Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu’au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l’énigmatique Arlington Steward qui leur révèle qu’en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1 000 000 $, mais cela entraînerait la mort d’un inconnu…
Note de l’Auteur
[rating:5/10]
• Date de sortie : 04 novembre 2009
• Réalisé par Richard Kelly
• Film américain
• Avec Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella
• Durée : 1h 55min
• Bande-Annonce :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xalyxn_the-box-bandeannonce-vostfrhd_shortfilms[/dailymotion]
Richard Kelly revient avec un nouveau film, The Box, adapté d’une nouvelle de Richard Matheson (l’auteur du désormais culte Je Suis Une Légende) intitulée Le Jeu Du Bouton.
Ceux qui ont vu Donnie Darko et Southland Tales sauront inévitablement à quoi s’attendre avec cette nouvelle réalisation : histoire compliquée au possible qui se révélera au compte-goutte, univers palpitant, photographie sublime, autant de procédés reconnaissables entre milles quand il s’agit d’un réalisateur aussi visionnaire et créatif que Richard Kelly. Malheureusement, cette fois nous assistons au revers de la médaille car à trop vouloir se différencier des autres et imposer sa griffe au public, on finit par se brûler les ailes. Richard Kelly a dû s’en apercevoir à ses dépends car sa nouvelle réalisation s’avère être trop inégale pour rester gravée dans les mémoires comme un ovni intimiste et culte.
Richard Kelly est un réalisateur ambigu (la question ne se discute même pas, que l’on aime ou non il faut reconnaître son talent et son originalité), sorte de prophète des temps modernes qui propose à chaque fois des œuvres singulières, dérangeantes, à l’esthétique envoûtante mélangeant l’onirisme de l’intrigue à la réalité du discours.
Ici, le réalisateur prend un couple (Marsden / Diaz qui nous offrent une interprétation d’une justesse appréciable) confronté à un dilemme lorsqu’un étrange personnage frappe à leur porte pour leur confier un défi pour le moins simple en apparence : appuyer ou non sur un bouton. Rien de plus simple donc sauf que si le bouton est appuyé, un million de dollars leur revient et la vie d’une personne inconnue sera ôtée. Il faut également ajouter qu’en parallèle le mari se voit refuser une promotion synonyme de fortune et que la femme est licenciée pour des raisons douteuses (la conspiration semble roder parmi nous les amis !). Il n’en faut pas plus à Richard Kelly pour nous servir une intrigue palpitante grâce à une atmosphère pesante au possible et une musique bien calibrée instaurant une angoisse permanente qui va crescendo. Cette montée progressive de la tension (dans la première partie du film) n’est pas sans rappeler des films comme The Game, Délivrance dans sa façon de brouiller les pistes et de nous noyer dans une intrigue où l’imagination prend le dessus sur la raison puisque l’on ne voit absolument rien. A cela s’ajoute une photographie représentant parfaitement les années 70. Ce choix de l’image qui peut apparaitre comme un énième caprice du réalisateur s’avère être le plus judicieux de tous.
En ces points, The Box est une réussite totale.
Malheureusement, arrivé à la seconde moitié du film, Richard Kelly dérape en nous entrainant dans son univers. Bien qu’intéressant à l’accoutumée, ce dernier est ici inapproprié, faisant basculer l’intrigue dans le thriller déjà vue à maintes reprises si l’on regarde la chaîne M6 de temps à autre. Pourquoi toujours vouloir en faire trop ? Avec un début de film parfait qui ne peut que rappeler certains films d’Hitchcock, intégrer des éléments de science-fiction (une conspiration extraterrestre qui devient à la longue indigeste) n’était certainement pas la meilleure des solutions. N’en témoigne ces successions de passages spatio-temporels, ces effets numériques aquatiques et ces casse-têtes inutiles au final.
Pour ma part, il s’agit de la grosse erreur du film : basculer dans le thriller fantastique. Non pas que cette idée soit mauvaise (dans certains cas, ce choix aurait été salué car le mieux approprié) mais le propos que tente de faire passer Richard Kelly en devient inconsistant et perd en crédibilité. Si le réalisateur s’était concentré ou recentré son récit sur ce dilemme quasi cornélien (altruisme ou individualisme ?) le propos aurait été beaucoup plus percutant.
Au final, The Box est un projet ambitieux (peut-être trop ambitieux) proposant une réflexion philosophique sur nous-mêmes, sur le monde, sur nos choix et ses répercussions, sur nos croyances (« Tu n’as jamais cru au Père Noël n’est-ce pas ? »), sur l’altruisme et l’individualisme. Mais comme à l’accoutumée, cette réflexion n’est pas accessible facilement. Richard Kelly laisse, comme dans Donnie Darko et Southland Tales, encore une fois une grande part de travail aux spectateurs devant se faire force pour déceler tous les mystères de ce métrage.
Hélas, si les deux précédentes réalisations de Kelly étaient parfaitement calibrées et pointilleuses au possible, cette dernière s’égare puis finit par se perdre en cours de route, perdant le spectateur par la même occasion. Grave erreur surtout avec un propos si compliqué qui ne laisse aucune place à l’à peu près.