15 ans après le premier opus, l’ami Wes Craven a eu une brillante idée : s’attaquer une quatrième fois à son slasher favori.
Ce dernier épisode marque également le retour du scénariste Kevin Williamson, apportant un souffle à la fois nouveau et différent de Scream 3. Il faut avouer que ce dernier n’était pas à la hauteur des espérances des spectateurs et Wes Craven a du ressortir du placard la franchise pour nous montrer qu’il n’avait pas encore fermé la porte au cinéma d’horreur. Quand on sait que Scream 4 annonce en fait une seconde trilogie, on ne sait pas encore si l’on doit être effrayé dans le bon sens du terme.
Le pitch est tout trouvé et peut donc facilement être mis en scène : Sidney revient – pile poil au même moment que l’anniversaire du premier massacre, comme c’est étrange – dans la ville de Woodsboro afin de promouvoir son livre. Elle y rencontre à nouveau le duo Dewey / Gale. L’un est shériff, l’autre journaliste sur le déclin et sont tous deux mariés. On y ajoute une cousine, Jill et une tante, Kate et la boucle est bouclée. Reste un premier meurtre – suivi de bien d’autres – de la part de notre ami au masque et au couteau.
Le principe de mélanger la « vieille génération » de Scream premier du nom et un groupe des années Internet – éduqué à Facebook, Twitter et autre live streaming – est une très bonne idée de départ. Faire analyser l’enquête par ces teenagers en mal de geekeries est une tournure qui est également assez bien amenée.
C’est là qu’on ajoute un « mais » ? Allez, on peut le dire d’emblée, là où le premier Scream faisait référence et faisait surtout un gros clin d’œil à Halloween, Scream 4 se la joue moyennement nombriliste en se basant sur Scream, premier du nom. Une petite faute de parcours pour Wes Craven et on y reviendra en fin de critique.
Sidney arrive donc au moment où la ville fête un drôle d’anniversaire, celui du massacre qu’elle a connu et les nombreux assassinats qui en découlèrent.
Dans cet opus, une actrice tire son épingle du jeu : Hayden Panettiere. Plus connue pour avoir campé Claire Bennet dans la série Heroes, la voici en garçon manqué et amoureuse d’un mi-geek, mi-cinéphile. Là où les autres acteurs se contentent de jouer leurs rôles respectifs, Hayden Panettiere en fait davantage. Ne demandez pas pourquoi, cela se ressent.
On remarquera – encore une fois et c’est toujours aussi dommage – la froideur et la rigidité d’une Neve Campbell décidément trop vieille pour ses conneries.
Les apparitions de Kristen Bell (les séries Veronica Mars, Heroes et Gossip Girl) et Anna Paquin (la série True Blood) sont les bienvenues également.
Mais l’acteur principal du film est… l’humour. Oui, l’humour, le fun. On se prend à rire assez souvent dans Scream 4, alors qu’on est sensé avoir peur. Isn’t it ?
D’où une certaine déroute et incompréhension quant à savoir si cela est fait exprès ou non. Une question à poser à Wes Craven sans doute, mais il y a inévitablement un humour – plus ou moins caché – dans la saga, tournant autour de bien des sujets. Oser citer Shaun Of The Dead et ridiculiser quasi-ouvertement les récentes productions horrifiques fondées sur des remakes nous montrent indirectement un Wes Craven relativement aigri envers un genre de film qui pour lui est devenu tout simplement has-been. Recadrons les choses, Wes Craven qui dit ce genre de chose, c’est un pléonasme.
Malgré cet humour en fond, il nous arrive de sursauter à 2 ou 3 reprises et de nous faire avoir par le maître. Mais ces moments restent trop peu présents pour faire passer la pilule d’un film qui se veut être un film d’horreur. Surtout en ayant un slogan comme « La peur retrouve son vrai visage ». La pilule ne passe malheureusement pas de ce côté-là.
Là où le nombrilisme du réalisateur est présent, c’est qu’il ne s’est pas inclus dans ce panel de remakes de films nouvelle génération, lui qui a pourtant produit de nombreux remakes (La Colline A Des Yeux, La Dernière Maison Sur La Gauche). Lui qui ose insérer dans son script la phrase dite par Sidney « Don’t fuck with the original ». L’original dans toutes les têtes est bel et bien Halloween, non Scream. Il est toujours plus facile de regarder la paille dans l’œil de son voisin…
Mais pour terminer sur une note positive – car le film dans sa globalité est un bon film, soulignons-le ouvertement – Scream 4 a réussi ce que Scream 3 n’avait pas su faire. Fédérer des téléspectateurs qui avaient vu dans ce dernier un pur navet et qui dans cet épisode pourront réviser leurs jugements. On se fait un certain plaisir à regarder Scream 4 car il est « fun », et après tout, c’est ce que l’on demande au cinéma : nous divertir !
Yannick