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Jugé raciste, AUTANT EN EMPORTE LE VENT retiré de la plateforme HBO Max

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Alors que la guerre de Sécession éclate, une belle jeune fille du Sud, insouciante, doit faire face à une situation tragique, sauvant sa famille grâce à sa force de caractère. Qualifié par certains historiens de « révisionniste », le grand classique de l’histoire du cinéma AUTANT EN EMPORTE LE VENT, réalisé par Victor Fleming et sorti sur les écrans en 1939, a été retiré de la plateforme HBO Max. La superproduction phare de l’âge d’or d’Hollywood qui « dépeint des préjugés racistes », sera prochainement remise en ligne avec une contextualisation. Une décision qui intervient en plein mouvement anti-raciste aux États-Unis.

En plein mouvement de protestation contre le racisme #BlackLivesMatter, la nouvelle plateforme américaine HBO Max a retiré le célèbre AUTANT EN EMPORTE LE VENT (Gone With the Wind) de son catalogue de streaming. Critiqué pour sa vision édulcorée de l’esclavage, le long-métrage fleuve (près de 4 heures) produit par David O. Selznick, réalisé par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood (non crédités) et sorti en 1939, trois mois après le début de la guerre, est perçu par de nombreux universitaires comme l’instrument culturel du révisionnisme sudiste. Le récent meurtre de George Floyd à Minneapolis a relancé la polémique autour du film qui traite d’une période sombre de l’histoire américaine. Preuve que la mise en scène de l’esclavage fait aujourd’hui débat.

Adaptée du roman de Margaret Mitchell, cette fresque romantique magnifiée par le Technicolor a pour cadre la guerre de Sécession. Le récit suit les démêlés de l’impétueuse Scarlett O’Hara (Vivien Leigh), aristocrate pauvre éprise d’Ashley Wilkes (Leslie Howard) et du cynique Rhett Butler (Clark Gable). Le film met également en scène Olivia de Havilland dans le rôle de Melanie Hamilton (décliné par sa sœur Joan Fontaine) et Hattie McDaniel, première actrice afro-américaine oscarisée en 1940, dans celui de la servante Mamma.

Considéré comme un des plus gros succès de l’histoire du cinéma, AUTANT EN EMPORTE LE VENT a célébré l’année dernière son 80ème anniversaire. Il a marqué des générations de cinéphiles avec ses superbes matte paintings, décors — notamment les somptueuses propriétés géorgiennes Tara et les Douze Chênes —, et costumes sublimés par l’ampleur et l’élégance de la mise en scène de Victor Fleming. Pour rappel, George Cukor fut évincé du tournage par Gable et remplacé par Fleming qui œuvrait la même année sur un autre monument produit par la MGM, la comédie musicale Le Magicien d’Oz avec Judy Garland. Paulette Goddard, star du western Les Conquérants d’un nouveau monde (1947) de Cecil B. DeMille dans lequel elle incarne la ravissante esclave Abigail Martha Hale aux côtés de Gary Cooper, fut pressentie pour incarner Scarlett O’Hara avant que la comédienne britannique, alors compagne de Laurence Olivier, ne décroche le rôle qui allait l’immortaliser. Quinze scénaristes se succédèrent sur le script dont Ben Hecht, Donald Ogden Stewart, Val Lewton et Francis Scott Fitzgerald. Le seul crédité au générique, Sidney Howard, l’auteur de la version de référence, mourut au mois d’août 1939 avant d’avoir vu l’œuvre achevée.

« Autant en emporte le vent est le produit de son époque et dépeint des préjugés racistes qui ont, malheureusement, été si fréquents dans la société américaine », a commenté un porte-parole de HBO Max pour expliquer le retrait du long-métrage aux huit Oscars. En effet, selon John Ridley, scénariste de 12 Years a Slave, ce dernier glorifierait l’esclavage ainsi que la ségrégation raciale et perpétuerait des stéréotypes.

Pour HBO Max, maintenir ce film mythique dans son catalogue « sans explication et dénonciation de ces représentations aurait été irresponsable puisqu’elles sont clairement contraires aux valeurs de la maison Warner ». La plateforme appartenant au groupe Warner Media prévoit donc de remettre le film en ligne avec une contextualisation pour resituer l’œuvre dans son époque, car procéder autrement reviendrait à « faire comme si ces préjugés n’avaient jamais existé », a indiqué le porte-parole. AUTANT EN EMPORTE LE VENT reste disponible à la location sur le site d’Amazon.

En outre, d’autres services de streaming et chaînes de télévision envisagent également d’éliminer certains films ou programmes. À son lancement, la plateforme Disney+ avait déjà pris les devants et décidé de censurer plusieurs contenus à caractère raciste, tel que le film d’animation Mélodie du Sud de 1946, adapté des Contes de l’Oncle Rémus de Joel Chandler Harris, parus entre 1880 et 1905.

Variety

Sévan Lesaffre

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