Ras-le-bol des listes de films qui nous rebalancent du John Carpenter et du Jason Voorhees chaque année ! Non pas qu’on n’aime pas Michael Myers – il serait bien mal aisé de le vexer… Simplement, pour 2021, nous souhaitions vous suggérer quelques références un petit peu moins citées, histoire de célébrer dignement ce nouvel Halloween.
JAWBREAKER, quand Lolita malgré moi rencontre Carrie au bal du diable
Échec critique et commercial en 1999, JAWBREAKER a très certainement souffert d’être sorti le même été que College Attitude, Elle est trop bien et Sexe Intentions. Dans cette overdose de divertissements industriels pour adolescents, la comédie noire de Darren Stein a été mal jugée, prise pour ce qu’elle n’était pas. On a effectivement perdu de vue tout le second degré de cette histoire, où Rose McGowan étouffe, par mégarde, l’une de ses camarades de lycée avec un bonbon Jawbreaker – plus connu par chez nous sous la délicate appellation de « couille de mammouth ». Cynique, grinçant et hystérique, JAWBREAKER a finalement acquis un statut culte. Sa dimension parodique ne laisse aujourd’hui plus aucun doute et éveillera sans aucun doute en vous la nostalgie des soirées pyjama.
LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, aux origines du film de zombie
Ce n’est peut-être pas exactement le premier, mais c’est certainement le père de tous les films de zombie contemporains. Aux adeptes de chair en putréfaction : peut-être est-il temps d’abandonner The Walking Dead pour se recentrer sur l’œuvre de George A. Romero… Et ainsi redécouvrir la puissance narrative et la portée politique de ce film à petit budget, en noir et blanc, contraint par ses impératifs financiers. À la lumière de ces éléments, on entrevoit tout le génie derrière cette mise en œuvre ultra créative, aussi surprenante que moderne dans l’exécution de son scénario. Si vous aviez moins envie d’un slasher de seconde zone que d’un chef-d’œuvre inquiétant pour Halloween, LA NUIT DES MORTS-VIVANTS vous tend les bras.
VIOLATION, le renouveau du Rape & Revenge
Disponible sur Shadowz en exclusivité pour Halloween, VIOLATION dépoussière un sous-genre qui avait réellement besoin de renouveau. Rape & Revenge post #MeToo, il invoque une toute autre forme de violence que ses prédécesseurs, plus insidieuse, frontale et réaliste. Par un récit déconstruit, non linéaire, le film prend le temps de nous exposer un drame familial, avec un travail du son remarquable et une mise en scène minutieuse, alerte du moindre petit détail, pour insuffler un minimum de beauté et de respiration dans l’horreur la plus totale. Le viol, on le voit, oui. Mais il est insinué et s’observe dans le regard de la victime : insoutenable. La vengeance, elle est graphique, oui. Néanmoins, Miriam est un personnage ordinaire, qui peine à assassiner son violeur. Et l’on s’aperçoit qu’en effet, c’est long et difficile d’étrangler un être humain. Extrêmement long et difficile…
AMITYVILLE II : LE POSSÉDÉ, la (bonne) suite oubliée
Le premier Amityville n’avait pas grand-chose à offrir… Si ce n’est quelques sursauts furtifs sans grand intérêt. De même que ses suites ne valent pas franchement le coup d’œil. À l’exception notable de ce deuxième volet, sorti en 1982. S’il évoque à l’imaginaire collectif la réelle série de meurtres survenue en 1974, le film s’en émancipe rapidement pour nous entraîner dans un huis-clos familial, où l’aîné de la fratrie agit sous influence démoniaque. La filiation à L’Exorciste s’avère en tous points évidente. Toutefois, cette suite oubliée recèle étonnement un goût d’Evil Dead dans son découpage et ses mouvements de caméra. Aussi, une folie créative à la Cronenberg… Comme si elle tenait en son sein toute la sauvagerie horrifique des années qui s’en suivirent. Rien que par ces aspects, AMITYVILLE 2 : LE POSSÉDÉ mérite une réhabilitation en bonne et due forme.
L’ÉVENTREUR DE NEW-YORK, Fulci au pays des Yankees
L’ÉVENTREUR DE NEW-YORK n’est assurément pas le meilleur Fulci. Néanmoins, il reste intéressant de voir comment le réalisateur italien filme la Grosse pomme, ses bas quartiers et sa faune déviante. À coup sûr, l’homme avait vu le Maniac de William Lustig, sorti deux ans auparavant, tant il est impossible de ne pas y voir une similitude. Largement inspiré du giallo, L’ÉVENTREUR DE NEW-YORK détaille l’enquête d’un inspecteur en charge d’arrêter un tueur en série s’en prenant aux jeunes et jolies femmes. Dont le mobile sera, on le devine, d’ordre parapsychologique. Excellent divertissement d’Halloween, ce Fulci un peu oublié déverse énormément de gore et de sexe à l’écran – filmés toutefois avec l’élégance du maître.
L’EMPRISE, encore plus flippant que Conjuring
Quelque peu oublié, L’EMPRISE fait pourtant bel et bien partie des grands films d’horreur de l’âge d’or eighties. Basée sur des faits réels, l’intrigue se concentre sur une femme victime d’un esprit frappeur, capable de lui porter atteinte physiquement… jusqu’à la violer dans la nuit. D’après la légende, il s’agirait de l’un des rares cas d’attaque paranormale les plus rationnellement inexplicables à ce jour. Au-delà de la légende, le film constitue un réel moment d’angoisse, où les effets employés à l’écran donnent toujours froid dans le dos – même quarante ans plus tard. On lui reprochera cependant une légère surenchère qui enlève toute crédibilité à son final. Néanmoins, malgré le poids des années, L’EMPRISE n’a rien perdu de son caractère anxiogène, qui doit beaucoup à l’incroyable prestation de Barbara Hershey… Icône des seventies, devenue par la suite muse de l’épouvante.
AEROBIC KILLER, la pure série Z des années 80
Dans les années 80, on le sait, Jason, Michael Myers et consorts ont fait des petits… La première vague de slashers a entraîné une nuée de productions Z à mi-chemin entre le véritable nanar des familles et l’objet filmique volontairement daubesque. David A. Prior n’a, en effet, pas attendu Sharknado pour s’illustrer dans le genre et l’une de ses œuvres les plus marquantes reste, à n’en point douter, AEROBIC KILLER – également titré AEROBICIDE ou encore KILLER WORKOUT : tout un poème… Et, sans surprise, l’intrigue prend place dans un club de sport où règnent jambières et justaucorps fluos, dans tout ce que les eighties ont à nous offrir de plus kitsch. Or, dans le calme reclus des vestiaires, sévit un tueur armé… d’une épingle à nourrice géante. Pourquoi ? Dieu seul le sait. Nonobstant, AEROBIC KILLER offre un spectacle grandiose où le n’importe quoi côtoie le grotesque le plus crasse… À savourer entre potes à grand renfort de bières.
SIMETIERRE, le remake pas si moisi
Sorti en 2019 après le raz-de-marée Ça, le remake de SIMETIERRE est passé plus ou moins inaperçu. Pourtant, le film de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer se révèle bien loin de la catastrophe industrielle annoncée. S’il prend quelques libertés par rapport au récit de Stephen King, il sait parfois se faire pardonner en lui étant bien plus fidèle que son homologue de 1989. Ainsi, la relation tortueuse entre la mère et sa sœur se veut bien plus développée et offre quelques grands moments de frisson au sein du long-métrage. Lequel met pourtant déjà nos nerfs à rude épreuve dans son arc de narration principal. Qu’on se le dise, à quelques écarts près, ce nouveau SIMETIERRE n’en demeure pas moins qu’un copié-collé stricto-sensu de la précédente adaptation de King. Néanmoins, il dépoussière bien l’affaire avec un petit coup de peinture au passage. Appréciable en cette période de Toussaint.
THE LOVED ONES, l’outsider australien
On n’a peu d’exemples de films de genre australiens récents. Pourtant, l’horreur vaut toujours le coup d’œil au pays des kangourous. Et THE LOVED ONES s’avère certainement l’une de ses itérations les plus excitantes depuis dix ans. Tellement tordu qu’il aurait pu sortir de l’esprit d’un Stephen King… Tellement sanglant qu’il ferait passer le remake d’Evil Dead pour un épisode de Candy… THE LOVED ONES raconte l’histoire de cette weirdo que personne n’a jamais invitée à sortir au lycée et qui décide de faire le premier pas… À grands coups de marteau dans les pieds. On ne vous en dit pas plus, mais le petit bal de fin d’année organisé par Lola et son psychopathe de père va très vite tourner au cauchemar pour ce pauvre Brent Mitchell. Entre Misery et Massacre à la tronçonneuse 2, THE LOVED ONES est un divertissement ultra référencé qui saura séduire les amateurs du genre.
LES GRIFFES DU CAUCHEMAR, le meilleur Freddy
Le troisième volet des Griffes de la nuit marque un retour de Wes Craven au scénario. Le réalisateur voyait effectivement son œuvre comme un film unique. Initié par les studios, le deuxième opus avait récolté une réception critique désastreuse. Qui a certainement donné envie au maître de reprendre possession de sa créature. Ou si peu… Car c’est Chuck Russel qui, cette fois, se trouve en charge de la réalisation. Encore prometteur et inventif, le futur réalisateur de The Mask s’en donne à cœur joie et livre un film à la fois glaçant et terriblement drôle. Bien qu’extrêmement fun visuellement, LES GRIFFES DU CAUCHEMAR ne se prive pas pour autant d’un sous-texte sur les troubles de l’adolescence. Ici, cette thématique chère à Wes Craven s’incarne dans une unité psychiatrique, presque en huis-clos avec Freddy. Autant dire que les choses ne vont pas forcément bien se passer pour les nouveaux internés…
Lily Nelson