Vu en avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême, qui s’était tenu du 25 au 30 Août, JE SUIS UN SOLDAT est le premier long métrage du réalisateur-scénariste Laurent Larivière, après plusieurs courts-métrages.
On vous prévient, ce film bouleversant nous a touché en plein cœur ! L’histoire que nous raconte Laurent Larivière à travers le parcours de Sandrine/Louise Bourgoin, a suscité en nous une palette d’émotions, telles que Sandrine les traverse dans une solitude extrême, sans partage possible avec sa famille : colère, tristesse, honte, peur. Car dans ce monde de taiseux, on ne se plaint pas, on ne s’exprime pas, on souffre en silence.
On est bien loin de rouler sur l’or dans cette famille courageuse dans laquelle est revenue vivre Sandrine : sa mère Martine/Anne Benoit, sa sœur Audrey/Nina Meurisse et son beau-frère Tony. La joie, éprouvée avec une certaine culpabilité, est parfois présente dans des moments simples : les parties de cartes ou les pique-niques dans le jardin, avec au loin la musique de « Quand revient la nuit » de Johnny Halliday, dont est issu le titre du film.
Henri, le frère de Martine, incarné par Jean-Hugues Anglade, bourru et solitaire, aide sa famille en lui donnant de l’argent, issu le plus souvent de ses trafics de chiots en provenance des pays de l’Est et récupérés à la frontière. L’un des thèmes centraux de JE SUIS UN SOLDAT est en effet le manque d’argent et ce que les hommes sont capables de faire pour en obtenir, au risque de perdre leur âme.
Tout basculera pour Sandrine lorsque Henri lui proposera ce travail difficile dans son chenil – activité légale qui couvre toutes les autres. Il la fera peu à peu participer à son autre business, tout en lui demandant de continuellement faire ses preuves, testant sa confiance. Leur lien de parenté ne le rend pas plus indulgent pour autant, il est même d’une extrême dureté avec elle.
Souvent sur le fil du rasoir et se mettant en danger, Sandrine deviendra bon petit soldat. S’adaptant aux codes de ce monde d’hommes sans compassion, ni humanité, évoluant au milieu d’usines désaffectées et de parkings, vivant de trafics, tuant les chiots trop vieux et ne soignant pas mieux ceux qui survivent. Sa sensibilité et ses espoirs seront mis à rude épreuve et le regard qu’elle portera sur son oncle ne sera plus jamais le même.
Nous ne dévoilerons pas la scène déterminante et poignante du film, point d’orgue de la solitude et de l’impasse dans laquelle va aboutir Sandrine, et son choix impossible entre sa loyauté familiale et la perte de son âme et de son humanité.
« JE SUIS UN SOLDAT est un drame social poignant, qui aborde avec force la relation d’un oncle et de sa nièce au sein d’un monde d’hommes déshumanisés. »
Laurent Larivière, que nous avons eu la chance d’interviewer à Angoûleme, a réalisé pour son premier film un coup de maître. Sa mise en scène au cordeau révèle une montée en puissance du drame social porteur de réflexions qui se joue sous nos yeux. La photographie bleutée, grisâtre, froide renforce tout à la fois l’idée de ce Nord hostile et la froideur de ce monde d’hommes.
La valeur du film tient évidemment beaucoup à l’incarnation des personnages par les acteurs. Louise Bourgoin, dont nous avions entre-aperçu le potentiel dramatique dans La fille de Monaco, confirmé par la suite dans Un Beau Dimanche de Nicole Garcia, est époustouflante de justesse et de vérité. Grâce à son jeu tout en retenu, elle provoque chez nous beaucoup d’empathie… Nous prenons même le pari que Louise Bourgoin, à qui le réalisateur a offert un magnifique rôle, obtiendra un César.
Quant à Jean-Hugues Anglade, on ne l’avait pas vu aussi bon depuis longtemps. Il est bluffant dans son incarnation de l’oncle fourbe bourru et dépourvu d’humanité par la force des choses. La relation qu’il entretient avec Sandrine, nuancée de tensions, de violence et de non-dits, est formidablement retranscrite dans ce film puissant.
Anne Benoit incarne avec émotion cette mère du Nord qui a élevé ses filles seule et travaille dur pour joindre les deux bouts et mention spéciale à Laurent Capelluto, récemment croisé dans Je suis à vous tout de suite toujours décalé mais si juste, incarnant le seul homme bienveillant non encore déshumanisé au sein de ce trafic auquel il participe en tant que vétérinaire délivrant de faux certificats de vaccination.
À lire également, notre interview du réalisateur Laurent Larivière.
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• Titre original :Je suis un soldat• Réalisation : Laurent Larivière
• Scénario : Laurent Larivière, François Decodts
• Acteurs principaux : Louise Bourgoin, Jean-Hugues Anglade, Anne Benoît
• Pays d’origine : France, Belgique
• Sortie : 18 novembre 2015
• Durée : 1h32min
• Distributeur : Le Pacte
• Synopsis : Sandrine, trente ans, est obligée de retourner vivre chez sa mère à Roubaix. Sans emploi, elle accepte de travailler pour son oncle dans un chenil qui s’avère être la plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’est. Elle acquiert rapidement autorité et respect dans ce milieu d’hommes et gagne l’argent qui manque à sa liberté. Mais parfois les bons soldats cessent d’obéir.
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