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3 bonnes raisons de (re)voir FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

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Premier succès international de Pedro Almodóvar, FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS est rapidement devenu un long-métrage mythique. Outre le clin d’œil d’Almodóvar à son propre film dans Étreintes brisées avec la recette du gaspacho aux somnifères, un projet d’adaptation avait ainsi été envisagé avec Jane Fonda. Néanmoins, rien ne vaudra jamais le film original comme le soulignent les trois raisons suivantes…

1. Pour ses voix féminines

Inspiré de La Voix Humaine, une pièce de théâtre signée Jean Cocteau, le long-métrage de Pedro Almodóvar a été le premier grand succès international du réalisateur. Nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1989, FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS a fait résonner les répliques de ses personnages féminins à travers le monde entier. Au cœur de ce vaudeville coloré, ce sont en effet les voix de ces femmes qui tiennent souvent le premier rôle. Parfois publiques, souvent secrètes, elles sont surtout toujours en manque d’écoute. 

Lorsque Pepa (Carmen Maura), désemparée par le départ de son amant, cherche à joindre ce dernier par téléphone, leur rupture devient un douloureux monologue téléphonique. Sa voix, elle continuera à l’utiliser sans jamais rien attendre ni entendre en retour lors du doublage de Johnny Guitar (1954). Dans une scène particulièrement intense, la jeune femme se tient dans l’obscurité des lumières tamisées pendant qu’elle ajoute sa voix aux images du western avant que la caméra ne s’arrête devant son regard désespéré. Donnait-elle la réplique au film, à son amant ou au spectateur ? On ne le saura jamais. Un peu plus tard, ce sera Candela (María Barranco) qui ne saura pas si elle doit utiliser sa voix pour parler de ses liens avec des terroristes chiites qu’elle a hébergée. La voix, c’est également la dernière arme de Lucia (Julieta Serrano) qui répondra à un compliment de son père sur sa tenue excentrique par « You lie so well, I’ve always loved you for that ».  

Photo du film FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

2. Pour son esthétisme coloré et excentrique

Dès les premières minutes, FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS se démarque en effet par un style pop avec son générique riche de collages et de photographies de mode des années 1950. Avec ses tenues directement sorties d’un catalogue Escada, le long-métrage souligne l’attention que Pedro Almodóvar accorde aux costumes dans ses films. Déjà quelques années auparavant, Antonio Banderas avait marqué les esprits avec sa chemise rose vif dans La loi du désir (1987). Quelques années plus tard, ce sera Gael Garcia Bernal et son incroyable robe à sequins qui resteront gravés à jamais sur la rétine du public de La Mauvaise Éducation (2004). Enfin, dans La Voix humaine (2020), Tilda Swinton rendra hommage aux FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS avec sa robe rouge conique. 

Néanmoins, dans le film de 1988, l’excentricité du réalisateur s’était surtout manifestée à travers les boucles d’oreilles de Candela à l’image de cafetières italiennes et dans les tenues de Lucia. Dans le cinéma de Pedro Almodóvar, les costumes viennent ainsi donner des informations sur les personnages, sur leur état d’esprit mais aussi sur ce qu’ils ressentent. Loin d’être de simples détails, les vêtements viennent renforcer le récit et permettent aux protagonistes d’exprimer leur voix. 

Photo du film FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS

3. Pour Lucia, son héroïne camp

Avec son maquillage inspiré par Twiggy et ses tenues démodées, Lucia (Julieta Serrano) n’a pas besoin de parler pour que le spectateur comprenne qu’elle a passé vingt ans de sa vie dans un asile où sa beauté et sa jeunesse s’estompaient. Bien qu’elle distingue parfaitement le réel de la fiction, elle choisit constamment l’illusion comme l’illustre l’échange précédemment évoqué avec son père. 

Ses perruques, son maquillage trop lourd, son ensemble rose layette à la fin du film… tout chez elle rappelle l’excentricité aux héroïnes des mélodrames gériatriques (« hagsploitation »). Comparable à Norma Desmond (Boulevard du crépuscule, 1950), Lucia incarne à elle seule toutes ces femmes autrefois belles et désirables qui terrorisent désormais leur entourage au fur et à mesure que leur santé mentale se dégrade. Carlos, son fils, Ivan, son ex-mari, tous les hommes semblent vouloir s’éloigner le plus possible d’elle. Un constat à l’opposé du ressenti du spectateur, qui, fasciné par cette héroïne camp, regrette de ne pas avoir pu profiter plus longtemps d’elle à l’écran…

Sarah Cerange

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