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AMITYVILLE, CONJURING, filmer la maison hantée – Analyse

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Une — ou plusieurs — partie(s) de cet article parle de l’intrigue et en dévoile certains aspects. Il est donc vivement conseillé d’avoir vu le film avant de le lire. On vous a prévenu !

À l’approche de Halloween, quoi de mieux pour se faire peur que d’aborder l’un des sous-genres prolifiques du cinéma d’horreur, à savoir : la maison hantée ?

Dans ce type de récit, une famille emménage dans une nouvelle maison. Des problèmes familiaux ou financiers ont été la cause de cet emménagement récent. Au fur et à mesure des jours, des phénomènes paranormaux surviennent et deviennent de plus en plus violents. Cela ne vous rappelle rien ? Amityville ? Le lieu du massacre de la famille Defeo qui avait fait la une des journaux aux Etats-Unis dans les années 70.

Nous n’allons pas vous faire tout un topo sur les nombreuses suites plus ou moins catastrophiques qui ont pullulé depuis le premier Amityville (même si ce sujet est passionnant, il y aurait moyen d’écrire plusieurs articles sur ce thème), mais nous allons plutôt analyser le traitement filmique qui est réservé à cette maison démoniaque et en général aux maisons hantées. Pour ce faire, nous allons nous attarder sur trois films : d’une part sur le long-métrage de 1979, Amityville : la Maison du Diable et d’autre part sur Conjuring : Les Dossiers Warren et Conjuring 2 : Le Cas Enfield de James Wan.

Pourquoi Conjuring ? Car lors de l’affaire d’Amityville, ce n’est pas S.O.S. Fantômes que l’on a appelé, mais le célèbre couple Warren : Lorraine et Ed Warren. En 2013, James Wan les mettait pour la première fois en scène dans Conjuring : Les Dossiers Warren. La séquence d’ouverture de Conjuring 2 : Le Cas Enfield met d’ailleurs en lumière le massacre des Defeo à travers Lorraine. Dans cet article, nous analyserons comment les deux cinéastes mettent en scène la maison hantée et le mythe d’Amityville.

Photo du film AMITYVILLE : LA MAISON DU DIABLE
Crédits : DR

Amityville, la maison hantée personnifiée

Le statut observateur de la maison

En débutant le récit par un plan fixe de la maison, Stuart Rosenberg donne d’emblée à Amityville une aura physique malveillante (accentuée par la « comptine » cauchemardesque des enfants par la bande sonore).

Cette aura est rendue machiavélique surtout par le statut de maison observatrice et par l’humanisation, la personnification qui découle de ce statut. En effet, nous adoptons à de nombreuses reprises le point de vue d’Amityville comme un humain : les plans de l’extérieur depuis les fenêtres qui donnent sur la famille Lutz expriment cette idée. Les fenêtres sont en fait ici les yeux de la maison. Cette dernière a alors un regard omniscient car elle observe constamment la famille Lutz pour mieux les tourmenter. Par conséquent, elle connaît leur quotidien et surtout leur faiblesse en les traquant du regard comme un pervers ou un psychopathe le ferait.

D’ailleurs, nous pouvons remarquer que la plupart des accidents surviennent sur des fenêtres ou à cause des fenêtres : une fenêtre casse les doigts d’un enfant de la famille Lutz, les mouches qui attaquent le prêtre dans la salle de bain apparaissent sur une fenêtre, les yeux de l’ami imaginaire rouges luisants dans la nuit apparaissent à l’extérieur au travers d’une fenêtre. Constamment, par ces accidents, la maison accentue son emprise, sa présence et son pouvoir sur la famille Lutz.

Photo du film AMITYVILLE : LA MAISON DU DIABLE
Crédits : DR

L’humanisation invisible

L’humanisation est d’ailleurs terrifiante car complètement invisible. Ici, pas de fantôme, pas de possession, pas d’exorcisme… À part des manifestations physiques (meubles qui bougent par exemple), le spectateur ne voit jamais l’entité. Nous entendons juste une voix démoniaque qui attaque le prêtre. Nous sommes aussi témoins de la force titanesque de la maison qui détruit tout sur son passage.

C’est comme si le réalisateur avait pris au pied de la lettre le terme maison hantée, en rendant par sa mise en scène Amityville vivante, un peu comme le film Monster House de Gil Kenan de 2006 en moins explicite. Dans ce film d’horreur d’animation, la maison est littéralement un monstre voire un humain : elle a une glotte, un estomac, des yeux, une bouche, des dents, des bras et un corps. Bref, Gil Kenan humanise graphiquement, par l’animation, la maison, alors que Stuart Rosenberg, quant à lui, l’humanise en renforçant l’aspect observateur de la maison : il lui confère ainsi une conscience, une voix, une force et un regard.

L’inspiration de cette analyse est venue en partie de l’approche théorique de Frédéric Zamochnikoff, à savoir celle dans son livre « Amityville, mettre en scène concrètement la hantise » (aux éditions Lettmotif).

Conjuring 1 et 2 : Montrer l’horreur

Des fantômes à tout va

Contrairement à Amityville : la Maison du Diable, James Wan a décidé de montrer physiquement les fantômes qui hantent la famille. Tout y passe : l’homme âgé sur le fauteuil, l’homme tordu ou encore le démon Valak dans Conjuring 2 : Le Cas Enfield et l’exorcisme de la mère dans Conjuring : Les Dossiers Warren.
Ici, la maison n’est clairement plus menaçante. Ce sont plutôt les démons qui y habitent qui le sont. James Wan n’humanise pas la maison comme a pu le faire Stuart Rosenberg.

Cependant, cette dernière reste un élément essentiel de la narration de James Wan, notamment dans Conjuring : Les Dossiers Warren. En effet, dès l’emménagement de la famille dans la maison, le réalisateur, par sa mise en scène flottante, spatialise la maison pour aider les spectateurs à se retrouver.

Photo de tournage du film CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD
Crédits : Warner Bros. Entertainment Inc., Ratpac-Dune Entertainment, LLC

Conclusion

Pour conclure cet article, nous voudrions revenir sur la séquence d’ouverture de Conjuring 2 : Le Cas Enfield qui met en image le meurtre de la famille à travers encore une fois le prisme du personnage observateur, qui n’est pas ici la maison Amityville en elle-même, mais la médium Lorraine Warren et le spectateur.
Durant cette séquence, Lorraine, grâce à ses dons de médiumnité, se transforme en Ronald Defeo Junior en prenant sa place lors du meurtre. Cependant, Lorraine reste encore une observatrice de la scène, car ce n’est pas vraiment pas elle qui tire. Le spectateur observe également la scène, stupéfait. Ici, la maison n’a rien à voir avec la mise en scène.

Cette séquence, comme le traitement filmique de Amityville : la Maison du Diable par Stuart Rosenberg, est une mise en abyme complète du regard pervers et glauque que nous, spectateurs, adoptons quand nous regardons un film d’horreur.

Émilie DUFRAIGNE

Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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