Photo du film PAS DE VAGUES
Crédits : Kazak Productions, Frakas Productions, France 3 Cinema

PAS DE VAGUES, François Civil remarquable dans le rôle d’un prof qui vacille – Critique

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L’école, véritable caisse de résonance de la société, est souvent mise à l’honneur au cinéma. Si le malaise des professeurs est régulièrement abordé, le sujet d’un professeur qui a involontairement commis une erreur, l’est un peu moins. Le réalisateur Teddy Lussi-Modeste et sa coscénariste Audrey Diwan (réalisatrice de L’Évènement) s’attachent donc avec sobriété aux pas et au point de vue de Julien (François Civil, excellent de justesse), jeune prof de lettres dans un collège.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il lui en faut de l’enthousiasme pour donner envie d’évoquer le poète Ronsard du XVIème siècle à ses élèves agités de 2024 ! Le réalisateur ne prend pas de gants en montrant les difficultés à enseigner, car il sait de quoi il parle. Il est en effet professeur de français et PAS DE VAGUES est inspiré de sa propre expérience.

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Crédits : Kazak Productions, Frakas Productions, France 3 Cinema

Julien a pour ambition d’instruire ses élèves, de leur faire aimer la beauté et la richesse de la langue française et les faire réfléchir à ses nuances. Il n’hésite pas à prendre exemple sur les uns les autres pour argumenter au mieux ses propos. En tout bien tout honneur, il a aussi mis en place un système de récompenses aux progrès de certains d’entre eux, grâce à du soutien scolaire et à des repas en groupe qu’il leur invite à partager.

PAS DE VAGUES montre particulièrement bien ce que n’a pas mesuré Julien, sûrement parce qu’il est trop jeune dans le métier, c’est le syndrome de la porte ouverte. Car le jeune homme a manqué de vigilance et n’a pas instauré les limites et la distance suffisantes avec ses élèves. Son rôle ne s’est pas restreint à l’enceinte du collège. Et si lui fait bien la part des choses, ce n’est pas le cas de ses élèves. Ceux-ci se sont engouffrés à corps perdus dans les failles des bonnes intentions de Julien et dans l’entrebâillement de la porte qu’il a laissée ouverte.

PAS DE VAGUES se révèle être un film puissant qui dresse un état des lieux sociologique sans équivoque de l’Éducation Nationale.

Leslie (Toscane Duquesne), jeune fille à fleur de peau est donc prise comme exemple par Julien pendant la démonstration d’un de ses cours. Mais en raison d’un effet de groupe, d’une interprétation inappropriée, de jugements à l’emporte-pièce et de réseaux sociaux omniprésents en classe, Julien se voit vite dépassé par la situation. PAS DE VAGUES donne alors à voir de façon glaçante le tsunami de réactions, d’incompréhensions et de malentendus dans lequel se trouve projeté le jeune professeur.

La réussite du film tient précisément dans la narration sur le fil de la naissance de la rumeur et la façon même dont l’objet de celle-ci échappe à son instigatrice. Dès lors, l’engrenage infernal de l’accusation de harcèlement va subtilement se mettre en place et broyer insidieusement l’objet même de la passion de Julien. Profondément atteint dans ses valeurs, s’interrogeant avec sa bonne foi sur les erreurs qu’il a pu commettre et tentant de prouver son innocence, Julien sera soutenu par son compagnon Walid (Shaïn Boumedine).

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Crédits : Kazak Productions, Frakas Productions, France 3 Cinema

Il sera accablé par Steve (Armindo Alvès), le frère de Leslie puis par d’autres élèves, telles Océane (Mallory Wanecque) et Sihem (Emma Boumali). L’affaire de Julien deviendra la patate chaude dont personne ne veut et que personne ne sait gérer convenablement. Elle sera renvoyée à la conseillère principale d’éducation Nora (Myriam Djeljeli), à ses collègues comme Laura (Agnès Hurstel) et au proviseur Mr Musil (Francis Leplay). La gendarmerie s’en mêlera et l’Éducation Nationale, démunie et pas outillée pour régler ce genre de problèmes, en prendra pour son grade et ne sortira pas grandie du film.

La force de PAS DE VAGUES tient au fait que le spectateur, empathique et impuissant, se trouve embarqué dans le cercle infernal et injuste, au même titre que Julien. Il entre littéralement dans sa peau. Le film est habilement construit comme un thriller, de telle sorte que sa tension, renforcée par la musique graduellement oppressante, enferme peu à peu le héros dans une situation inextricable. À l’image d’une prison dont les murs rétrécissent à chaque tentative pour s’en échapper.

Même si le film ne raconte pas un harcèlement en rapport avec la religion, il entre néanmoins en résonnance avec les assassinats récents des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard. PAS DE VAGUES se révèle donc un film puissant, qui dresse un état des lieux sans équivoque sur la différence des milieux sociaux et ses conséquences sur la jeunesse. Démontrant, s’il en était encore besoin, le rôle ô combien fondamental de l’école en souffrance et l’importance de la culture et du mot juste.

Sylvie-Noëlle

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Rédactrice
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