CORNICHE KENNEDY

[CRITIQUE] CORNICHE KENNEDY

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CORNICHE KENNEDY
• Sortie : 18 janvier 2017
• Réalisation : Dominique Cabrera
• Acteurs principaux : Lola Creton, Aissa Maiga, Kamel Kadri, Alain Demaria
• Durée : 1h34min
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4
Note du rédacteur

Adapté du livre de Maylis de Kerengal – qui décidément après Réparer les vivants séduit les réalisatrices ces derniers temps -, CORNICHE KENNEDY signe le retour à la fiction d’une réalisatrice qu’on affectionne, Dominique Cabrera. Après son très beau et émouvant film autobiographique Grandir en 2013, Dominique Cabrera filme une jeunesse sur le fil du rasoir, entre vertige et innocence.

Suzanne (Lola Créton) traine son air désenchanté le long de la mer à Marseille en attendant de passer son bac dans trois jours. Elle observe de sa villa un groupe de jeunes qui sautent de la corniche à plus de dix mètres de haut. Fascinée par cette prise de risque, elle qui a le vertige, elle les approche sur leur « terrain de jeu » et les prend en photo. Eux, ce sont des garçons et des filles de la cité, les minots de la corniche qui ont trouvé dans le saut un exutoire à leur vie difficile. Ils la défient de sauter à son tour comme un rituel pour rejoindre le groupe. Pourtant tout les sépare. Elle habite les beaux quartiers de Marseille et ne connait rien à leurs codes. Elle se jette à l’eau encouragée par Medhi (Alain Demaria) qui l’accompagne dans son saut. Dans le groupe, il y a aussi le beau Marco (Kamel Kadri), chauffeur dans un réseau de drogue à ses heures. Lui aussi attire Suzanne qui n’a pas envie de choisir entre Medhi et lui. Car par-dessus tout, CORNICHE KENNEDY est un film sur l’instant présent, la fureur de vivre, le vertige de l’inconnu. Le trio amoureux sillonne les routes autour de la corniche à bord d’une mobylette et se retrouve entre ciel et mer caressés par la lumière d’été. Peu importe le lendemain, Suzanne a désormais trouvé sa place au sein de cette communauté de plongeurs.

CORNICHE KENNEDY

Il y a de la poésie dans le film de Dominique Cabrera, de celle qui nait du fil invisible reliant la vie et la mort, le vide et la matière. Une intrigue policière s’ajoute en filigrane à ce récit comme pour souligner les différences sociales, la drogue qui tourne dans les quartiers et la place des uns condamnés à vivre dans un danger permanent par manque de perspective d’avenir. Le plongeon dans le vide devient dès lors le meilleur moyen pour eux de se sentir vivants. La grande force du film réside dans le choix qu’a fait la cinéaste de mêler les acteurs non-professionnels et véritables plongeurs à des acteurs professionnels. Les jeunes de la corniche apportent une authenticité, une personnalité et une innocence qui donne au film une couleur documentaire, un élan de liberté inoui. Lola Créton se fond dans le groupe avec un naturel confondant.

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Suzanne, du haut de sa villa aspire à un vent de liberté et une envie de se frotter au danger quitte à tout abandonner, son bac comme son cercle de nageurs huppés. Elle parle peu, s’exprime par son regard noir tandis que les autres n’hésitent pas à se charrier. Elle ressemble à un animal sauvage qui aurait retrouvé une famille et la sensation d’exister. Car c’est ce qu’ils veulent par dessus tout, exister. Medhi explique à la commissaire après une garde à vue :« Tu es éteinte toi ! Moi je suis allumé, je suis à fond ! ». Ils ne veulent pas d’une vie médiocre, ils veulent se sentir libres coûte que coûte. Dans une scène, alors qu’ils achètent de quoi préparer un barbecue, on voit leur image se refléter dans la vitrine d’une boucherie se superposant aux jeunes du même âge qui « charbonnent » à l’intérieur. Pas question pour eux de travailler pour rien, cet avenir-là ils le refusent et préfèrent vivre au présent, risquer une mauvaise chute pour une sensation éphémère.

CORNICHE KENNEDY

Jamais Dominique Cabrera ne les enferme dans un portrait caricatural. Tous les personnages sont animés d’une empathie qui leur permet de dépasser les frontières de leur propre monde et de créer des passerelles entre les flics et les racailles, entre la bourgeoisie incarnée par Suzanne et les minots de la cité. Le personnage du commissaire (Aïssa Maïga) illustre parfaitement cette empathie. Elle a envie d’arrêter les malfrats de ce réseau de drogue mais comprend aussi que Marco n’est qu’une victime de plus du milieu où il évolue et qu’on ne lui a jamais laissé sa chance. La chance de s’enfuir pour de bon.

CORNICHE KENNEDY est le portrait d’une jeunesse non résignée qui veut encore croire à l’âge des possibles, au vertige du moment présent, aux vibrations de l’immédiateté. Du haut de la falaise, dans les temps suspendus où les regards se croisent avant de plonger, où les corps se frôlent, surgit une grâce solaire. Celle qui ressemble à la vie qui nous traverse.

Anne Laure Farges

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Angelique s\'habille
Angelique s\'habille
Invité.e
9 février 2017 10 h 26 min

Je partage tout a fait votre avis sur le film !

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