[dropcap size=small]L[/dropcap]e projet WILD est né en 2012 lorsque l’actrice Reese Witherspoon venait de monter sa société de production, Pacific Standard, avec son associée Bruna Papandrea. Plusieurs mois avant sa publication, elle reçoit ce qui va devenir un best seller pour Cheryl Strayed qui y relate son expérience, une longue marche à pied au milieu des années 1990, destinée à lui permettre de faire le point sur sa vie. Reese Witherspoon décide d’adapter le récit pour le cinéma et engage Jean-Marc Vallée, alors en postproduction de Dallas Buyers Club pour le réaliser. Ce dernier ne voulant que cette actrice pour interpréter Cheryl Strayed parvient à la faire se transformer. Un an après la métamorphose de Matthew McConaughey dans Dallas Buyers Club (Oscar du meilleur acteur en 2014), on assiste avec émerveillement à celle de Reese Witherspoon dans ce rôle extrêmement physique.
Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed (Reese Witherspoon) prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.
WILD. Un titre qui rappelle forcément Into the Wild réalisé par Sean Penn en 2007 où un jeune homme décidait de rejeter la société moderne et le rêve américain pour partir à la découverte de la nature. Cependant le film de Jean-Marc Vallée est bien plus qu’une version féminine d’Into the Wild. Cheryl Strayed est une jeune femme tombée au plus bas. Après avoir tout perdu, en grande partie par sa faute, elle part sur un coup de tête et se donne trois mois pour faire le point sur son avenir. Trois mois durant lesquelles elle se lance, sans aucune connaissance, dans une randonnée longue de 1700 kilomètres. Il s’agit du Pacific Crest Trail (PCT), le sentier de randonnée le plus difficile et sauvage d’Amérique. Durant son parcours long et douloureux, Cheryl repense à son passé et à ce qui l’a amené ici. Les retours en arrière permettent au spectateur de découvrir au fur et à mesure ce qui a provoqué cette décision. Les premiers flash-back dévoilent des personnages et des événements du passé de Cheryl comme des indices éparpillés. Par la suite les retours en arrière deviennent des vraies séquences. On y découvre la descente aux enfers de Cheryl, comment après la perte de sa mère (attachante Laura Dern) elle se réfugie dans la drogue, le sexe et l’autodestruction. C’est durant ces scènes que Jean-Marc Vallée peut travailler sa mise en scène et créer une ambiance forte en émotion. Le reste du temps la simplicité d’une caméra à l’épaule suffit pour filmer des décors naturels aussi beaux et impressionnants. En seulement 2 heures de film, qui résument un périple de 3 mois, WILD nous fait voyager dans les paysages splendides de l’Ouest de américain. On passe avec plaisir des montagnes rocheuses et arides aux montagnes enneigées, en passant par des sites forestiers sous la pluie.
”Un personnage émouvant, un décor somptueux et une musique poignante. C’est avec cet ensemble simple que WILD offre un moment de cinéma inoubliable”
Au milieu de cet immense décors se trouve une blonde petite et mince avec sur le dos un sac à dos de deux fois sa taille. Il s’agit de Reese Witherspoon absolument méconnaissable. Pourtant déjà bien transformée dans Mud : Sur les rives du Mississippi de Jeff Nichols (2012), elle est ici poussée à se faire mal. Chaque scène est un combat. Cela commence de manière humoristique et burlesque au départ du voyage lorsque l’actrice tente par tous les moyens de porter son sac bien trop lourd. Dès cet instant la détermination de son personnage impressionne. Même littéralement écrasé par tout ce poids, elle parvient à se relever et à partir. Un poids qui représente celui du passé de Cheryl, qu’elle doit porter sur ses épaules. Le travail de Jean-Marc Vallée par rapport au corps de l’actrice est particulièrement intéressant. Reese Witherspoon est couverte de bleus aux jambes et de rougeurs aux épaules. A plusieurs reprises le réalisateur dévoile la nudité de la jeune femme qu’il filme de manière magistrale. Sa caméra descend le long du corps nu de l’actrice, dévoilant sa nuque, son dos puis ses fesses. Le spectateur reste hypnotisé par les marques qui recouvrent sa peau. Le réalisateur parvient à cacher la beauté physique de l’actrice car l’important reste la tâche accomplie par Cheryl Strayed. D’une part sa vie et sa renaissance mais également les 1700 kilomètres qu’elle parcourt. Loin d’être un modèle dans sa vie passée, elle le devient pour les autres randonneurs qu’elle rencontre. Etant l’une des rares femmes à se lancer dans le PCT, elle force à l’admiration et au respect. Ainsi la beauté de l’actrice provient d’avantage de son aura que parvient à créer le réalisateur. Une confirmation lorsque, après plusieurs jours de solitude, Cheryl passe la nuit avec un homme qu’elle rencontre. Cette seconde séquence qui dévoile le corps de Reese Witherspoon ne provoque plus l’horreur face à ses blessures. Le jeune homme embrasse délicatement les rougeurs et Jean-Marc Vallée nous plonge dans un moment de grâce pour cette scène d’amour, en contraste avec celles présentées auparavant. Une scène déterminante qui verra le changement définitif du caractère et de la vie de l’héroïne.
A la manière de son film précédent, Jean-Marc Vallée met en scène WILD de manière presque plate. Peu de rebondissements, mais quelques moments d’émotions bouleversants, qui suffisent amplement. En effet, la principale force du film vient de son ambiance générale attrayante, obtenue en partie par l’excellente bande originale. Des titres variés qui s’assemblent parfaitement, et un lien entre l’image et le son extrêmement bien travaillé. Régulièrement, les chansons passent d’un son extra-diégétique à intra-diégétique. Un jeu de montage sonore qui donne le rythme du film. Car toutes ces chansons sont des bouts de vie et du passé de Cheryl. Cette dernière chante pour s’occuper dans sa solitude et répète des paroles significatives pour s’encourager. « Je suis un marteau, pas un clou ! » se ressasse la jeune femme tandis que le spectateur entend El Condor Pasa (Of I Could), composition rendue célèbre par la version du duo folk Simon and Garfunkel d’où provient cette phrase (« I’d rather be a hammer than a nail »). Mais chaque titre a également une signification plus profonde. Notamment lorsque prise en stop, Cheryl entend à la radio I Can Never Go Home Anymore interprété par le groupe pop féminin des années 1960 The Shangri-Las. L’émotion grandit tandis qu’elle revit par un retour en arrière un moment de son enfance avec sa mère. Un moment d’intimité d’autant plus émouvant par les paroles qui fait évidemment penser à la situation de Cheryl. Un personnage émouvant, un décor somptueux et une musique poignante. C’est avec cet ensemble simple que WILD offre un moment de cinéma inoubliable.
Les autres sorties du 14 Janvier
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TRAILER
L’actu du réalisateur Jean-Marc Vallée
• Réalisation : Jean-Marc Vallée
• Scénario : Nick Hornby, D’après l’oeuvre de Cheryl Strayed
• Acteurs principaux : Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern
• Pays d’origine : U.S.A.
• Sortie : 14 janvier 2015
• Durée : 1h55min
• Distributeur : Twentieth Century Fox France
• Synopsis : Après plusieurs années d’errance, d’addiction et l’échec de son couple, Cheryl Strayed prend une décision radicale : elle tourne le dos à son passé et, sans aucune expérience, se lance dans un périple en solitaire de 1700 kilomètres, à pied, avec pour seule compagnie le souvenir de sa mère disparue… Cheryl va affronter ses plus grandes peurs, approcher ses limites, frôler la folie et découvrir sa force.Une femme qui essaye de se reconstruire décide de faire une longue randonnée sur la côte ouest des Etats-Unis.
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