Passé pour mort depuis 1908, Butch Cassidy, le légendaire hors-la-loi, se cache en réalité en Bolivie depuis 20 ans sous le nom de James Blackthorn. Au crépuscule de sa vie, il n’aspire plus qu’à rentrer chez lui pour rencontrer ce fils qu’il n’a jamais connu. Lorsque sur sa route il croise un jeune ingénieur qui vient de braquer la mine dans laquelle il travaillait, Butch Cassidy démarre alors sa dernière chevauchée…
Note de l’Auteur
[rating:8/10]
• Date de sortie : 31 août 2011
• Réalisé par Mateo Gil
• Film français, américain, espagnol, bolivien
• Avec Sam Shepard, Eduardo Noriega, Stephen Rea
• Durée : 1h32min
• Titre original : Blackthorn
• Bande-Annonce :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=kOTq2TAVbWk[/youtube]
Cinéaste espagnol, Mateo Gil a constamment été en collaboration avec Alejandro Amenábar depuis son premier film Tesis. Bien plus scénariste que réalisateur, il a néanmoins passé son temps à essayer d’adapter le roman de Pedro Páramo, qui s’est avéré être ingérable. Entre temps, il est passé deux fois derrière la caméra sans réellement convaincre.Tout cela nous amène à aujourd’hui, plus précisément à la découverte de Blackthorn, un film qui doit avoir muri dans l’esprit de Mateo Gil depuis un certain temps, que ce soit directement ou indirectement. Dans tous les cas, il est un grand film qui fait espérer qu’il n’est pas trop tard pour Mateo Gil pour développer une carrière fructueuse en tant que réalisateur.
En surface, Blackthorn n’apporte rien de nouveau, il ramène l’atmosphère crépusculaire des westerns de Sam Peckinpah, avec comme personnage central une figure emblématique mais usée. L’homme se fait vieux et veut rentrer chez lui, il a économisé assez d’argent pour cela mais il va faire la rencontre de trop et se lance donc bien malgré lui dans une dernière chevauchée. L’aspect le plus original du film, encore une fois seulement à première vue, vient de son cadre. Ce western a lieu dans les paysages arides de la Bolivie, le pays où sont censés avoir été tués Butch Cassidy et le Kid (rappelez-vous de cette somptueuse photographie, dernière scène du film de George Roy Hill). Le film débute à partir de là et s’évertue à nous faire imaginer que Butch Cassidy n’est jamais mort.
Ici, Sam Shepard joue un Butch Cassidy d’une cinquantaine d’années désormais connu sous le nom de James Blackthorn. Sam Shepard apporte la juste mesure entre la sagesse, la mélancolie et la rugosité à son personnage. Sa performance n’est pas sans rappeler, sans aller très loin en arrière, un certain Jeff Bridges dans True Grit. Sam Shepard devrait pouvoir a priori accéder à plusieurs nominations pour ce rôle magistralement interprété mais vu le genre de film dont nous parlons (ces dernières années, niveau récompense, le western n’a jamais vraiment brillé), il n’en aura probablement pas. Du côté du reste du casting, tout va bien dans le meilleur des mondes. Eduardo Noriega a effectué un travail tout à fait honorable pour se maintenir à flot aux côtés d’un Sam Shepard en état de grâce et l’autre personnage relativement étoffé (MacKinley) est interprété avec habileté par Stephen Rea malgré cette impression d’être en permanence sous-exploité.
Cette impression de sous-exploitation se ressent également dans la seule et unique « faille » du film, les flashbacks. La manière dont ils ont été structurés est discutable, du moins pour les premiers d’entre eux. Sauf erreur de ma part, Il y en a six tout au long du film, six nous montrant les jeunes années de Butch Cassidy et de son équipe avec le Sundance Kid et leur amie Etta Place. Les flashbacks ont un réel potentiel émotionnel mais ce potentiel n’est pas exploité à sa juste valeur, si bien que parfois les transitions entre le présent et le passé seront confuses et manqueront de peu un lyrisme qui aurait pu être magnétique.[pullquote]Chaque détail est travaillé avec soin pour nous permettre d’admirer cet ensemble nostalgique d’une époque révolue.[/pullquote]
Blackthorn a quelques autres défauts, principalement sous la forme d’occasions manquées, pour ne pas mentionner une fin quelque peu à désirer, mais ses qualités n’auront aucun mal à les éclipser.
En dehors de personnifications habilement amenées de Sam Shepard (les références sont évidentes), la plupart des dialogues sont mémorable, chaque détail est travaillé avec soin pour nous permettre d’admirer cet ensemble nostalgique d’une époque révolue, époque rendue plus puissante émotionnellement à travers les lettres qu’il écrit à son enfant, ses ballades à cheval dans des tableaux féeriques composés de montagnes et de déserts, ses souvenirs, et sa détermination à rentrer chez lui qu’il annonce de la plus belle des façons, comme tous cowboys se respectant : « il n’y a que deux moments importants dans la vie d’un homme, quand il quitte sa maison et quand vient enfin le moment d’y retourner ».
Sans conteste, Blackthorn rejoindra le panthéon des grands westerns comme l’ont déjà fait avant lui The Proposition, Appaloosa, True Grit ou encore L’Assassinat De Jesse James Par Le Lâche Robert Ford. Les amoureux du genre seront aux anges.