DIVORCE CLUB
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DIVORCE CLUB, les clichés ont la vie dure !

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DIVORCE CLUB, le dernier film de Michaël Youn, est une comédie assez affligeante sur les errances post-divorce d’un homme trompé par son épouse.

Les clichés n’ont jamais fait peur à Michaël Youn, à qui on doit déjà Fatal et Vive la France. Il assume pleinement son humour et ses personnages typés, généralement assez lourds, et dont on ne retient bizarrement pas toujours les prénoms. Comme si cela n’avait pas d’importance. Car ce qui compte pour le réalisateur, c’est de servir sa démonstration. Il s’est d’ailleurs entouré de pas moins de cinq co-scénaristes : Matt Alexander (C’est tout pour moi), Marie-Pierre Huster (qui fait ici un sacré grand écart puisqu’elle était au préalable co-scénariste de Yves Saint-Laurent), Claude Zidi Jr., Cyrille Droux et David Gilcreast.

Photo du film DIVORCE CLUB
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Avec DIVORCE CLUB, Michaël Youn offre donc une étude quasi-sociologique sur le divorce inévitable des quadras et la façon qu’ils ont de s’en remettre, surtout s’ils l’ont subi. Et le réalisateur ne s’embarrasse pas de la complexité de l’échec d’un mariage ou des torts partagés, car pour lui, les causes sont simples : c’est toujours la faute de l’autre ! Et en général, celle de l’épouse. C’est d’ailleurs vrai pour le héros Ben (Arnaud Ducret), très amoureux de sa femme, qui a subi l’humiliation double d’apprendre en public qu’elle le trompe avec son patron (Benjamin Biolay). Triple humiliation même, puisqu’il découvre que sa femme est une arriviste sans état d’âme et qu’elle ne l’aimait pas vraiment.

Et il faut bien reconnaître que dans DIVORCE CLUB, les personnages de femmes sont sacrément servis ! Elles sont surtout présentées comme castratrices, enfermant les hommes dans la prison de leurs propres désirs, comme Katy (Claudia Tagbo), l’épouse de Thierry, le pote de Ben (Michaël Youn lui-même), obnubilée par son désir d’enfant. Car ce que montre le film, c’est qu’elles empêchent surtout leurs maris de continuer à s’amuser et à boire entre potes, bref … à rester jeunes.

DIVORCE CLUB tente de faire rire à propos du divorce des quarantenaires, mais se révèle tellement foutraque et plein de clichés lourdingues qu’on esquisse à peine un sourire.

Ou alors, à l’image du personnage d’Audrey Fleurot, qui vient de se faire plaquer pour la nième fois, les femmes sont des séductrices, voire des mantes religieuses, finalement sauvées grâce à un cocktail de drogue, d’alcool et de sexe à plusieurs. Enfin, telle Gisèle (Charlotte Gabris), elles sont aussi montrées comme très agressives et violentes, fichant la trouille au pauvre garçon vulnérable qu’est Ben. Gisèle est la meilleure amie de Marion (Caroline Anglade), divorcée et maman d’un adolescent, dont Ben va retomber amoureux, même s’il n’est pas au bout de ses surprises avec elle. C’est finalement le seul personnage de sexe féminin pour lequel le réalisateur éprouve de l’empathie et qui tire son épingle du jeu. La seule femme qui mérite l’attention de Ben.

On peut évidemment rire à propos du sujet du divorce et se moquer de ces quarantenaires qui ont peur de vieillir. Mais ce qui est regrettable dans DIVORCE CLUB, c’est son manichéisme simpliste puisque le mariage, c’est la prison, divorcer c’est donc sortir de prison et être libre à nouveau. CQFD. Libre à nouveau certes, mais pour quoi faire ? Selon Patrick (François-Xavier Demaison, parfait dans son rôle), son pote de jeunesse et de fiestas, dont il était sans nouvelles depuis vingt ans et divorcé lui-même, il faut en profiter pour faire la fête comme avant le mariage. Alors que le personnage de Ben est plutôt touchant dans sa difficulté à remonter la pente, son ami s’obstine à se moquer de son côté manchot, fidèle à une seule partenaire, mais dont l’utilisation répétitive du concept dans les dialogues est un peu lassante.

Photo du film DIVORCE CLUB
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Mais DIVORCE CLUB, c’est surtout le divorce chez les riches, pas celui des pauvres obligés de continuer à vivre ensemble car ils n’ont pas les moyens d’avoir deux appartements. On n’est ni dans Sous le même toit, ni dans L’économie du couple ou dans L’amour Flou. Patrick a en effet très bien vendu sa start up et fait profiter généreusement ses amis de ses conseils, de son argent et de sa gigantesque propriété, aussi grande que le chagrin de Ben est immense. C’est là qu’il va accueillir par solidarité tous les paumés post-divorce de son groupe de parole et fonder le fameux Divorce Club. Donneur de leçon, il est celui qui s’en est a priori bien remis et a décidé de déconstruire les clichés du mariage, de s’amuser avec son argent et de replonger avec délice dans la vie du célibataire sans entraves.

Il y a bien quelques trouvailles de la part du réalisateur et de ses coscénaristes, comme la scène dans laquelle Patrick explique à Ben pour quelles raisons les couples se disputent inévitablement chez Ikéa. Par contre, les personnages de la folle furieuse mythomane (Frédérique Bel), du domestique bienveillant Helmut (Youssef Hajdi), du cinquantenaire devenu DJ chez Patrick (Grégoire Bonnet) ou encore du lémurien arrivent comme un cheveu sur la soupe et sont plus sources de malaise que de rigolade.

Le film est finalement assez foutraque, ni franchement drôle, ni franchement grinçant, avec un petit clin d’œil d’autopromotion assez déplacé de la part du groupe M6 (coproducteur du film et des émissions de l’agent immobilier Stéphane Plazza, dont Ben dirige une antenne). DIVORCE CLUB révèle surtout sa capacité à ne pas croire en l’intelligence du spectateur et à penser qu’il se fendra la poire rien qu’en voyant à l’écran des images déjà vues mille fois de mecs à poil bourrés converser du mariage et du divorce dans de belles demeures. Hélas, cela ne suffit pas pour faire rire.

Sylvie-Noëlle

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : Divorce Club
Réalisation : Michaël Youn
Scénario : Michaël Youn, Matt Alexander, Marie-Pierre Huster, Claude Zidi Jr, Cyrille Droux, David Gilcreast
Acteurs principaux : Arnaud Ducret, François-Xavier Demaison, Caroline Anglade, Michaël Youn, Benjamin Biolay, Audrey Fleurot
Date de sortie : 14 juillet 2020
Durée : 1h48 min
2.5
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ROUSSEAUX ERIC
ROUSSEAUX ERIC
Invité.e
18 juillet 2020 13 h 36 min

Exactly ! Votre critique est excellente .
Il n’a rien inventé, on anticipe le scénario qu’on aurait pu écrire sans prétention, un prix au festival de l’alpe d’huez ???
Des grosses villes, grosses bagnoles, grosses… déjà vu et revu.
On a entendu une critique positive à la radio et on s’est fait avoir avant de voir la vôtre.
Première fois que je mets une critique car je souhaite toujours ne pas dénigrer le travail et participer actuellement à la relance du cinéma et de culture mais la vôtre m’a interpellé par sa justesse.
Eric Rousseaux

adèle legrand
adèle legrand
Invité.e
16 juillet 2020 6 h 56 min

Donneur de leçon, il est celui qui s’en ait a priori bien remis
NON
Donneur de leçon, il est celui qui s’en EST a priori bien remis

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