Cannes, cinquième jour : Haneke et Lánthimos qui divisent, et à la fin, c’est les coréens qu’on retient et la présence de Jasmine Trinca…
Il fallait en avoir du courage en ce lundi 22 mai avec cet enchaînement des films de Haneke, Lánthimos et Hong Sang-soo. Trois films qui s’annonçaient potentiellement durs pour les nerfs et prêts à diviser. Ce fut d’abord le cas avec Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lánthimos (déjà présent à Cannes en 2015 avec The Lobster), qui reçut quelques huées lors de sa projection du matin, mais beaucoup d’applaudissements l’après-midi. Beaucoup le considérant comme prétentieux, ou ne supportant pas son aspect sinistre et dérangeant. Les adeptes de Lánthimos, eux, auront accepté la noirceur du récit et la froideur de la mise en scène, mais restent en minorité, même au sein de la presse.
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Une division plus ou moins similaire pour Michael Haneke, l’un des favoris de la compétition (pourquoi pas une troisième Palme d’or après Le Ruban Blanc et Amour). Avec Happy End, le cinéaste autrichien réalise un film somme de son cinéma qui tend à reproduire les mêmes obsessions. Il est donc finalement logique de le voir être considéré comme une caricature de lui-même par ceux qui lui portent un amour moins fort. D’autant qu’il aura fallu faire preuve de courage de la part de la presse pour pouvoir s’y frotter. Car outre les deux projections officielles avec un nombre de place très limité pour les journalistes, les deux projections presse de la veille provoquèrent beaucoup de tension. La faute à une trop forte affluence que l’organisation n’avait étrangement pas prévue, certains allant jusqu’à attendre près de quatre heures pour voir le film – que nous rattraperons, de notre côté, calmement, lors de la séance du lendemain.
À côté de ces deux films, c’est finalement Le Jour d’après de Hong Sang-soo qui aura surpris son monde. Comme pour Haneke, les moins adeptes de son cinéma y verront forcément un film pauvre esthétiquement et redondant dans les thématiques qu’il aborde. Un style, qu’il reproduit depuis maintenant près de vingt films, qui doit tout de même être défendu. D’autant que cette fois, le réalisateur Hong Sang-soo semble avoir produit une œuvre bien plus intéressante qui aura reçu quelques très bonnes considérations de la part de la presse. Malgré tout, le réel plaisir sera venu avec l’autre film coréen de la journée ; The Villainess. Présenté la veille en séance de minuit (où il a reçu une standing ovation), le film faisait un parfait contre-pied aux Haneke, Hong Sang-soo et Lánthimos. Un thriller mené par des scènes d’action hallucinantes. Notamment la première, un (faux) plan-séquence en vue à la première personne durant lequel une femme massacre dans un immeuble tout un gang à coup de couteau. Enchaînant les longues séquences chorégraphiées et une variation de genres (passant de la romance au drame), The Villainess apparaît comme un combo d’Hard Core Henry, John Wick et Old Boy. Bien dommage de le voir, uniquement, hors compétition.
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À venir, notre rencontre de Jasmine Trinca :
Présente à Cannes pour accompagner Fortunata de Sergio Castellitto, dans lequel elle interprète une jeune coiffeuse qui tente de lier les deux bouts pour éduquer sa fille, nous en avons profité pour rencontrer Jasmine Trinca. La comédienne est revenue avec nous sur les rôles importants de sa carrière, dont voici un extrait :
« La Chambre du fils de Nanni Moretti, ce fut une expérience fatale, et une façon, disons, spéciale pour débuter dans le cinéma, avec un personnage plein d’émotions et assez proche de moi. À l’époque, je n’étais pas du tout cinéphile, j’aimais plutôt les films de Spielberg ou Zemeckis. Donc ma rencontre avec Moretti fut vraiment dans le vrai, sans qu’il y ait de peur ou un trop grand respect envers le mythe Moretti. C’était avant tout la rencontre de l’homme et je peux dire qu’il aura été très important dans mon parcours, pas uniquement d’actrice, mais en lui-même. »
Sources photos : Festival de Cannes Officiel