Lee Daniels, réalisateur du récent PAPERBOY avec Matthew McConaughey et Zac Efron et prochainement d’un biopic sur Janis Joplin avec Amy Adams, propose avec LE MAJORDOME un biopic inspiré d’interviews menés par un journaliste du Washington Post auprès d’Eugene Allen, afro-américain majordome de huit présidents depuis les années 50. Le personnage principal du film, ici nommé Cecil Gaines et interprété par l’oscarisé Forest Whitaker (LE DERNIER ROI D’ÉCOSSE), a le même emploi à la Maison Blanche.
Les principaux acteurs font honneur au récit qui mêle à la fois un survol de l’Histoire de la communauté noire aux Etats-Unis menant de la ségrégation et des champs de coton à l’égalité avec la communauté blanche (tout du moins sur un plan législatif et politique) à l’intime aventure humaine vécue par Cecil Gaines et sa famille. Car si d’un côté, nous avons un défilé d’acteurs connus interprétant les différents présidents de manière plus ou moins convenable – le Kennedy de James Marsden (Cyclope dans les films X-Men) fait pâle figure face au Eisenhower de Robin Williams ou le Reagan d’Alan Rickman -, on retrouve dans le jeu d’acteurs de Forest Whitaker mais également (et surtout) d’Oprah Winfrey une leçon d’interprétation dramatique. De même, les autres acteurs gravitant autour de ceux-là ne déméritent pas comme le fils Louis interprété par un David Oyelowo jouant à la fois sur la colère et la retenue, ou encore le voisin interprété par Cuba Wooding Jr qui trouve ici un registre efficace.
Malheureusement, si le sujet est somme toute énorme devant refléter à la fois une vie politique, un combat communautaire et la vie d’une famille sur une cinquantaine d’années, le film se prend doublement les pieds dans le tapis. D’abord, si la réalisation est techniquement fort convenable (à part quelques incrustations d’époque ou des maquillages parfois hasardeux), elle est parfois aussi ennuyeuse que la lecture d’un livre d’histoire. En effet, des longueurs sont à déplorer à de nombreuses reprises : on les comprend car elles sont historiquement nécessaires mais elles cassent le rythme du film de manière assez dommageable, malgré un travail visuel et rythmique cherchant à conserver l’attention du spectateur (alternance plans lumineux / sombres, cercle familial / Maison Blanche, etc).
On retiendra de ce film une touchante histoire familiale mâtinée d’un cours d’histoire un peu soporifique au final. Dommage.
Le deuxième écueil est finalement dû au sujet ambitieux du film, car si on voit pointer l’ennui à plusieurs reprises, on regrette également le côté superficiel du traitement de certains sujets ou de certains évènements qui, en regard de la durée de film (2h10), ne pouvaient évidemment pas être plus développés. Le film fait preuve d’un déséquilibre certain à la fois dans son rythme et son contenu alors que le fil conducteur du scénario et les choix techniques de Lee Daniels tiennent globalement la route.
On retiendra de ce film une touchante histoire familiale mâtinée d’un cours d’histoire un peu soporifique au final. Bien sûr, LE MAJORDOME reste au dessus de pas mal de productions américaines mais son ambition, qui sera peut être récompensée par des prix tels que les Oscars (le sujet s’y prêtant comme LINCOLN l’an dernier), lui aura été finalement handicapante. Dommage.
Eric