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Crédits : Hulu

Disney+ part en guerre contre les opioïdes dans DOPESICK – Critique

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Avec DOPESICK, la plateforme Disney+ continue d’enrichir l’offre « adulte » de son catalogue en racontant l’histoire violente et sensible de la crise des opioïdes.

En 1996, un nouveau médicament arrive sur le marché américain : l’Oxycontin. Antidouleur d’une redoutable efficacité, il est créé par le laboratoire pharmaceutique Purdue Pharma qui le présente comme une solution miracle. Mais rapidement, le produit miracle va entraîner des centaines de milliers d’overdoses à travers le pays. DOPESICK, créée par Danny Strong, raconte ce drame à partir de plusieurs points de vue. En premier, celui d’un médecin (Michael Keaton) poussé à prescrire le médicament sur les conseils d’un représentant pharmaceutique (Will Poulter). Face à eux, il y a une jeune travailleuse (Kaitlyn Dever) qui commence à prendre innocemment de l’Oxycontin pour supporter la douleur de ses blessures au travail. Enfin, la série raconte l’histoire des avocats américains et de l’agent de la DEA qui enquêtent sur les effets de ce médicament et sur la famille à l’origine de ce fléau : les Sacklers.

Pourtant DOPESICK est né d’un quiproquo. Quand Danny Strong a confié aux studios 20th son envie d’écrire et de réaliser un film sur la crise des opioïdes, le scénariste a reçu un écho positif. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’au même moment, les studios Fox 21 avaient acheté les droits pour adapter le livre Dopesick écrit par Beth Macy. C’est en lisant un article sur ce sujet dans Deadline que Danny Strong a décidé de travailler en collaboration avec eux : le studio apporterait la richesse du livre et lui amènerait un scénario. « C’est pour cela qu’aucun des personnages de la série n’est dans le livre. C’est pour ça que Dr. Finnix et même les Sacklers… ne viennent pas de l’ouvrage. C’était ce que j’avais pensé avant de savoir que le livre existait » a-t-il ainsi confié à Vanity Fair.

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Crédits : Hulu

Grâce au livre, Danny Strong a su donner un vrai réalisme à la série. Ainsi, l’autrice Beth Macy avait auparavant persuadé le scénariste d’engager le romancier Robert Gipe pour être sûr que les petites villes d’Appalachie allaient être représentées sans stéréotypes (New York Times). Au-delà de cette image, DOPESICK est réaliste dans la manière dont elle raconte la construction du dossier qui a été élaborée contre la société Purdue jusqu’en 2007. En plusieurs épisodes, la série détaille les différentes preuves assemblées pour accuser l’entreprise pharmaceutique.

Ce qui amène de la profondeur à l’histoire, c’est qu’elle montre un côté obscur du capitalisme, où il y a une collusion entre le gouvernement et l’industrie. »

Danny Strong – New York Times

Ainsi, DOPESICK raconte l’élaboration et le déploiement d’une campagne de commercialisation mensongère par une entreprise gérée par une seule famille : les Sacklers. Si cette dernière se défend d’avoir un rôle passif dans la société, la série se concentre tout de même sur le rôle présumé de ces individus dans l’une des plus grosses catastrophes de santé publique dans l’histoire américaine. Aussi, si les sauts dans le temps compliquent parfois la narration, ils permettent néanmoins d’assister en même temps à la création des mensonges par la machine Sacklers et à leur impact sur les médecins et les patients dans les petites villes industrielles d’Appalachie.

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Crédits : Hulu

En s’appuyant sur deux techniques narratives complémentaires (sauts dans le temps et récit choral), le scénario de Danny Strong attaque le sujet sous tous les angles. DOPESICK alterne ainsi les moments de décisions au sein de Purdue Pharma et les portraits de victimes qui en subissent les conséquences. A cela, s’ajoute le parcours des différents enquêteurs qui se penchent sur les agissements de la famille Sackler. Ces différents arcs narratifs créent une ambiance proche du thriller que le scénario équilibre en abordant des histoires personnelles qui apportent de la profondeur et de l’émotion à l’histoire. Aussi, pour incarner ces trajectoires, la série s’appuie un casting incroyable.

Remarquée pour l’interprétation de Rosario Dawson (Bridget Meyer) et l’alchimie entre Peter Sarsgaard (Rick Mountcastle) et John Hoogenakker (Randy Ramseyer), DOPESICK brille surtout grâce à Kaitlyn Dever (Betsy), Michael Keaton (Dr. Finnix) et Will Poulter (Billy Cutler). La première, déjà saisissante dans Unbelievable, joue l’un des rôles les plus complexes de la série. L’actrice continue ainsi de choisir des rôles souvent impactés par des traumatismes. Tout comme pour son jeu dans Unbelievable, Kaitlyn Dever a d’ailleurs été à nouveau nommée aux Golden Globes pour son interprétation dans DOPESICK. Face à elle, Michael Keaton incarne un médecin qui, contre son gré, initie des innocents à l’Oxycontin et observe sa naïveté détruire sa ville et sa vie. Pour ce rôle complexe, l’acteur a notamment remporté un Golden Globes et un SAG Award en tant que meilleur acteur dans une mini-série. Enfin, Will Poulter, qu’on avait laissé enfant dans le monde de Narnia, incarne Billy Cutler, un vendeur à la morale ambivalente. A travers ce personnage, l’acteur permet de dépasser une vision manichéenne de la crise des opioïdes.

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Ainsi, DOPESICK montre une famille qui s’enrichit sur les drames vécus par des patients. Mais à leurs côtés, des personnages plus ambigus évoluent également. Ainsi, Will Poulter (Billy Cutler) et Michael Keaton incarnent tous les deux des personnes qui pensaient « bien faire » mais qui ont été dépassés par un système plus grand qu’eux. Pour Danny Strong, DOPESICK devait aussi pointer vers une problème plus large : celui de l’échec de la régulation par le gouvernement et les institutions. Pour Randy Ramseyer, l’avocat interprété par Hoogenakker dans la série, il était indispensable que les spectateurs « n’accusent pas une famille et en oublient les échecs du système qui ont causé tous ces problèmes ».

A travers sa narration, la série tente également de corriger l’image des toxicomanes en déstigmatisant les victimes de l’Oxycontin. Dans les pages d’Entertainment Weekly, Will Poulter explique que la toxicomanie renvoie souvent à une forme de défaillance ou de faiblesse morale des personnes dépendantes alors que très souvent, ces personnes se sont tournées vers les opioïdes pour soulager leur douleur. Ainsi, oscillant entre colère et sympathie, DOPESICK peint une histoire saisissante d’une communauté détruite par une entreprise et sa famille. Une série à ne manquer sous aucun prétexte.

Sarah Cerange

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• Titre original : Dopesick
Création: Danny Strong
Acteurs : Michael Keaton, Peter Sarsgaard, Michael Stuhlbarg, Will Poulter, John Hoogenakker, Kaitlyn Dever, Rosario Dawson
Date de sortie : 13 octobre 2021
Durée : 8x50minutes
4
Percutante

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