Adaptation du roman de Robert Harris, L’Homme De L’Ombre, The Ghost Writer est un long-métrage de Roman Polanski, réalisateur aussi excentrique qu’habile qui a déjà érigé de petites perles du cinéma comme Rosemary’s Baby, Le Pianiste ou encore Chinatown.
Ours d’Argent au Festival de Berlin 2010, ce thriller sur fond de politique avait de quoi susciter l’attention dans la mesure où il avait été mis sous le feu des projecteurs en même temps que l’actualité bouillante de son réalisateur. Dès lors, une interrogation planait dans les esprits : The Ghost Writer a-t-il reçut cette distinction parce-qu’il le mérite ou simplement pour donner un coup de pouce à Roman Polanski ?
Dès les premières secondes, on sent que Roman Polanski n’a rien laissé au hasard avec ce film. Un meurtre étrange, un politicien rédigeant ses mémoires, un nouveau nègre à ses côtés, il n’en fallait pas plus à ce maître du suspense pour nous embarquer dans une intrigue nous tenant en haleine jusqu’à un final magistral. Polanski réussit à capter notre attention de la première à la dernière seconde avec une mise en scène sobre où les moindres petits détails semblent avoir leur importance dans le dénouement de l’intrigue. Il y a quelque chose de très hitchcockien dans la manière de filmer de Polanski qui peut nous faire penser à des films comme Fenêtre Sur Cour ou Sueurs Froides. La mécanique est bien huilée, chaque plan est si bien pensé que même la scène la plus insignifiante attire toute notre curiosité pour essayer de trouver la solution à ce thriller politique réussissant habilement à dresser le portrait d’un premier ministre essuyant des revers de médailles houleux.
Sous son aile, Polanski met en scène des acteurs offrant aux spectateurs des rôles d’une justesse inébranlable. Ewan McGregor a enfin un rôle lui permettant d’exploiter des talents le plus souvent laissés au placard, Pierce Brosnan est magnétique en premier ministre essayant de redresser un navire en perdition et les femmes tiennent également une part très importante dans le film. Comme à l’accoutumée, Roman Polanski met sous le feu des projecteurs des femmes sensuelles, presque charnelles, qui, sous des airs d’ingénues, s’avèrent être de parfaite mantes religieuses. A cela s’ajoute une bande originale parfaite qui a déjà fait ses preuves dans les précédents métrages du réalisateur, notamment avec La Neuvième Porte, et qui parvient encore aujourd’hui à nous entrainer un peu plus loin dans un suspense à la tension maximale.
Au final, The Ghost Writer mérite amplement ses distinctions offertes lors du Festival de Berlin. Propre, épuré, sobre, ce thriller politique propulse son créateur au rang des maîtres du genre, l’un des derniers résistants d’une époque où les films à suspense ne reposaient pas uniquement sur la surenchère de rebondissements et d’effets visuels à tire-larigot. The Ghost Writer, un film à déguster et à découvrir lentement, avec douceur et parcimonie, comme un bon vin.