Rara, un joli film, mais qui peut décevoir dans son traitement de l’adolescence et de l’homoparentalité.
L’histoire: Depuis le divorce de leurs parents, Sara (Rara), 12 ans, et sa petite sœur Cata vivent avec leur mère et la compagne de celle-ci. Leur quotidien, fait de tendresse et de complicité, ressemble à celui d’autres familles. Lorsque leur père tente d’obtenir leur garde, l’équilibre de la famille semble mis à l’épreuve…
Avec RARA, ce n’est pas un problème de rythme, de réalisation, ou d’interprétation. Le casting est parfait, tant les enfants que les adultes, la réalisation est propre et même parfois se permet de discrets éclats avec ces quelques plans-séquence accompagnant la protagoniste (à défaut de nous immerger dans son monde – j’y reviendrai), tandis que l’on ne s’ennuie jamais durant le film, celui-ci naviguant entre les quotidiens et environnements familiaux, entre drames intimes et non-événements, générant au passage quelques pics émotionnels notamment lors des disputes, et observant le tout avec légèreté – pile la bonne distance pour éviter toute tendance voyeuriste… Bref. RARA peut être vu comme un plutôt bon film.
Un bon film oui, mais est-ce un bon film sur l’adolescence ? Ou un bon film sur l’homoparentalité ?
C’est ici que nos propres attentes peuvent entrer en conflit avec la proposition de Pepa San Martín; dans mon cas, qui ne jure que par Spielberg – auteur dont le cinéma est rempli de personnages-adolescents dont les aventures ou épreuves symbolisent les évolutions intérieures… Moi qui adhère par ailleurs totalement au regard cinématographique d’un Almodóvar sur la question de l’homosexualité, banalisant celle-ci plutôt que d’en faire le sujet de ses films… RARA m’a posé un problème d’intérêt;
Car contrairement à ce que laisse supposer son postulat, il ne s’agit pas d’accompagnement et encore moins d’empathie, avec une protagoniste confrontée aux bouleversements inhérents à l’enfance-adolescence. Plutôt, RARA focalise indirectement sur un monde d’adulte et quelques unes de ses problématiques, via un point de vue à hauteur d’adolescent. Une nuance à la fois microscopique et immense, mais qui fait de l’homoparentalité le véritable sujet du film, plutôt que Sara. Et même si de multiples thèmes (la famille et l’amour familial, le couple, le divorce, l’adolescence, la pré-adolescence) sont traités de façon plus ou moins périphérique, ce qui les relie et les régule tous, reste le couple formé par Paula (la maman de Sara) et Lia.
Alors, en mettant l’emphase sur l’influence de cette relation sur tous les protagonistes et leurs diverses interactions, puis, un peu plus lointainement, sur les bouleversements intérieurs de Sara… RARA marginalise le couple Lia/Paula plus qu’autre chose. En parallèle, en dénonçant une certaine fermeture d’esprit chez « les autres », et en défendant les idées de communautarisme, de médiatisation, et de combat pour l’acceptation de l’homosexualité, cette marginalisation s’accentue subtilement jusqu’à se transformer en militantisme, prenant ainsi une place sensiblement hors-sujet au cœur du récit (qui on le rappelle, se borne à garder le point de vue de l’adolescente Sara), et faisant évoluer RARA aux dépens de l’empathie envers qui que ce soit. Dommage, en ce qui me concerne.
Pour ceux intéressés par les sujets de l’adolescence, de l’homosexualité, et par un dosage plus empathique des deux, je conseillerai plutôt la tape#2 side B, ainsi que tout le reste de la série 13 Reasons Why. RARA, de son coté, s’il ne m’a jamais ennuyé, ne m’a pas pour autant touché – ni par ses personnages, ni par sa façon de présenter l’homosexualité.
Georgeslechameau
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• Réalisation : Pepa San Martín
• Scénario : Pepa San Martín, Alicia Scherson
• Acteurs principaux : Mariana Loyola, Agustina Muñoz, Julia Lübbert
• Date de sortie : 21 juin 2017
• Durée : 1h28min