Photo du film AFFAMÉS
Crédit : Fox Searchlight Pictures

AFFAMÉS, au bonheur des ogres – Critique

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Produit par Guillermo Del Toro, AFFAMÉS fait de son monstre cannibale une métaphore brillante des maux d’une certaine Amérique.

Très attendu, le dernier film de Scott Cooper, réalisateur des Brasiers de la colère et d’Hostiles, prend place dans l’Oregon, en plein cœur de l’Amérique profonde. On y dépeint une certaine misère sociale, à l’écart des grandes villes. Celle des individus des terres reculées. Et notre sang se glace à l’évocation de leurs drames ordinaires. Car tout le sel d’AFFAMÉS repose sur son horreur double. Sur le monstre surgi du fantastique et sur la réalité tangible, frontale et crue.

Photo du film AFFAMÉS
Crédit : Fox Searchlight Pictures

Ambiance sans sursauts

De l’Oregon, Scott Cooper filme l’immobilisme, tant social que climatique. La montagne, en fond, semble immuable. Les nuages autour, imperturbables. Tout est gris, bleuté et terne. Les sourires sont rares, les silences et les non-dits, pesants. On entendra cette expression galvaudée dans la bouche de beaucoup, mais le fait est qu’AFFAMÉS se définit effectivement comme un film « d’ambiance ». Et son ambiance, il prend le temps de l’installer. Elle est progressive, elle monte.

Loin d’être un banal train-fantôme post-Conjuring, AFFAMÉS digère les canons de l’épouvante et les retranscrit à l’écran avec une précision et une efficacité redoutables. Les jumpscares se comptent sur les doigts d’une main, car le film ne cherche pas à surprendre. Il a l’intelligence de reconnaître au public une certaine culture de l’épouvante et parvient ainsi à happer là où l’on ne l’attend pas. D’une décennie d’hommage et de nostalgie, AFFAMÉS tire ainsi son épingle du jeu.

Photo du film AFFAMÉS
Crédit : Fox Searchlight Pictures

Légendes indiennes

Ceci, bien qu’il repose effectivement sur une grammaire d’écriture ordinaire dans le genre. Or, ici, on s’intéresse moins à l’émergence du fantastique qu’à ses incidences sur le réel. AFFAMÉS utilise la figure mythique du wendigo pour décrire les maux qui rongent les habitants de cette région reculée. Dans le folklore amérindien, on nomme « wendigo » un être humain maudit, transformé en créature monstrueuse, décharnée, à laquelle on attribue traditionnellement des bois de cerf.

La malédiction du wendigo touche ceux qui se sont rendus coupables de cannibalisme. Devenus monstres, ils souffrent d’une faim constante et insatiable. Ce mythe local, dont l’Oregon est l’une des terres d’origine, résonne ici comme une métaphore des problématiques qui touchent cette Amérique profonde. Pauvreté, toxicomanie, abus et chômage détruisent des vies. Intrinsèquement et par ricochets. Servi par une mise en scène maîtrisée et brillante, AFFAMÉS se clôt sur un cruel constat. Dans un milieu où, semble-t-il, l’espoir n’a pas sa place.

Lily Nelson

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Titre original : Antlers
Réalisation : Scott Cooper
Scénario : Nick Antosca, Henry Chaisson
Acteurs principaux : Keri Russell, Jesse Plemons, Jeremy T. Thomas
Date de sortie : 17 novembre 2021
Durée : 1h39min
4.5
Deviendra culte

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