deadpool 2
Crédits : Twentieth Century Fox France

DEADPOOL 2, ou l’irrévérence grand public – Critique

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Deux ans après l’arrivée fracassante du premier Deadpool au cinéma, le héros, chantre du politiquement incorrect, revient plus moqueur que jamais. Quête chancelante animée d’instinct paternel, ce second opus est une suite plus riche que son prédécesseur ainsi qu’un divertissement tout à fait honorable.

S’il est certain que le film aurait attiré à lui de nombreux fans, il se distingue avant même sa sortie par des campagnes promotionnelles délirantes. Son héros est ces dernières semaines présent partout, chez Alain Chabat ou Céline Dion, tellement décalé qu’il attise la curiosité même des gens peu convaincus auparavant. Et toutes ces annonces ne mentent pas, DEADPOOL 2 est un bon moment parfois même hilarant. Malgré quelques écarts purement scabreux et visiblement destinés à des jeunes de 13 ans, l’humour est la plupart du temps terriblement efficace. Les références sont mitraillées à toute vitesse et personne n’est épargné : Black Widow, Hulk, Hawkeye, Batman, Superman… Cependant les plus drôles restent clairement celles qui concernent Ryan Reynolds, toujours brillant d’autodérision quant à sa carrière, dont on oublie trop souvent les géniaux The Voices ou Buried au profit de ses rôles comme celui de Green Lantern.

Photo du film DEADPOOL 2
Crédits : Twentieth Century Fox France

La franchise a offert une comicité nouvelle pour contrebalancer l’humour du Marvel Cinematic Universe notamment, et par la même occasion a encouragé les studios a exploiter d’autres fibres. [Entre les deux longs-métrages consacrés à Deadpool, Logan – dont il fait une boîte à musique dans un coup de génie – est passé par là et a justement renouvelé le ton, beaucoup plus abrupt et sombre cette fois.] Cette suite réussit assez bien à manier le sentimental, alternant toujours entre moments allègres et instants tristes de façon étonnamment efficace.

À l’inverse, le set-up/pay-off au sujet de l’enfant est tout sauf subtil et empêche la trame narrative de vraiment surprendre, alors qu’est sans cesse revendiqué le côté novateur. On lui pardonne cependant sa linéarité grâce à quelques fulgurances, dont le générique à la Spectre et surtout la mission de la « X-Force », trip sur « Thundurstruck » d’AC/DC qui laisse littéralement l’audience pliée en deux à juste titre. La musique est d’ailleurs un ressort aussi comique qu’appréciable, tout comme les nouveaux venus et en particulier Julian Dennison en Firefist, qui s’inscrit dans l’univers comme une évidence (mention spéciale à… Brad Pitt).

Photo du film DEADPOOL 2
Crédits : Twentieth Century Fox France

Pour les nouvelles aventures de Wade Wilson aux enjeux émotionnels intenses, il était nécessaire de trouver un réalisateur qui saurait insuffler une action plus vivante. David Leitch réussit cet exercice avec aisance, il était en effet tout indiqué après le remarqué John Wick et l’esthétique Atomic Blonde. La caméra s’insinue au cœur des combats, entre les armes et près des coups, offrant un certain attrait à ce genre de scènes inhérentes au genre superhéroïque.

Elle joue aussi quelques tours très bien pensés, à l’instar des effets de confinement qui dépendent du point de vue ou du  changement de signification autour de la pyramide de cadavres que surmonte Cable – Josh Brolin motivé – au début . Cependant même si la réalisation est vigoureuse, le culot du personnage ne s’y retrouve pas. Le dynamisme de plans soudainement filmés à l’envers est trop rare dans un ensemble qui met rarement les bagarres au service de la provocation.

Photo du film DEADPOOL 2
Crédits : Twentieth Century Fox France

Au fond, Deadpool est un peu le reflet du spectateur lassé de se voir servir souvent la même chose, et il permet à ce dernier d’enfin expier sa frustration en dépassant les limites. Ce second film tient toutes ses promesses, là où le premier était sympathique celui-ci se veut plus radical. Pourtant malgré quelques découpages corporels assez gores il n’est pas si subversif que cela, et l’on pourrait avoir les mêmes réserves que pour une série comme Lucifer qui n’exploite pas tant la psychopathie de son anti-héros que son humanité. Trop borderline pour être regardé par des enfants et trop sage pour restreindre vraiment sa cible, le côté grand public de la saga est à la fois sa force et sa faiblesse. Pas encore une prise de risque aboutie donc, mais un défouloir rythmé qui se regarde avec entrain.

Manon

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Titre original : Deadpool 2
Réalisation : David Leitch
Scénario : Rhett Reese
Acteurs principaux : Ryan Reynolds, Josh Brolin, Zazie Beetz
Date de sortie : 16 mai 2018
Durée : 2h00min
3
Déjanté

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