LOVE, DEATH + ROBOTS : on a classé les 9 épisodes du volume 3

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Après une longue attente et une légère déception après le volume 2, le troisième volume de la série d’anthologie LOVE, DEATH + ROBOTS est tout juste arrivé sur Netflix. Une chose est sûre, ce dernier est loin de décevoir. Zoom sur chacun des épisodes.

Dirigée notamment par David Fincher et Tim Miller, la série est une compilation de court-métrages rendus sous des formes d’animations variées. Ce volume 3 pourrait être l’un des meilleurs notamment grâce à une diversité dans les styles aussi bien visuels que scénaristiques que dans la succession des épisodes qui limite grandement les similitudes. Chaque création reste fidèle à l’ADN de la série entre horreur et science-fiction. En plus de la créativité artistique, c’est la capacité à la réflexion qui caractérise cette anthologie dressant toujours un portrait toujours sombre de l’humanité. 

9. Kill Team, Kill (Allez, Feu)

Crédits : Netflix

Un ours cybernétique, résultat d’une expérience détournée de la CIA, affronte des soldats américains au sens de l’humour particulièrement douteux. De l’action, de la violence, un surplus d’adrénaline mais aussi de sang… 

Il est vrai que dès le début, les attentes et enjeux ne sont pas aussi élevés que pour les autres épisodes de la saison. Kill, Team, Kill se révèle assez vite être un moment gore et surtout assez macho qui fait tendre l’épisode du côté de la parodie, que certains risquent de ne pas trouver à leur goût. Il manque naturellement un grain émotionnel qui est remplacé par la moquerie et le second degré permanent de l’épisode. De l’animation en passant au scénario de base, c’est une séquence de divertissement correcte mais sans plus, séquence qui n’a pas la capacité de se démarquer.

8. Night of Mini Dead (La nuit des petits morts)

Une partie de jambes en l’air désastreuse dans un cimetière déclenche une apocalypse zombie plutôt mignonne, le tout avec des ensembles miniatures et animé en stop-motion

Crédits : Netflix

Difficile de qualifier Night of Mini Dead d’épisode lorsqu’il ne dure que 7 petites minutes. Cette mini création reprend les absurdités de la plupart des films de zombie en y imposant une approche à la fois légère et satirique. Les champs larges contribuent à rendre l’histoire amusante tant on semble détaché et distant de cette apocalypse. C’est super créatif, drôle, remarquablement bien mis en scène, mais s’apparente plutôt à une petite diversion que l’on oublie trop vite.

7. Swarm (L’Essaim)

Crédits : Netflix

Tiré de la nouvelle de Bruce Sterling, Swarm suit les découvertes de deux chercheurs post-humains au sein d’une entité alienne entièrement organisée et automatisée. Une histoire de sciences, de philosophie et de peur ; dans un univers hostile et si éloigné de l’humanité, la survie a toujours un prix et certains destins sont pires que la mort. 

Créé et réalisé par Tim Miller, Swarm va au-delà des réflexions profondes et autres philosophies que nous a jusqu’alors proposé la série. Il est si intellectuel qu’il en oublie presque d’être divertissant. Le design des personnages et de l’ensemble des créatures est notable et suivre la transition du fabuleux au sinistre d’un monde extraterrestre est toujours aussi captivant à voir. Le souci est que Swarm est plombé par des dialogues interminables alimentant une histoire qui ne se matérialise quasiment jamais. En fusionnant les thématiques de vie extraterrestre, de capacités intellectuelles ou encore de la place de l’humanité, l’épisode est une profonde science-fiction qu’il serait bon de regarder plusieurs fois pour en comprendre tous les enjeux. 

6. Three Robots – Exit Strategies (Les Trois Robots – Stratégie de sortie)

Seule suite directe d’un épisode de la saison 1 de LOVE DEATH + ROBOTS, le trio de robots revient pour analyser les dernières stratégies de survie humaine juste avant que l’humanité que nous connaissons arrive à son terme. 

Crédits : Netflix

Three Robots – Exit Strategies est toujours aussi bien animé, comme tout droit sorti des studios Pixar. Il est amusant de retrouver ces personnages critiquant sans cesse l’humanité dans son égoïsme, sa naïveté et sa bêtise. Même si le ton est léger, il y a toujours matière à réflexion. On regrette légèrement le manque d’originalité et de prise de risque par rapport à l’épisode de la saison 1 ; résultat les blagues semblent parfois moins drôles et les idées comme déjà vues. En bref : un retour toujours engagé mais pas si marquant. 

5. Mason’s rats (Les rats de Mason)

Crédits : Netflix

Un agriculteur grincheux prend des mesures drastiques pour lutter contre des rats hyper-évolués proliférant dans ses granges. Il faudra l’installation de robots à la pointe de la technologie pour que Mason réalise que les rongeurs sont mieux équipés pour se battre qu’il ne l’avait jamais imaginé. 

Cet épisode trouve sa force dans sa simplicité et est tout simplement la bienvenue entre 2 fictions ultra profondes. Le message en lui-même est aussi simple : la technologie fait disparaître le peu d’humanité qu’il reste encore aux humains. Les performances vocales et le gore sur-exagéré rendent l’ensemble très amusant tout comme le style artistique qui appuie volontairement les singularités des personnages. En somme, Mason’s rats est une caricature brève et accessible du comportement humain partagé entre ce besoin de technologie et sa conscience culturelle. Un mini message anti-guerre dans un univers qui semble bien sombre, l’épisode n’en demeure pas moins un bon moment et remplit tous ses objectifs. 

4. In Vaulted Halls Entombed (Dans l’obscurité des profondeurs)

Dans les montagnes afghanes, une opération de récupération d’otages prend une tournure sombre. L’escouade de soldats voit sa principale menace passer de simples terroristes à un mal ancestral régnant dans les profondeurs. 

Crédit : Netflix

Épisode particulièrement sombre, In Vaulted Halls Entombed est marquant par la vraisemblance de ses enjeux et l’importance accordée au suspense. C’est un spectacle d’horreur, violent et dur qui va droit au but. Une fois de plus, l’animation 3D est impressionnante même si réduite sur le rendu de certains personnages alors que le choix d’un style visuel basé sur le réalisme pur n’a jamais eu autant sa place. En condensé : 15 minutes de tension, des ennemis au design effroyablement réussi et une fin effrayante donnant une valeur supplémentaire à l’épisode.

3. The Very Pulse of the Machine (Le pouls brutal de la machine)

Crédits : Netflix

Io, satellite de Jupiter, une exploration tourne mal et oblige une astronaute à survivre en transportant le corps d’un copilote. Face aux douleurs et aux blessures, les médicaments maintiennent l’astronaute en vie. Au fil de son périple, les paysages désertiques se déforment peu à peu laissant place à des figures fabuleuses et troublées. 

Captivant et envoûtant : voilà comment qualifier The Very Pulse of the Machine. Ce court-métrage en animation 2D se démarque rapidement par ses visuels hypnotiques. Ce qui est mémorable, c’est ce récit massivement impliqué qu’on ne saurait soupçonner lors des premières minutes. La partition musicale est subtile et contribue à apporter un impact émotionnel inégalé dans cette saison. Par ailleurs, les idées ambitieuses et thématiques récurrentes de la série sont toujours là, comme la conscience humaine et son alter ego technologique. Mais ce qu’on retient de The Very Pulse of the Machine, c’est ce périple qui délaisse la violence pour une philosophie sensible de la vie et de la mort, une survie qui se révèle être un voyage évocateur et délicieusement inspirant. Une création magnifique imprégnée de poésie. 

2. Bad Travelling (Mauvais Voyage)

Trahison et mutinerie émergent d’un accord passé entre un capitaine et un crustacé géant ayant envahi son navire. Sa présence malsaine divise ; entre survie, stratégie et implications morales, des choix doivent être faits aussi cruels soient-ils. 

Crédits : Netflix


Première incursion dans l’animation pour David Fincher et le résultat est bluffant. L’épisode le plus long de la série est un mix des récits de Lovecraft et de Jules Verne. C’est un chef d’œuvre d’horreur complet plein de tension et portée par une réalisation exceptionnelle. Très vite, l’histoire se dévoile être un moyen parfait pour dévoiler les dérives les plus subtiles de l’âme humaine. Et l’épisode prend son temps pour poser son cadre, donner un sens à cette atmosphère et donc mettre l’accent sur l’aspect humain. Le récit ne quitte jamais le navire, la paranoïa s’instaure inévitablement avec la proximité que l’on a avec les personnages. C’est aussi cette proximité avec l’équipage qui rend chaque révélation bouleversante, le tout dans une beauté toujours brutale. En prime, les visuels époustouflants viennent compléter une partition déjà proche de la perfection. Bad Travelling a en plus de tout ça quelque chose de spécial dans la psychologie de ces personnages qui apporte un vrai supplément d’âme à l’épisode ; quelque chose qui bouleverse notre conception de l’honneur et de la cruauté, ou même de notre conception du héros.

1. Jibaro

Crédits : Netflix

Une réinvention du conte folklorique traditionnel d’une sirène dont le chant attire les hommes à leurs pertes. Une sirène envoûtée à son tour par Jibaro, un chevalier sourd, unique homme à lui résister. La cupidité et l’attraction se mêlent dans une danse fatale entre deux prédateurs. 

Avec Bad Travelling, Jibaro est le second chef d’œuvre de ce volume 3. L’épisode relève plus de suggestions fantastiques que de la stricte science-fiction ; l’histoire est stupéfiante partagée entre attraction meurtrière et désir magnétique, une histoire où l’humain apparaît encore mauvais, faible et cupide. Jibaro, c’est avant tout une animation très avant-gardiste offrant les images les plus impressionnantes de la série voir de l’animation dans son ensemble. Même si aucune parole n’accompagne l’action, l’ambiance sonore est incroyable, construisant encore plus le cadre tropical déjà ultra réaliste de l’épisode. C’est un produit visuel magnifique, le montage frénétique contribue à transmettre la désorientation sensorielle des personnages ce qui rend le court-métrage immersif, troublant et troublé. Jibaro joue avec nos sens, avec nos émotions ; c’est un spectacle ensorcelant et déchirant. Il conclut en apothéose ce dernier volume de LOVE, DEATH + ROBOTS en s’érigeant tout simplement comme un modèle de l’animation moderne.

Paul GREARD

Nos dernières bandes-annonces

Rédacteur

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. – Swarm est le seul épisode qui raconte vraiment quelque chose. L’avoir mis en 3e plus mauvais en dit long sur vous. Au lieu d’écrire « qu’il serait bon de regarder plusieurs fois pour en comprendre tous les enjeux » (très clair dès la 1ere fois en ce qui me concerne), il aurait fallu le faire, pour pouvoir émettre un jugement sérieux.- Jibaro est le meilleur visuellement. Il ne raconte pas grand chose, mais il est très impressionnant techniquement. Sinon, c’est complètement du fantastique et même pas un peu de la SF, vous n’avez pas assez écouté les cours sur les genres littéraires au collège.
    – Pulse of the Machine est bidon, c’est du déjà vu 100 fois en SF. O% d’originalité.- Three Robots est mauvais : une histoire très clichée, où des robots incultes et sans empathie se moquent d’humains… qui leur ressemblaient.

  2. Jibaro: 0 cohérence en tout point (scénario et plans) structure déconstruite sans crédibilité. Les valeurs sont totalement baclées, on dirait qu’il n’y a aucune relecture, encore moins lors du montage.

  3. Assez d’accord avec cette critique très intéressante et passionnée d’une série que j’ai aimé dès la 1ère saison et qui m’a fait le même effet que Metal Hurlant quand j’étais ado.
    Complètement raccord avec ce que vous dites de Jibaro qui est un ovni baroque (et barré ❤️) et un spectacle visuel et sonore à lui tout seul, un pur bonheur pour moi.
    Merci David Fincher de nous sortir des sentiers battus du dessin animé actuel.

  4. Je suis totalement en emphase avec ce top, même si j’ai quelques bémols sur Bad Travelling au niveau de son histoire, j’ai eu du mal a comprendre les motivations et les décisions du protagoniste, le scénario n’est pas le plus clair possible et c’est dommage.

  5. Et bien , je constate que les goûts divergent car perso Jibaro est le pire des pires des épisodes. J’ai vraiment du me forcer pour le terminer. Mais bon, chacun voit midi à sa porte.

    1. Les goûts divergent c’est certain et je pense que ce dernier volume est suffisamment diversifié pour que chacun y trouve son compte. Pour Jibaro, je suis conscient que l’épisode peut étonner et qu’on peut ne pas accrocher par rapport au rythme très frénétique, mais il reste dans l’ensemble très novateur dans le genre.

      1. Effectivement, chacun ces gouts : on est deçu ou on adore. Personnellement cet épisode représente tout ce que j’ attends du cinéma , de l’inattendu, du fantastique, du rythme et de l’esthétique.
        La danse finale est tout simplement sublime et on ne voit pas la limite entre l’animation et le réel. Pour moi le meilleur épisode de cette série