the vigil
© Wild Bunch Distribution

THE VIGIL, un genre dépoussiéré – Critique

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Présenté à Gérardmer, THE VIGIL fait office de bonne surprise estivale pour un film d’horreur qui réactualise le film de possession.

Dans la religion juive, le Shomer est la personne qui veille la dépouille d’un défunt la nuit qui précède ses funérailles. Il récite des prières afin de guider l’âme du mort vers le salut. Suite à un événement traumatique, Yakov s’est éloigné de sa communauté, en pleine crise de foi, il veut rompre avec sa religion. Mais à court d’argent, il accepte un travail de Shomer et se retrouve à veiller la dépouille d’un ancien rescapé de la Shoah.

L’argument est simple, le projet du film vite installé, le jeune homme va devoir survivre à cette veillée funèbre alors que des phénomènes paranormaux surviennent dans la petite maison. Le réalisateur parvient à construire une ambiance anxiogène en jouant avec le calme apparent et l’horreur qui attend sagement, tapie dans l’ombre des lieux. Il utilise habilement la solitude du personnage comme un élément fondamental du film, Yakov est seul face à lui-même, seul face à ses démons.

THE VIGIL est un film d’horreur à petit budget qui mise sur l’efficacité de son dispositif et l’honnêteté de ses intentions. L’originalité de cette série B réside essentiellement dans la construction de son univers, avoir choisi la religion juive comme décor au film d’horreur. Là où traditionnellement la religion catholique avait donné ses lettres de noblesses aux films de possession (L’Exorciste, The Rite ou plus récemment La Nonne). Keith Thomas a eu la bonne idée de transposer le concept dans un milieu encore sous-exploité dépoussiérant ainsi le genre. La culture juive orthodoxe possède en effet un fort potentiel mystique sur lequel le réalisateur fait reposer toute la puissance horrifique du film.

the vigil
© Wild Bunch Distribution

Mais derrière ses traits de vrai film d’exploitation, THE VIGIL prend une direction séduisante. En introduisant la Shoah dans ce bouillon de pop-culture il permet à des thématiques pertinentes d’émerger. Le défunt, rescapé de la Shoah, a passé sa vie hanté par l’esprit d’un démon. Yakov, qui vient lui aussi de vivre un événement traumatique, se révèle un candidat idéal pour faire office de nouvel hôte. En plus de proposer un divertissement percutant, Keith Thomas nimbe son intrigue horrifique d’une métaphore simple mais efficace sur l’héritage. Un mal qui grandit dans les blessures intimes et des traumatismes qui se transmettent de génération en génération.

Face à ce démon qui surgit, Yakov devra retrouver le chemin de la foi. Cette nuit d’horreur est une épreuve initiatique pour le jeune homme qui renoue avec sa religion. Le film décrit de façon singulière la fonction sociale de la communauté religieuse remise en cause dans son introduction. Là où elle était présentée comme venant contraindre la liberté individuelle, elle se révèle garante du salut des individus. Les jeunes générations viennent expier les maux de leurs aînés. Une conclusion qui peut paraître surprenante d’un point de vue français où le communautarisme est culturellement conceptualisé négativement, réduit à un simple repli identitaire. THE VIGIL nous rappelle à sa manière, que les choses sont bien plus complexes qu’elles n’y paraissent.

Hadrien

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Titre original : The Vigil
Réalisation : Keith Thomas
Scénario : Keith Thomas
Acteurs principaux : Dave Davis, Menashe Lustig, Malky Goldman, Lynn Cohen
Date de sortie : 29 juillet 2020
Durée : 1h30min
3.5
surprenant

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