Si ses têtes d’affiches sont bien entendu alléchantes, le principal atout de Looper est sans doute son scénario “original” qui se permet de poser un univers de science-fiction et ses concepts en considérant que le spectateur n’est pas un simple réceptacle à scènes d’actions testostéronées ou à répliques humoristiques.
On est ici face à un anti-Lock Out, film de SF proposé récemment par Luc Besson, et sans doute plus proche d’un Inception de Christopher Nolan, même si la filiation que la presse reprend à foison me paraît un peu exagérée.
En effet, si le scénario est plus poussé que ce qu’Hollywood nous propose ces dernières années, il n’est ni révolutionnaire (les problématiques temporelles, ça déjà été popularisé par Retour vers le Futur il y a longtemps auprès du grand public), ni aussi intense ou mystérieux que les bases posées dans Inception. En revanche, on ne peut nier un univers futuriste assez bien conçu avec des mafias à tendance western et des concepts rapidement expliqués à l’écran. La course poursuite entre le personnage joué à la fois par Joseph Gordon-Levitt et par Bruce Willis est moins présente que ce que la bande-annonce le laissait croire et joue intelligemment avec les motivations des différents protagonistes.
Ce film est bon, c’est certain : de l’originalité, des risques et un questionnement un peu plus pertinent qu’à l’accoutumée donnent du corps à Looper.
Si on retrouve au détour de seconds rôles des visages connus comme ceux de Piper Perabo (Coyote Girl au cinéma, Covert Affairs à la télévision) ou encore Jeff Daniels (Speed et Good Night and Good Luck au cinéma, The Newsroom à la télévision), c’est Joseph Gordon-Levitt qui tient le film de bout en bout, avec notamment une performance en ce qui concerne la ressemblance avec Bruce Willis qui dépasse le maquillage (parfois un peu ridicule et visible malheureusement) : que ce soit son langage corporel ou ses intonations (une similitude également reprise dans la VF : un effort à souligner), le travail de composition est perceptible. On regrettera un jeu d’acteur plus banal de la part de Bruce Willis ou d’Emily Blunt en comparaison.
Je ne connaissais pas le réalisateur Rian Johnson avant ce long-métrage (il a deux films à son actif : Brick et Une Arnaque Presque Parfaite) mais force est de constater qu’il sait surprendre et prendre des risques dans le rythme de son film : l’acteur le plus célèbre de son casting (Bruce Willis) qui arrive seulement au bout d’une bonne demi-heure, une transition entre futur urbain et ambiance rurale assez imprévue, etc. Le réalisateur-scénariste sait surprendre et garde éveillée l’attention du spectateur de bout en bout.
Ce film est bon, c’est certain : de l’originalité, des risques et un questionnement un peu plus pertinent qu’à l’accoutumée donnent du corps à Looper. Le spectre d’autres films traitant de voyages temporels plane au dessus de celui-ci, comme par exemple L’Armée des 12 Singes avec Bruce Willis également, mais il n’a aucunement à rougir de la comparaison même s’il n’atteint pas le niveau de chef d’oeuvre non plus.