Inattendu, le premier film avait créé la surprise en 2018. Comme toujours pour ce type de divertissement, le public craint d’être déçu par sa suite. Or, il n’en est rien. Pour les amateurs du genre, SANS UN BRUIT 2 est sans nul doute une réussite.
Alors que Sans un bruit premier du nom prenait le temps d’installer ce silence mortifère ambiant que rien ne devait briser, ce second volet débute avec grand bruit et fracas. La première séquence du film répond explicitement à la scène d’ouverture du précédent. Avec ce même travail millimétré du son, soulignant chaque pas, chaque objet déposé, chaque porte claquée… Nous entrons ainsi dans un flashback du monde d’avant. Dans une bourgade américaine ordinaire, où le bruit le plus anodin résonne comme une menace. Magnifique et palpitante entrée en matière.
D’autant qu’on n’y néglige pas le grand spectacle. Cette fois, le film ne cachera pas ses monstres. Discrets au premier tour de manège, ici, ils entrent en scène et en nombre dès les premières images. On y décèle quelque chose du Spielberg des origines, lorsque le paisible american dream tremble sur ses bases. Aussi, et c’est l’évidence même, un sérieux hommage aux adaptations cinématographiques de Stephen King – ça ne fait aucun doute. Quand soudain, le silence retombe. Retour au présent. Et l’on rebascule dans ce nouvel apocalypse.
Car l’hommage, s’il se doit d’être souligné, se révèle loin d’être idiot. SANS UN BRUIT 2 s’inscrit, certes, dans tout un héritage d’épouvante et de films de monstres – Alien et Predator en tête ,- qu’il salue respectueusement… Mais l’enjeu est loin du tribute porn que l’on voit fleurir ici et là depuis le retour de Ça et Stranger Things. Non, John Krazinski déploie toute une mythologie pour illustrer un propos sur le devenir de nos sociétés individualistes. Au jeu de la fable post-apocalyptique, il tire cette fois sur la célèbre corde de « L’homme est un loup pour l’homme ».
Désormais, l’homme n’est plus uniquement pris en chasse par ces gigantesques prédateurs à l’ouïe ultrafine. Il se bat aussi avec d’autres hommes. Pour des vivres, des armes, des soins… Si la corde est usée, Krazinski tire néanmoins dessus avec grâce. Tout rebondissement humain n’est jamais gratuit et donne au récit sa dimension sociétale. Aussi, des moments de sursauts et de tension menés de main de maître. Ceci, pour économiser sournoisement l’autre corde – qu’il serait dangereux de trop tirer par ailleurs : celle des monstres. Démogorgons glaçants, toujours tapis dans l’ombre, prêts à surgir au moindre bruit.
SANS UN BRUIT 2 mise aussi sur le voyage vers l’Eden, le paradis perdu rescapé de l’Apocalypse où l’on tient enfin une chance de survie. Un autre mythe du postapo que Krazinski réutilise ici avec la même finesse que dans le reste de son scénario. Nul doute que l’homme est féru du genre et l’a étudié sous toutes les coutures pour en tirer la substantifique moelle. Il en résulte un superbe divertissement hollywoodien, rondement mené, qui sait exploiter les codes de son genre, sans pour autant les réduire à l’état de clichés. Espérons que cette saga si bien débutée ne s’enfonce jamais dans les mêmes méandres que ceux d’Alien. Croisons les doigts.
Lily Nelson
• Réalisation : John Krazinski
• Scénario : John Krasinski, Bryan Woods
• Acteurs principaux : Emily Blunt, Cillian Murphy, Millicent Simmonds
• Date de sortie : 16 juin 2021
• Durée : 1h48min