Andreas est parachuté dans une ville étrange. Il ignore comment il est arrivé là. On lui remet un emploi, un appartement et même une femme. Mais très vite, il s’aperçoit que quelque chose cloche.
Tentant de s’enfuir, il découvre que la ville est sans issue. Il rencontre Hugo qui de son côté, a découvert dans un mur de sa cave, un trou dont s’échappent de merveilleux sons. Peut-être l’entrée d’un ‘autre monde’ ? Ils mettent alors au point un plan d’évasion.Note de l’Auteur
[rating:9/10]
• Date de sortie : 28 mars 2007
• Réalisé par Jens Lien
• Film norvégien, islandais
• Avec Trond Fausa Aurvaag, Petronella Barker, Per Schaaning
• Durée : 1h35min
• Titre original : Den Brysommen Mannen
• Bande-Annonce :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=bQ942aQ07vk[/youtube]
‘Nous désirons que le cinéma nous ouvre une porte sur le monde de l’inexplicable.’ Carl Théodor Dreyer.
Quête, mémoire, rêve – prospection, rétrospection, introspection – permettront d’élaborer la matrice substantielle du film, Jens Lien ne se privera pas d’échafauder – le terme n’est pas galvaudé !- un lacis émotionnel intense – l’épigraphe du fougueux baiser entonne l’hymne ‘affectif’ – sans cesse rudoyé par les contrées inhospitalières de la nature humaine, à la lisière d’une métaphore kafkaïenne – oserai-je instituer Andreas (Trond Fausa Aurvaag) de Père Ubu des Temps Modernes…
D’inspiration leonienne – le plan du train entrant en gare dans ‘Il Était une Fois dans l’Ouest’ (cela ne vous évoque-t-il rien d’autre amis cinéphiles ?) pour ensuite ouvrir sur l’infinité de l’horizon, Homme voici ce qu’il te reste à conquérir ! – l’arrivée d’Andreas au village étrange plante le décor, le plan large en caméra subjective induit cette ultérieure quête graalesque du héros.
La maîtrise visuelle du réalisateur est dévoilée dans ce simple plan, le cadrage est minutieux, l’intensité atteint son paroxysme.
Immergé dans un Monde apocalyptiquement aseptisé, mécanique, indolore et inodore – allégorie eschatologique – Andreas campe ce personnage confronté au cloaque avilissant de la société consumériste, non dénué d’une certaine ironie (comédie noire) typiquement scandinave – l’épisode du mort-vivant déambulant dans la rue est grinçant !
Pour transposer cette blafarde sinistrose, la palette des couleurs est délibérément désaturée, fort proche de la photographie kaurismakienne par de nombreux aspects.
Voyage initiatique en Terre Etrangère – la prospection d’Andreas est à ce point subliminale que le but semble inatteignable – cette lutte pour atteindre la lumière (ce Tempus Fugit incandescent !), ce combat pour renaitre de sa mort métaphysique, cette croisade pour percer l’enceinte rocailleuse de la ‘prison’ deviennent salutaires pour Andreas – la Vie en est à ce prix.
Les nappes mélodiques d’Edvard Grieg embaument de leurs effluves mi-métalliques, mi-lunaires, une atmosphère ankylosée de moiteur, chaque note fusionnant avec chaque tableau peint par Jens Lien – de l’orfèvrerie helvétique !
Récompensé du Prix ACID au Festival de Cannes en 2006, ce Nor-way of Life fustige – sans aucune fioriture – un mode de vie instauré par le modèle occidental du consumérisme. Jens Lien s’arc-boute sur l’essence même de la Nature Humaine, ses travers, sa précarité, sa vulnérabilité, en prenant soin de ne pas s’égarer dans la caricature excessive.
L’Homme, pour se sauver, ne doit compter que sur un seul être, lui-même !