On avait fait la découverte d’Eli Roth de manière assez déjantée et totalement décomplexée à ses débuts. Un certain potentiel à l’horreur se voyait en lui avec son premier long-métrage, Cabin Fever (2002). Mais c’est surtout avec Hostel (2006, son second film) que le réalisateur a prouvé qu’il n’avait pas froid aux yeux. Un film d’horreur gore dans lequel des étudiants américains voyageant en Europe de l’Est dans l’idée de profiter de « filles faciles » se font piéger – avec la complicité de ces mêmes filles – puis torturer.
On retrouve dans KNOCK KNOCK cette utilisation particulière des personnages féminins qui, au final, ne sont pas destinés à servir de simple objet sexuel. Ici, Eli Roth transforme les petits chaperons rouge en loups à qui il ne vaut mieux pas ouvrir la porte. Cependant, avec son cinquième long-métrage (le précédent, The Green Inferno, est sorti il y a deux ans aux Etats-Unis et sera disponible en France en VOD le 16 octobre 2015) le réalisateur se contente de peu et ne fait preuve d’aucune originalité. Pire, il reste englué dans un scénario médiocre, si ce n’est entièrement vide, et se montre peu passionnant.
Un soir d’orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le week-end, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…
Des premières secondes du film au générique de fin, KNOCK KNOCK est révélateur de l’absence totale de finesse chez Eli Roth qui étouffe par sa lourdeur. Tout est appuyé pour nous présenter avec insistance une famille trop parfaite et pleine d’amour. Evan (Keanu Reeves), bien qu’exprimant clairement son manque de sexe avec sa femme après seulement trois semaines sans rapports, reste ce père sympa et compréhensif, prêt à tout pour éviter à sa compagne la moindre contrariété. Celle-ci est belle et attentionnée, promettant de s’occuper comme il se doit de son cher mari une fois le week-end passé. Enfin, ce couple, qui semble obligé de se déclarer constamment son amour, a engendré deux enfants « adorables » aux yeux de leurs parents, insupportables pour le spectateur. L’écœurement provoqué par cette famille, dont l’amour déborde jusque dans la décorations de la maison – ridicules portraits de la famille accrochés aux murs -, nous achève avant même que le film ne débute réellement.
On ressort du film en repensant avec ironie aux propos de Genesis et Bel : « Ce n’était pas un rêve » et c’est bien dommage.
Ce n’est pas l’arrivée, par la suite, des deux sublimes mais mortelles créatures, habillées et nommées comme des strip-teaseuses – à savoir Genesis et Bel – qui arrange les choses. Au-delà de l’aspect crédible de la situation que l’on ne jugera pas, on reste surtout affligé devant la pauvreté des dialogues et des situations involontairement gênantes qui se succèdent. Pourtant il y a cette bonne idée de mise en scène lors d’une longue conversation (dont le discours sur la monogamie s’avère consternant) entre Evan, Bel et Genesis. Une séquence durant laquelle Evan passe d’un fauteuil à un autre pour éviter et fuir les avances grossières des jeunes filles. Une manière intelligente de présenter la proie entourée et suivie de près par les vrais prédateurs.
Car oui il est question de prédateurs. Du moins dans la tête des jeunes filles. Par elle (et leurs actes) Eli Roth semble dire que les hommes sont tous des salauds, incapables de résister à deux sublimes femmes nues, et ce en dépit de tout l’amour possible pour leur famille. N’amenant pas la moindre réflexion ou morale derrière, Eli Roth n’a finalement pas grand-chose à raconter. Et à défaut de frissons ou de suspense, il se contente d’un ensemble de vulgarité.
Avec un tel objet, difficile pour ses interprètes d’offrir une prestation convenable. Keanu Reeves n’a d’autres choix que d’en rajouter constamment pour donner vie à un personnage vide. Le pauvre frôle le ridicule. Il en va de même pour Ana de Armas (Bel) qui joue les hystériques à outrance. Et ce n’est pas en tentant de donner à son personnage un semblant de profondeur en évoquant les (soi-disant) abus sexuels par son père, qu’on retiendra d’elle autre chose que son joli minois. Seule Lorenza Izzo (Genesis) tire légèrement son épingle du jeu ; efficace et inquiétante dans son rôle de psychopathe. On ressort finalement de KNOCK KNOCK désabusé en repensant avec ironie aux propos de Genesis et Bel : « ce n’était pas un rêve », et c’est bien dommage.
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