ADORABLES
© Nicolas Schul

ADORABLES, plongée dans les relations mères-filles – Critique

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Une adolescente éprise de liberté et une mère névrosée qui souhaite la protéger. Dans ADORABLES, Solange Cicurel aborde le sujet des relations mères-filles. Une représentation plutôt fidèle mais pas nouvelle, qui manque d’audace pour une comédie.

ADORABLES, comme ce que sont (censés être) les enfants avant de rentrer dans la puberté. Ce qu’était Lila, aussi, avant de franchir la barre des 14 ans. De jeune fille fusionnelle avec sa mère et obéissante à l’autorité parentale (ses parents sont séparés mais son père reste très présent), elle grandit et se mue en adolescente rebelle.

Le point de départ de ce changement de comportement ? Une soirée avec DJ JV ou plutôt LA soirée, celle qui lui permettra de sortir avec Hugo, le beau gosse rencontré au collège. Encore faut-il pouvoir y aller. Puisque sa maman, Emma Renaud, psychologue prônant les méthodes douces d’éducation à base de communication et de non-violence, s’y refuse. Pour la première fois, le duo est ébranlé et la communication brouillée. Commence alors un conflit-combat sans fin entre les deux femmes, l’une pour son émancipation, l’autre pour l’éducation. Et à ce jeu là, chacune y va de son coup bas.

Photo du film ADORABLES
Entre Emma, la mère, et Lila, la fille, c’est une escalade de coups bas qui se déroule sous le regard indifférent du père © Nicolas Schul

Solange Cicurel offre une plongée plutôt véridique dans cette période de transition entre l’enfance et l’âge adulte, où le désir d’émancipation se percute encore au besoin de réconfort d’une peluche. Une traversée mystique qui l’est tout autant pour les parents, qui osent enfin dire « en avoir marre de leur enfant ».

La réalisatrice belge, déjà auteure de Faut pas lui dire (Magritte 2018 du meilleur premier film), retransmet bien ces sentiments si paradoxal qui traversent parents et adolescents, entre amour inconditionnel et haine profonde. Lila, confrontée à l’incompréhension de se voir privée de liberté, et sa mère, qui avoue pour parler de sa fille « quand elle n’est pas là elle me manque, et quand elle est là, elle m’emmerde ».

Solange Cicurel dédie d’ailleurs son film à ses parents et à ses enfants, preuve, peut-être, d’un certain vécu. Aussi, peut-être, qu’il n’y a pas de mode d’emploi pour être un bon parent ni un bon enfant, de quoi relativiser les difficultés.

S’il est facile de trouver sa place dans ce duo, ou plus largement dans cette famille, la guerre mère-fille promise par ADORABLES reste trop sage pour le registre de la comédie.

Impossible de rester de marbre face à l’excellente performance de Elsa Zylberstein en mère traversée par des sentiments contradictoires, excédée, débordée par le comportement de sa fille, voire sournoise, mais aimante. En mère qui n’oublie pas non plus qu’un jour, elle aussi en a fait baver à la sienne. Un rôle taillé pour elle.

L’on retient cette scène de monologue, filmée en plan serré sur son visage, où, dans son lit, elle est en proie à une colère folle contre les excès de sa progéniture et le transmet par ses expressions faciales. A elle seule, l’actrice porte le film. Si bien que la jeune Ionis Matos dans le rôle de Lila ne semble pas à la hauteur pour lui donner la réplique.

Photo du film ADORABLES
Jusqu’ici enfant modèle, Lila va se muer en adolescente rebelle pour rejoindre Hugo à une soirée en boîte de nuit © Nicolas Schul

Le film est rythmé et les coups fourrés se succèdent à bonne vitesse, ce qui ne laisse pas de temps à l’ennui. Mais cela ne suffit pas à rattraper un scénario n’ayant rien de nouveau et des bêtises déjà vues. La guerre ne va pas assez loin, les vacheries ne rappellent que celles déjà commises par bon nombre d’adolescents en restant dans le domaine du « sage ». Sans compter quelques clichés qui alourdissent un contenu qui aurait pu être léger, comme cette romance entre Hugo et Lila.

Malgré ses faiblesses, ADORABLES saura se faire apprécier pour un moment en famille. Chacun trouvera un personnage auquel s’identifier, de l’adolescente désireuse de liberté à la mère dépassée jusqu’au père désemparé (Lucien Jean-Baptiste) et aux nouveaux compagnons au milieu de couples séparés.

Marylou CZAPLICKI

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Titre original : Adorables
Réalisation : Solange Cicurel
Scénario : Solange Cicurel
Acteurs principaux :Ioni Matos, Elsa Zylberstein, Max Boubil, Hélène Vincent, Lucien Jean-Baptiste
Date de sortie : 22 juillet 2020
Durée : 1h31min

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