Le Discours d’un roi est le dernier bijou anglais en date. Avis aux amateurs du genre historique, là n’est pas le principal intérêt.
Certes, l’histoire de George VI nous est ici racontée sous un angle peu connu : celui de sa lutte contre un handicap venu de l’enfance et de la remarquable amitié qui en découlera avec un orthophoniste pour le moins original. C’est à travers ce prisme qu’apparaissent, presqu’en fond, l’abdication de son frère Edouard VIII et la montée du nazisme. Alors, tant pis pour les quelques erreurs de dates, Le Discours d’un roi vient avant tout nous raconter l’histoire d’un homme face à ses démons.
Et pour ce faire, il fallait de remarquables acteurs. Colin Firth, incarnant George VI, fait preuve d’un jeu d’une précision époustouflante. Sans mièvrerie ni pathos, on reste bouleversé par une détresse contenue, élégante et juste. Sans grimaces, sans cris et sans larmes, le spectateur retient son souffle à chaque discours. C’est Geoffrey Rush qui lui donne la réplique dans le rôle de Lionel Logue. On est surpris et on rit beaucoup de son aplomb très « british », de son œil malicieux et de la simplicité avec laquelle il prend en charge son royal patient. Le duo fonctionne à merveille, et la touche féminine qu’apporte la pétillante Helena Bonham Carter complète parfaitement le triumvirat autour duquel semble flotter le film.
Le Discours d’un Roi, par sa simplicité, sa tendresse et sa finesse est un film d’une rare qualité. L’intime se mêle à l’histoire et on vit un beau moment de cinéma.
Certes, Le Discours d’un roi reste très classique dans son écriture. Sept semaines pour faire un film c’est très peu, mais le résultat est là : on retrouve un Colin Firth souvent étouffé dans le cadre, et on le suit lors de son accession au trône, endossant avec lui chacune de ses responsabilités, ses doutes et ses luttes. Classique, donc, mais remarquablement efficace. D’autant que certains cadres sont construits comme de véritables tableaux, personnifiant le microphone comme protagoniste central. Tom Hooper nous fait redécouvrir la radio, son pouvoir et surtout ses exigences. On se régale d’entendre ces voix et ce son si particuliers, presque feutrés.
Ceux qui apprécient l’humour anglais ne seront pas déçus : il se savoure d’un bout à l’autre, dévoilant toujours une dose de rire face à la détresse la plus amère. Il faut dire que le réalisateur a pu bénéficier du journal intime du véritable Lionel Logue. Ainsi, les rapports les plus ahurissants naissent entre le roi et un simple sujet, avec une belle authenticité que l’on ne veut pas remettre en doute. Tom Hooper possède une véritable virtuosité pour dépeindre au plus près les relations entre les personnages, aussi discrètes soient elles : Lionel Logue se révèle un père touchant, et George VI un fils oppressé par son père.
Le Discours d’un Roi, par sa simplicité, sa tendresse et sa finesse est un film d’une rare qualité. L’intime se mêle à l’histoire et on vit un beau moment de cinéma.
Laure