a le secret, cette fois agrémenté d’un postulat paranoïaque à vous rendre fou.

LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE

Sorti en 2009, réalisé par Dennis Iliadis, avec Garret Dillahunt, Monica Potter et Tony Goldwyn
La nuit où les Collinwood arrivent à leur maison de vacances au bord d’un lac isolé, leur fille, Mari, et sa copine Paige se font enlever.
Avec l’original en 1972, Wes Craven lançait le genre « rape and revenge » que seuls les spectateurs les plus aguerris pouvaient encaisser. En reprenant fidèlement le scénario de Craven dans le contexte stérile des remakes à la chaîne des années 2000, Dennis Iliadis risquait d’accoucher d’une version affadie de la violence sans concession du premier film. Heureusement Iliadis a réussi à s’imposer face à ses producteurs, pour garantir une œuvre subversive qui ne rentre à aucun moment dans les canons du film d’horreur mainstream. Délaissant le 16 mm granuleux qui donnait son aspect cradoc à l’original, au profit d’une image plus soignée, le réalisateur offre ainsi une atmosphère moins viscérale et plus étrange, où les scènes horrifiques sont contrebalancées par des séquences quasiment poétiques et oniriques, lors desquelles la caméra capture l’esprit juvénile des victimes s’évadant dans les profondeurs de la forêt.

LAISSE-MOI ENTRER

Sorti en 2010, réalisé par Matt Reeves, avec Kodi Smit-McPhee, Chloë Grace Moretz et Richard Jenkins
Abby, une mystérieuse fille de 12 ans, vient d’emménager dans l’appartement à côté de celui où vit Owen. Alors que l’arrivée d’Abby dans le quartier coïncide avec une série de meurtres inexplicables et de disparitions mystérieuses, Owen comprend que l’innocente jeune fille est un vampire.
Remake de Morse, film suédois de Tomas Alfredson sorti deux ans plus tôt, Laisse-moi entrer joue la carte de la fidélité envers l’original. Morse avait séduit les amateurs du fantastique en adoptant le point de vue d’un enfant, contrebalançant l’horreur de certaines scènes avec une poésie mélancolique. Matt Reeves a su saisir l’état d’esprit cafardeux de l’enfance qui planait sur le film d’origine, gardant à peu de détails près son scénario et son ambiance enneigée.  Si certains spectateurs n’ont pas vu l’utilité de ce remake copier-coller, d’autres dont je fais partie, apprécient qu’il ait su ajouter une étincelle de vie à ce récit lent et froid. À noter que la légendaire firme Hammer ressuscite après trente ans d’absence en co-produisant le film.

DREDD

Sorti en 2012, réalisé par Pete Travis, avec Karl Urban, Olivia Thirlby et Lena Headey
Dans un avenir proche, Mega City One est une métropole tentaculaire rongée par le vice. La seule forme d’autorité restante est représentée par les juges, une police urbaine qui cumule toutes les fonctions : flic, juge et bourreau. Dredd, le juge ultime, va se voir assigner une mission dans les environs de la tour de Ma-Ma, baronne de la drogue.
On conclut cette sélection avec non pas un remake direct mais une nouvelle adaptation sur grand écran d’un héros de bande-dessinée, Judge Dredd. Pete Travis s’éloigne du modèle fort contestable du film de Danny Cannon, qui dix-sept ans plus tôt avait trituré le matériau d’origine du comics violent et subversif, pour le faire entrer grossièrement dans les canons du blockbuster. Travis revient aux fondamentaux de la bande-dessinée de John Wagner en présentant clairement Dredd comme un anti-héros peu attachant, et en justifiant cette caractérisation par l’apprêté de son décor urbain futuriste. Dredd est un personnage sans visage et sans état d’âme, qui ne peut être jugé que sur ses actes ; le réalisateur l’a bien compris et le fait ainsi évoluer dans un pur film d’action cantonné dans une tour (Piège de Crystal dans l’univers de Neill Blomkamp, en quelque sorte).

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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