Quatre ans après le remarqué DISTRICT 9, voici le deuxième long-métrage pour le réalisateur sud-africain Neill Blomkamp : ELYSIUM. Après avoir prouvé qu’un film de science-fiction intelligent pouvait fonctionner et ce avec des moyens financiers raisonnables avec un récit à la fois socialement engagé et d’une certaine originalité, on aurait tendance à croire qu’ici on cherche à nous prouver qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours quand il s’agit de mettre sur un piédestal un jeune réalisateur.
Le premier tiers d’ELYSIUM laissait pourtant bon espoir sur son contenu. On retrouvait un monde sale et pauvre, très bien illustré par les décors de bidonvilles de Mexico, des éléments cyberpunks discrets mais efficaces (exosquelettes, marché noir, etc) et la fable sociale sur la lutte des classes promettait un peu de fond, dont la plupart des films de cet été 2013 ont cruellement manqué. Malheureusement très vite, on tombe dans la caricature de film de science-fiction avec de nombreuses incohérences qui, s’ils sont pardonnables dans des oeuvres bien plus “pop-corn” (comme récemment PACIFIC RIM par exemple), sont ici assez insupportables : la logique des personnages est parfois totalement incompréhensible, le monde d’Elysium est vide et est loin de faire rêver le spectateur (ça se résume à un gouvernement et 3-4 individus en maillot de bain), et les éléments de science-fiction “dure” sont risibles (informatique, conception de la station Elysium, etc). Et je passerai sur le love-interest du héros, summum du déjà-vu, avec l’amour d’enfance retrouvé par hasard au début du film… De même, le schéma de lutte des classes fait ici horriblement cliché et la notion de maladie incurable ramène à la transformation de l’agent dans DISTRICT 9 : le réalisateur semble visiblement également obsédé par la notion de métamorphose avec la mécanisation du héros interprété par Matt Damon.
Un film prétentieux et une déception aussi grande que le talent du réalisateur semble ainsi gâché.
Pourtant visuellement, le film est extrêmement réussi, grâce notamment à une équipe technique qui avait fait ses preuves sur le premier long-métrage de Neill Blomkamp reformée pour l’occasion. A l’exception de combats trop brouillons avec une caméra trop proche de l’action, l’univers du film a une identité visuelle très marquée : proche de celle de DISTRICT 9 où les robots remplacent ici les extraterrestres, on peut observer ici des vaisseaux spatiaux ainsi qu’une station Elysium très élégants et froids (merci à Weta et ILM), en opposition à des bidonvilles mexicains sales, chaleureux et animés. On a néanmoins un peu l’impression que l’argent amené dans cette production (le triple ou le quadruple de son précédent film) a un peu pollué l’ensemble avec la présence de certains placements produits et un choix de casting plus bankable avec Matt Damon, Jodie Foster (ici extrêmement caricaturale) voire William Fichtner (HELLDRIVER, LONE RANGER) mais où finalement c’est surtout la révélation de son précédent film, Sharlto Copley, qui ressort avec les honneurs d’un rôle bien plus sombre que celui qu’il avait en étant le principal protagoniste de DISTRICT 9…
ELYSIUM avait de nombreux atouts et les compétences techniques de Neill Blomkamp et de son équipe n’en était pas des moindres. Le scénario n’est malheureusement pas à la hauteur des ambitions générales du projet et se noie sous des clichés et un manichéisme malvenu. Au final, il en ressort un film prétentieux et une déception aussi grande que le talent du réalisateur semble ainsi gâché.