Antebellum
© 2020 Matt Kennedy - Metropolitan FilmExport

ANTEBELLUM, retour vers le présent – Critique

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« Le passé n’est jamais mort, il n’est même pas passé ». Le film cite, dès son carton d’ouverture, William Faulkner et présente ainsi de manière limpide ses intentions.

ANTEBELLUM mélange deux temporalités, le passé et le présent pour plonger ses protagonistes dans l’Amérique esclavagiste de la guerre civile. Le premier tiers prend place dans une plantation de coton en Louisiane. Janelle Monáe tente d’échapper à son geôliers, le sénateur Denton, interprété par un Eric Lange à la tête d’une troupe de confédérés aussi sadiques que pervers.

L’exposition glaçante s’installe à travers une esthétique presque baroque. Mouvements de caméra, ralentis, clairs-obscurs et éclat de couleurs saturées pour une évocation symbolique d’Autant en emporte le vent. Mais derrière cette effroyable reconstitution plane une sensation de mystère diffus, bascule vers un cinéma de genre que la mise en scène semble nous promettre. En effet, produit par les producteurs de Get Out et Us, le marketing du film insiste sur cette filiation revendiquée. Mais si Bush et Renz proposent un geste de cinéma similaire, à savoir tisser un discours social sur le racisme systémique de la société américaine à l’intérieur d’un film de genre extrêmement codifié, ils ne parviennent jamais à retrouver la virtuosité scénaristique de leur aîné Jordan Peele.

Antebellum
© 2020 Matt Kennedy – Metropolitan FilmExport

Les intentions paraissent certes analogues, mais le résultat est beaucoup moins convaincant. Car les réalisateurs font reposer leur édifice sur un twist prévisible et passablement dévoilé lors de sa promotion. Une fois passé ce retournement qui intervient à la fin du premier tiers, le film peine à se réactiver et s’enlise dans une démonstration bien trop explicite de sa thèse. Le racisme systémique présent dans la société américaine s’enracine dans le passé esclavagiste des États-Unis, un racisme inscrit dans les gênes du pays. Un argument évidemment juste, mais bien trop explicité à travers les dialogues lourdingues d’une deuxième partie dont la fragilité fait vaciller l’équilibre du film.

Pourtant l’actualité confirme la justesse de ces propos. Suite à la reprises du mouvement Black Lives Matter après qu’un policier blanc ait tiré à sept reprises sur Jacob Blake, les médias du monde entier ont vu se succéder les démonstrations de forces entre les différents camps. D’un côté des manifestations de milices de suprémacistes blancs et de l’autre l’apparition d’une milice noire avec la NFAC (Not Fucking Around Coalition), un groupe paramilitaire qui s’inspire des Black Panthers organisé autour du leader « Grandmaster Jay ». ANTEBELLUM nous donne à voir le visage d’une Amérique plus que jamais fracturée par les résurgences d’un passé encore à l’œuvre.

Antebellum
© 2020 Matt Kennedy – Metropolitan FilmExport

Malheureusement, une fois que le film a fait la démonstration de son concept, il ne reste plus grand chose pour le remplir. L’horreur promise ne se déploie jamais véritablement, elle n’est qu’un costume d’apparat calibrée pour un marketing aguicheur. Bush et Renz ne captent qu’à moitié le potentiel de leurs personnages secondaires relégués au rang de simples esquisses archétypales. C’est dommage car le film possède néanmoins quelques séquences qui sont de sublimes moments de mise en scène. On pense au plan séquence d’introduction qui, en quelques minutes, réussit à planter le décor dans un formalisme à couper le souffle. Ou encore l’affrontement final qui se conclue dans un moment de bravoure expiatoire revigorant et dont l’esthétique flamboyante réussit à provoquer quelques frissons.

Hadrien

Note des lecteurs3 Notes
Titre original : Antebellum
Réalisation : Gerard Bush et Christopher Renz
Scénario : Gerard Bush et Christopher Renz
Acteurs principaux : Janelle Monáe, Jena Malone, Kiersey Clemons, Gabourey Sidibe, Jack Huston, Lily Cowles, Eric Lange
Date de sortie : 09 septembre 2020
Durée : 1h46min
2.5
décevant

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