en même temps
Crédits : Chloe Carbonel

EN MÊME TEMPS, pétard mouillé – Critique

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Prometteur et inventif durant un premier acte transgressif, EN MÊME TEMPS s’étire en longueur et se sabote, par excès de supercherie.

En termes d’apologue politique, le duo Kervern / Délépine n’en est plus à son coup d’essai. La recette est désormais connue : la conception d’une utopie amère qui engendre une figure de proue (Jean Dujardin, Albert Dupontel ou Denis Podalydès) que ses créateurs confrontent ensuite à l’horreur radicale de nos mœurs contemporaines. On a ainsi souvent admiré la capacité des humoristes à immiscer leur caméra dans ces lieux reclus, loin de tout, pour en tirer l’énergie substantielle (La ZAD dans I feel good ou le quartier résidentiel de Blanche Gardin de Effacer l’historique). Malheureusement, si l’équilibre était tangible dans Mammuth ou Louise Michel, avec EN MÊME TEMPS, le procédé atteint vite ses limites.

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Crédits : Chloe Carbonel

Cela n’est sûrement pas la faute d’un duo d’acteurs au sommet. Jonathan Cohen excelle en droitard destructeur et Macaigne ne sort pas de sa zone de confort en caricature d’un gauchiste écolo et alcoolique. Leur alliance donne lieu à de belles situations où absurde et satire coexistent avec brio, jusqu’à ce que le récit décide de dévoiler leur vulnérabilité. A l’heure d’une campagne terne et incompréhensible, n’aurait-il pas été judicieux d’exhiber pleinement les traits de la caricature au détriment d’un lyrisme purement didactique ?

Car oui, malgré toute sa bien-pensance et ses contours engagés, la narration demeure excessivement monochrome. Le trio féministe vengeur manque d’âme, et peut-être que le récit aurait gagné en saveur s’il avait osé imaginer une femme de pouvoir, au détriment d’un des deux Hommes. Désincarnées et dénuées d’esprit dans cet univers, les femmes auraient gagné à s’imposer par d’autres subterfuges. Il n’en est rien, et ce même si la séquence finale des monuments « collés » émeut, épilogue moraliste implacable mais dont le spectateur visé a déjà connaissance.

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Crédits : Chloe Carbonel

Nostalgie d’une gauche idéalisée « grolandesque » qui annihile la modernité sous toutes ses formes, EN MÊME TEMPS ne présente pas moins certaines qualités (malheureusement souvent déjà montrées dans les bandes-annonces). On préfère ainsi lorsque le récit se dédie à l’absurde d’une situation mûrement pensée. Paradoxalement, par manque de folie, certains gags dysfonctionnent, rattrapés par une réalité morbide préexistante (et oui, Village Nature existe déjà !). Difficile de ne pas repenser avec nostalgie à l’épilogue de I feel goodJean Dujardin, équivalent plus juste du personnage campé par Cohen, mutait littéralement en Abbé Pierre. On espère toutefois que le résultat des élections alimentera encore l’imaginaire débridée de deux réalisateurs en qui, malgré tout, la confiance demeure.

Emeric

Note des lecteurs3 Notes
Titre original :En même temps
Réalisation : Gustave Kervern, Benoît Delépine
Scénario : Gustave Kervern, Benoît Delépine
Acteurs principaux :Jonathan Cohen, Vincent Macaigne, India Hair, Jehnny Beth, Doully, Yolande Moeau
Date de sortie : 6 avril 2022
Durée : 1h46min
2
Décevant et ennuyeux

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