[dropcap size=small]B[/dropcap]iopic consacré à l’une des grandes figures du journalisme italien, ORIANA FALLACI a de quoi intéresser. Il faut pourtant noter immédiatement le parcours de son réalisateur, Marco Turco. Ce dernier, avant de signer son troisième long-métrage, travailla durant près de dix ans dans le documentaire (In un Altro Paese en 2006 et La Casa del Bambini en 2011) et pour la télévision (Rino Gaetano en 2007, C’era una vlota la città dei matti… en 2009 et Altri Tempi en 2012). Des genres qu’on retrouve malheureusement comme une empreinte dans ORIANA FALLACI, marqué par un manque de personnalité et de vrais défauts dans le montage sonore et visuel. Marco Turco ne se montrant pas particulièrement fin, soulignant de manière grossière chaque détails. Il y a bien sûr la vie passionnante et riche d’Oriana Fallaci, mais le résultat s’avère finalement bien plus proche d’un téléfilm que d’un film de cinéma tant les qualités techniques qu’on pouvait espérer ne sont pas au rendez-vous.
Oriana Fallaci raconte la vie à cent à l’heure de cette journaliste italienne hors norme, de la Dolce vita au 11 Septembre en passant par le Vietnam, la Grèce des colonels ou l’Iran de Khomeiny. Oriana Fallaci est impertinente, drôle et parfois brutale. Elle a révolutionné le journalisme, a sillonné la planète et surtout rencontré et bousculé tous ceux qui font l’Histoire.
Avec ORIANA FALLACI trois parties se distinguent les unes des autres assez aisément. En raison des périodes présentées évidemment – le film retrace plusieurs décennies, des années 1950 avec les débuts d’Oriana à seulement 17 ans, aux années 2000 – mais également dans la qualité ou non de chacune. En cela le film apparaît pour le moins étrange, comme réalisé en trois temps, par trois productions différentes.
Pour la première période, Oriana fait ses débuts en tant que journaliste. Après un passage rapide dans la presse people, elle voyage à travers le monde, découvre notamment le port de la burqa et s’insurge sur la condition féminine au Pakistan, avant de suivre la guerre du Vietnam au plus près. Nous sommes dans les années 1960, la reconstitution est particulièrement réussie et l’utilisation d’images d’archives et de musiques d’époque donne une part d’authenticité. Seulement voilà, chose étonnante, toutes les séquences parlées en anglais – entre Oriana et les soldats américains majoritairement – ont été doublées. Sans doute en raison d’accents trop prononcés des acteurs à l’origine. Une méthode qui n’est pas nouvelle dans le cinéma italien. Claudia Cardinale par exemple, originaire de Tunis, fut doublée durant une grande partie de sa carrière en raison de son italien approximatif. Malheureusement, ici, le travail sonore est catastrophique et le doublage devient évident et trop visible. Une vraie déception tant l’intrigue présentée passionne. N’ayant jamais peur et ne reculant devant rien, Oriana se jette dans tous les conflits, n’hésite pas à aller dans les pays les plus dangereux. Cette insouciance liée à sa jeunesse s’estompera avec l’âge et avec les envies d’être mère.
« Le film aurait grandement de quoi convaincre, mais à la télévision. »
Heureusement cette utilisation du doublage s’efface par la suite lorsqu’Oriana s’envole pour la Grèce pour y rencontrer l’homme politique et résistant Aléxandros Panagoúlis. L’italien est alors privilégié et omniprésent. Chose étrange en Grèce dans les année 1970, mais qui rend le film bien plus agréable. On se demande pourquoi ne pas avoir fait ce choix assumé dès les premières minutes du film pour garder une cohérence d’ensemble.
C’est durant cette partie qu’on verra Vittoria Puccini se sublimer dans son interprétation. L’actrice magnifique, élancée, chevelure châtain et yeux bleus, incarne à la perfection Oriana. Passant à travers les âges, elle parvient à faire évoluer son caractère et son jeu. D’autant que la vie d’Oriana fut composée de révoltes, de combats incessants (contre les autres et contre elle-même) mais également d’une grande solitude. La qualité du film étant alors sa capacité à représenter fidèlement plusieurs décennies, allant jusqu’au début des années 2000. Il s’agira d’ailleurs de la troisième et dernière partie, introduite par les événements du 11 septembre 2001 dont Oriana fut témoin. On regrette de ne pas voir ce passage plus développé, marquant le retour de la journaliste à l’écriture (elle arrêta le métier de journaliste en 1977), avant de décéder quelques années plus tard, le 15 septembre 2006 à 77 ans. Une manière également d’éclipser ses positions très limites sur la religion islamique qu’elle attaquait ouvertement. Le film ne présentant à aucun moment une part « négative » de son personnage nous laisse perplexe.
Devant un tel symbole qu’était Oriana Fallaci, on aurait aimé se réjouir devant cette œuvre retraçant toute sa vie. On ne peut malheureusement que constater les limites de cette production italienne, pourtant capable d’habitude de spectacles grandioses (les films de Michele Placido : Romanzo Criminale, Le rêve Italien, L’ange du mal…) ou d’œuvres intimistes (La Prima Cosa Bella, Mon frère est fils unique, La nostras Vita, Miele…). C’est en effet une toute nouvelle vague du cinéma italien de qualité que nous découvrons depuis plus de dix ans, bien que la production soit de plus en plus réduite et au plus mal. Finalement, ORIANA FALLACI aurait grandement de quoi convaincre, mais à la télévision. N’étant pas entièrement raté le film n’en est pas moins frustrant de par tant de potentiel.
@PSiclier
LES AUTRES SORTIES DU 05 AOÛT 2015
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• Titre original : L’Oriana• Réalisation : Marco Turco
• Scénario : Stefano Rulli, Sandro Petraglia, Fidel Signorile, Marco Turco
• Acteurs principaux : Vittoria Puccini, Vinicio Marchioni, Francesca Agostini
• Pays d’origine : Italie
• Sortie : 5 août 2015
• Durée : 1h48
• Distributeur : Happiness Distribution
• Synopsis : Oriana Fallaci raconte la vie à cent à l’heure de cette journaliste italienne hors norme, de la Dolce vita au 11 Septembre en passant par le Vietnam, la Grèce des colonels ou l’Iran de Khomeiny. Oriana Fallaci est impertinente, drôle et parfois brutale. Elle a révolutionné le journalisme, a sillonné la planète et surtout rencontré et bousculé tous ceux qui font l’Histoire.
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