SUITE FRANÇAISE
© Steffan Hill

[CRITIQUE] SUITE FRANÇAISE

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Mise en scène
5
Scénario
2
Casting
5
Musique
4
Photographie
3
Note des lecteurs8 Notes
5.1
3.8

Ce n’est pas une mince affaire que de se lancer dans l’adaptation de SUITE FRANÇAISE d’Irène Némirovsky, dont l’histoire de l’écriture et de la publication est peut-être encore plus célèbre que son contenu. Pentalogie inachevée, écrite pendant la seconde guerre mondiale et redécouverte un demi-siècle plus tard, contant tour à tour l’Exode de 1940, l’Occupation et les prémices de la Résistance, c’est ici le metteur en scène Saul Dibb – déjà réalisateur de THE DUCHESS – qui s’occupe de la mise en images du deuxième tome de cette saga acclamée. Un élément qu’il est important de noter puisque c’est bel et bien la romance au cœur de ce roman qui est mise en avant, au détriment du reste.
Acteurs américains et britanniques – Schoenaerts et Lambert Wilson perdus au milieu de tout ce beau monde – production en grande partie originaire d’outre-manche, tournage dans la langue de Shakespeare : nul besoin de tourner autour du pot, SUITE FRANÇAISE y va méchamment sur les clichés. France rurale fantasmée, Allemagne conquérante superficielle… Mais ce n’est en soit pas le cœur du problème : malgré cette immersion difficile, l’ensemble dispose d’un budget imposant – tourné par ailleurs en pellicule – et la reconstitution visuelle vaut le détour. La vraie fausse note, c’est l’écriture de cette histoire et de ses protagonistes.

Photo du film SUITE FRANÇAISE
© Steffan Hill

Il y a une histoire d’amour, une vague peinture de l’Occupation en arrière-plan, mais les personnages au cœur de ces arcs narratifs ne sont jamais incarnés : ils sont creux, incohérents, ou tout du moins écrits à la va-vite. Impossible de les comprendre, et par extension de s’y attacher. C’est pourtant un fait contradictoire avec le passé littéraire de cette aventure, facile et narrativement très vide.
Les quelques performances d’acteurs plutôt convaincantes ne viennent pas sauver ces différents visages aussi clichés qu’ils ne semblent aller nulle part. Cette absence d’enjeux évolutifs fait stagner le long-métrage qui finit fatalement par ennuyer.

« Un mélo mielleux pas détestable, mais constellé de facilités et d’erreurs d’écriture plus affligeantes les unes que les autres. »

La nouvelle réalisation de Saul Dibb est tout à fait regardable mais manque de tout ce qui aurait pu lui donner un semblant d’intérêt : on ne voit que très rarement une vision étrangère de la France sous l’occupation, et SUITE FRANÇAISE aurait pu apporter un point de vue neuf, si ce n’est révisionniste, de cette période très controversée – tabou ? – de l’histoire. Se retrouver alors face à un mélo mielleux pas détestable mais constellé de facilités et d’erreurs d’écriture plus affligeantes les unes que les autres est en soit une belle déception. Ringard.

KamaradeFifien

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first ]

Affiche du film SUITE FRANÇAISE

[/column]
[column size=one_half position=last ]

Réalisation : Saul Dibb
Scénario :  Matt Charman, Saul Dibb, d’après Irène Némirovsky
Acteurs principaux : Michelle Williams, Kristin Scott Thomas, Matthias Schoenaerts, Sam Riley, Ruth Wilson, Lambert Wilson
Pays d’origine : Royaume-Uni, France, Belgique
Sortie : 1er avril 2015
Durée : 1h47min
Distributeur : UGC Distribution
Synopsis : Été 1940. France. Dans l’attente de nouvelles de son mari prisonnier de guerre, Lucile Angellier mène une existence soumise sous l’oeil inquisiteur de sa belle-mère. L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à loger chez elles le lieutenant Bruno von Falk. Lucile tente de l’éviter mais ne peut bientôt plus ignorer l’attirance qu’elle éprouve pour l’officier…

[/column][divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

Nos dernières bandes-annonces

Rédacteur

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mise en scène
Scénario
Casting
Musique
Photographie
Note finale

  1. Salut collégue, je suis tombé sur ton compte et je dois avouer que je suis assez fan de ton style et de ton écriture , fraiche , argumentée et documentée. Je n’ai pas lu toutes tes critiques mais je ne partage pas ton opinion sur Suite Française. J’ai la sensation que tu es passé à coté. Je ne crois pas ici qu’il était question d’un quelconque propos sur la France rural , l’Allemagne , ni même l’occupation. Tout cela est peu développé car ce n’est qu’un back ground, secondaire dans le scénario et traité comme tel. Ce qu’on veut nous raconter dans ce film c’est une histoire d’amour impossible et donc « étouffée », « niée » par l’un de ces protagoniste lui même. Et en ce sens je trouve que le film est plutôt une réussite. On n’est pas dans un film historique mais bel et bien dans une histoire d’amour , alors pourquoi ne pas avoir chercher a comprendre la mise en scéne très pudique de celle-ci et t’être attachée à la partie reconstitution historique qui n’est pas le propos?
    Tes arguments sont solides mais je crois qu’il est important de regarder le film en considérant le propos du réal et la , et bien , je trouve que tu n’as pas abordé le film sous le bon angle. My opinion , that’s all.

    1. Salut ! Merci pour les compliments, tout d’abord.
      Je vais essayer de te répondre avec les souvenirs qu’il me reste du film, puisque ça fait un moment et qu’il ne m’a pas nécessairement marqué. Alors je suis d’accord avec quelques points que tu avances, notamment la pudeur du récit qui contraste pas mal avec les habituelles romances historiques du genre, ça donne au tout une certaine force – limitée cependant par l’échec de l’écriture des personnages. Dans un sens ça n’aurait pas été un problème si la direction d’acteurs avait pu compenser ce qu’on aurait pu considérer comme une pudeur de leur écriture, mais même si j’adore Schoenaerts ou Kristin Scott Thomas, ils ne donnent aucune dimension à leurs rôles respectifs. C’est une comparaison un peu handicapante, mais ça échoue là où un cinéaste comme Bergman brillait – écrire des histoires d’amour simples (amourettes, adultère, etc.), emprisonnées dans un contexte qui ne leur ait pas propice. Sauf que chez Bergman, contrairement à Suite Française, il y a des personnages passionnants (sans que ça soit pour autant démonstratif) et les acteurs sont magnifiquement dirigés. Il y a bien sur une part de subjectivité dans cet argument, mais j’ai trouvé ça froid alors que ça se voulait engageant. Mais bon, ça n’a pas l’air d’être une opinion populaire.

      1. Comme quoi , tout est quand même question de subjectivité et (d’un peu) de projection , car tu vois moi j’ai trouvé les « scènes de la vie conjugale » de Bergman mille fois plus froides que ce Suite française….

  2. J’ai évidemment vue SUITE FRANCAISE.Je me serais pas permis de dire ça.
    Je trouve que c’est un bon film et je ne comprends pas du tout cette critique.
    Dabord pourquoi Schoenaerts et Wilson seraient perdue parmis « tout ce beau monde »?
    Je cite : « Le film y va méchamment sur les clichés. France rurale fantasmée, Allemagne conquérante superficielle… »
    La France rurale dépeinte dans ce film est fantasmée? ça veux dire quoi concrètement? Que c’est pas réaliste? Précise ta pensée!
    Allemagne conquérante superficielle? En quoi la description des envahisseurs Allemand dans ce film est superficielle? Argumente!
    Je cite: « La vraie fausse note, c’est l’écriture de cette histoire et de ses protagonistes. »
    Vraiment? voyons les arguments.
    Je cite: »les personnages au cœur de ces arcs narratifs ne sont jamais incarnés »
    Comment ça?
    Je cite: « ils sont creux, incohérents, ou tout du moins écrits à la va-vite »
    Creux? Faut pas exagérer!Les Personnages sont épurés, simples, pas creux.
    Incohérents? J’ai rien vue d’incohérent dans les personnages.Donne nous des exemples concret d’incohérence dans les personnages!
    Je cite:  » Impossible de les comprendre »
    Impossible de les comprendre?!Je rêve? Un nazi tombe amoureux d’une française.Qu’est ce que tu comprends pas la dedans?!
    Je cite: « C’est pourtant un fait contradictoire avec le passé littéraire de cette aventure, facile et narrativement très vide. »
    Tu fait une critique du film ou du livre?
    Je cite: « Les quelques performances d’acteurs plutôt convaincantes ne viennent pas sauver ces différents visages aussi clichés qu’ils ne semblent aller nulle part »
    Qu’est ce qui es cliché dans ce film concrètement?
    Je cite: « Cette absence d’enjeux évolutifs fait stagner le long-métrage qui finit fatalement par ennuyer »
    A te lire on pourrais penser qu’il ne se passe rien pendant tout le film.Tous les personnages évoluent durant le film.Les enjeux sont là.Ouvre les yeux!
    Je cite: « on ne voit que très rarement une vision étrangère de la France sous l’occupation »
    Qu’est ce que tu veux dire par là exactement?
    Que la france depeinte dans ce film ne donne pas l’impression qu’elle soit vue à travers les yeux d’un étranger?
    Donc qu’elle ne soit pas assez fantasmé!
    Hors, un de tes premiers argument était que la France rurale est fantasmé dans ce film.Et que c’est un cliché.
    Il y a pas une contradiction là?
    Je cite: « et SUITE FRANÇAISE aurait pu apporter un point de vue neuf, si ce n’est révisionniste, de cette période très controversée – tabou ? – de l’histoire. »
    Un point de vue neuf de cette période très controversée de l’histoire? Tu es historien maintenant? Décidemment tu es trop fort!
    je cite: « Se retrouver alors face à un mélo mielleux pas détestable mais constellé de facilités et d’erreurs d’écriture plus affligeantes les unes que les autres est en soit une belle déception »
    Donc pour faire court ce film est une merde!
    Je cite: « ringard »
    Idem

    1. « La France rurale dépeinte dans ce film est fantasmée? ça veux dire quoi concrètement? Que c’est pas réaliste? Précise ta pensée! »
      -> Il n’y a pas à préciser, ça me semble assez clair. Vision anglo-saxonne idéalisée de la campagne française, je ne vois pas qu’est-ce que j’aurais à ajouter. Si vous n’arrivez pas à visualiser ceci, l’exercice de vous répondre va me sembler bien long…

      « Allemagne conquérante superficielle? En quoi la description des envahisseurs Allemand dans ce film est superficielle? Argumente! »
      -> L’expression « Allemagne conquérante superficielle » est en soit un argument. Si je commence à argumenter les arguments, on ne va plus en finir. L’exercice d’une critique n’est pas de tout détailler mais aussi de condenser, de résumer une opinion et donc les multiples caractéristiques d’un film. Si ce que vous reprochez à ma critique c’est de ne pas avoir décomposé chaque phrase en un paragraphe, désolé de vous décevoir, mais vous n’avez pas compris grand chose à la simple fonction de « critique » justement (en tout cas sur ce site, et sur beaucoup d’autres). A moins de faire une analyse plan par plan, difficile de vous contenter. Mais bon, si vous voulez quelques détails : antagonistes fades, non-développés, vision de l’ennemi très polarisée en-dehors du personnage de Schoenaerts… Bref.

      « Je cite: »les personnages au cœur de ces arcs narratifs ne sont jamais incarnés »
      Comment ça? »
      -> Ils sont vides, ils n’existent pas (faut vraiment que je définisse tous les mots que j’ai employé ?).

      « Creux? Faut pas exagérer!Les Personnages sont épurés, simples, pas creux.
      Incohérents? J’ai rien vue d’incohérent dans les personnages.Donne nous des exemples concret d’incohérence dans les personnages! »
      -> Oui, « épuré » et « simple » c’est ce que disent les personnes qui veulent défendre un film dont les personnages sont creux. Et inversement.
      Pour les incohérences, c’est justement à cause de leur simplicité. A force de ne rien écrire sur ceux-ci, leurs décisions, leurs choix, et le peu de leur mentalité qui est montré à l’écran, apparaissent comme incompréhensibles. Peut-être pas tout le temps incohérents, mais en tout cas mal dessinés. Le personnage du noble, l’amourette vécue par le personnage principal, la belle-mère… Dont le développement est bordélique, et apparaît donc comme tape à l’œil, bien souvent.

      « Impossible de les comprendre?!Je rêve? Un nazi tombe amoureux d’une française.Qu’est ce que tu comprends pas la dedans?! »
      -> (tout dépend de la définition de « nazi » ceci-dit, car il n’est jamais présenté comme nazi, puisque aucune position politique du NSDAP n’est évoquée, encore moins du Régime de Vichy… en fait il pourrait tout aussi bien être communiste, on n’en saurait rien, même si ce serait hautement improbable)
      Et ce que vous me décrivez là n’est pas un « personnage » (que je disais donc comme incompréhensibles) mais le scénario du film, qui est quand à lui tout à fait simpliste. Merci de ne pas me prendre pour un débile profond (je me retiens pour ne pas vous considérer de la même façon, j’ai du mal, mais un peu de condescendance pourrait tout de même se glisser entre ces lignes, navré).

      « Tu fait une critique du film ou du livre? »
      -> Déjà faudra me montrer où j’ai critiqué le livre, j’ai juste évoqué le film en tant qu’adaptation, ce qui me semble nécessaire puisqu’il en est une. Je ne l’ai pas comparé au matériel d’origine, je n’ai jamais jugé ce dernier, j’ai juste tenté d’expliquer une faiblesse du film de par son statut d’adaptation d’une oeuvre littéraire. Ça me semble pourtant très clair, mais au point où on en est…

      « Qu’est ce qui es cliché dans ce film concrètement? »
      -> Vraiment ? Par ordre de découverte : l’affiche, la promo, la bande-annonce, le synopsis. Une fois dans la salle : l’introduction, l’intrigue, la musique, les arcs narratifs secondaires, les enjeux, la romance, la mise en scène, le background historique, les décors, les personnages principaux, et leur passé, les personnages secondaires, et leur situation, les retournements et rebondissements, la résolution, la scène finale. Et surement plein d’autres choses.
      Entendez bien que je ne critique pas la qualité de ces éléments (la musique est jolie, les décors sont bien foutus et la mise en scène est correcte), mais leur absence d’originalité et/ou d’ambition, entre autres.

      « A te lire on pourrais penser qu’il ne se passe rien pendant tout le film.Tous les personnages évoluent durant le film.Les enjeux sont là.Ouvre les yeux! »
      -> Et bien heureusement qu’ils évoluent un peu ! Mais c’est pas parce qu’ils évoluent qu’il y a des enjeux, hein. Je ne vais même pas m’embêter à vous expliquer ça.

      « Qu’est ce que tu veux dire par là exactement?
      Que la france depeinte dans ce film ne donne pas l’impression qu’elle soit vue à travers les yeux d’un étranger?
      Donc qu’elle ne soit pas assez fantasmé!
      Hors, un de tes premiers argument était que la France rurale est fantasmé dans ce film.Et que c’est un cliché.
      Il y a pas une contradiction là? »
      -> En tout cas vous avez le mérite d’être sacrément gratiné. NON, je n’ai pas voulu dire ça. C’est une simple phrase descriptive. Voyez vous même :
      « on ne voit que très rarement une vision étrangère de la France sous l’occupation »
      « On » est le sujet, mais dans cet emploi il est utilisé comme figuratif d’une vérité générale. « On ne voit que très rarement » veut donc dire « Ceci est très rare ». La suite de la phrase est « une vision étrangère de la France sous l’Occupation », qu’il me semblerait un peu infantilisant de vous expliquer, mais tentons de la contextualiser : cette vision se réfère au cinéma, et de manière plus générale à l’Art. Il est donc rare que les étrangers (américains, anglais, par exemple, puisque je suis français) montrent cette période de l’histoire (la France sous l’Occupation) au cinéma, etc (alors qu’en France, c’est très courant, car cette période nous concerne directement). La phrase veut donc dire : « Un point de vu étranger de la France sous l’Occupation est rare au cinéma ».
      Vous tendez le bâton pour vous faire battre, quand même.

      « Un point de vue neuf de cette période très controversée de l’histoire? Tu es historien maintenant? Décidemment tu es trop fort! »
      -> Non, malheureusement, je n’ai pas cette chance. Mais vu le nombre de films / livres / séries qu’on nous sert depuis plus d’un demi-siècle sur cette période de l’histoire, je pourrais très bien m’improviser comme tel.
      Je ne vois toujours pas le rapport entre la phrase extraite de ma critique et votre commentaire, mais passons.

      « Donc pour faire court ce film est une merde! »
      -> Qu’est-ce que ça fait du bien de vous l’entendre dire !

    1. Bonjour,

      Si vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’avance dans ma critique, je vous encourage à relever les éléments qui vous embêtent ou avec lesquels vous n’êtes pas d’accord. Pourquoi ne pas donner votre avis sur « Suite Française » ? C’est toujours mieux qu’un commentaire d’une quinzaine de mots dont la pertinence laisse à désirer. La section des commentaires est faite pour réagir, mais autant réagir intelligemment.

    2. Bravo pour cette critique facile à laquelle on peut reprocher tout ce que vous reprochez au film. J’admire ceux qui ont la plume facile concernant la critique, ils n’ont qu’à passer à l’écriture de romans ou de scénarios, là ils feront preuve d’un réel courage. Mais encore faudrait-il en être capable.

      1. Attention aux accusations de « critique facile », c’est à double tranchant. Pourrait-on alors commencer à parler de « cinéphile facile » ? Si vous aimez les mélos qui sentent la naphtaline, grand bien vous en face – j’ai le droit de trouver ça ronflant et de le dire sans qu’on m’accuse d’être un romancier raté.
        Je ne me vois pas non plus devenir cheminot à chaque retard de train…

        [/boomer]

        ok.