Un port de pêche en Normandie.
Angèle a de bonnes raisons de se construire une nouvelle vie lorsqu’elle débarque dans celle de Tony, marin pêcheur en quête de sentiments.
Malgré le désir qu’il a pour elle, Tony garde ses distances. Angèle le cherche. Tony l’observe. Trop belle, trop déroutante, il ne peut croire qu’elle est là pour lui…Note de l’Auteur
[rating:7/10]
• Date de sortie : 26 Janvier 2011
• Réalisé par Alix Delaporte
• Film français
• Avec Clotilde Hesme, Grégory Gadebois, Evelyne Didi
• Durée : 1h27min
• Bande-Annonce :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xg5un7_angele-et-tony-bande-annonce-vost_shortfilms[/dailymotion]
Une fois n’est pas coutume, intéressons-nous au cinéma français (ce n’est pas si grave), et plus précisément à son genre le plus pléthorique : le film d’ « ouverture de portes » (là, ça l’est). Pour les non-initiés, cette expression inventée par je-ne-sais-plus-qui (en tout cas quelqu’un qui avait les yeux ouverts et la formule facile) sert à railler ces films soi-disant d’auteur qui, sous couvert de raconter une « tranche de vie » comme on dirait sur une antenne régionale de France 3, jugent utile de prendre le temps de nous montrer des gens ouvrir ou fermer des portes entre deux discussions (sur l’amour, la mort, le sens de la vie et… qu’est-ce qu’on mange ce soir ?) interminables (un peu comme cette phrase).
L’histoire ? Il n’y en a pas, c’est une tranche de vie, on vous dit. « Most of the time, nothing happened. Like in french movies. » proclamait Mr. Nobody il y a un an. On crédite un scénariste pour la forme, souvent le même nom que le réal quand on cherche le label « auteur » mais la trame est toujours la même, néanmoins la plus riche et la plus efficace, comme disait Hitchcock : « Boy meets girl ». Assez de méchanceté facile, ces films n’étant pas tous si mauvais, surtout quand il n’y a pas Benjamin Biolay et accordons le bénéfice du doute à la réalisatrice dont c’est le premier film.
Le boy, ici, est un inconnu (pour moi, pauvre inculte… mais ne faites pas trop les malins !) venant de la Comédie-Française (qui a soupiré ?) jouant la solitude butée du vieux loup de mer comme un acteur amateur (c’est un compliment) de chez les Dardenne, qu’on aurait casté sur le port. Il s’appelle Grégory Gadebois, si vous voulez briller en société. Pardon, « Grégory Gadebois de la Comédie Française ».
La girl, que dis-je, LA girl, c’est Clotilde Hesme. Ceux qui l’ont vue dans Les chansons d’amour ou Le fils de l’épicier s’en souviennent mais ils sont peu nombreux. C’est clairement l’intérêt principal du film, la bonne idée étant de lui donner enfin un vrai premier rôle ; un plan avec Clotilde Hesme étant un plan réussi, vous imaginerez que ce film vaut mieux que mes deux premiers paragraphes ne le laissaient espérer. La caméra l’aime, comme on dit. C’est moche pour les autres mais c’est comme ça : même en ne faisant rien, elle est bien. Même en traversant la campagne normande sur un vélo, elle est bonne. Heureusement car on en fait, du vélo, ici ! Le coup de pédale a remplacé la poignée de porte…
La cinéaste traite de la réinsertion sociale des deux personnages : elle a des choses à se faire pardonner, lui a besoin de voir quelqu’un d’autre que sa mère, chez qui il vit. Ils vont apprendre à s’apprivoiser, doucement, elle ayant un besoin urgent et lui n’étant pas dupe et apprendre mutuellement pour pouvoir enfin sortir de leur (triste) situation de départ. Social encore, avec la condition des marins pêcheurs en toile de fond : ça coûte 3 palettes et 2 pneus brûlés alors même avec un petit budget, beaucoup de ses confrères devraient s’en inspirer.
Comme ses personnages, le film sait s’extirper de la case dans laquelle on aurait trop facilement pu le ranger pour montrer son vrai visage, tout à fait admirable. Avec l’immense mérite de ne pas s’étaler sur plus d’1h30 (on en a vu d’autres en dire moins avec une heure de plus et vous faire honteusement sortir vos petits mouchoirs).
Espérons qu’il apportera à Clotilde Hesme les rôles qu’elle mérite, en attendant le réalisateur qui la « blackswanisera » (opération consistant à transformer un vilain petit canard de téléfilm en majestueux cygne incontournable du 7è art) avant qu’elle ne sombre définitivement dans le syndrome de Julie Gayet (une bonne actrice dans des films nuls).