Voir le premier MAD MAX en 2015, ça pique ! Le temps n’a pas épargné ce premier opus et ça fait mal de constater comme il est dépassé aujourd’hui, à bien des niveaux.
Que ce soit dans son scénario, ses effets de mise en scène et de montage. Pour les besoins de cette rétrospective, nous avons décidé d’enchaîner les 3 volets. Et ce premier volet est apparu comme le plus faible. L’ambition voulue par l’univers n’arrive pas à prendre corps. Son rythme défaillant malgré sa courte durée (85 minutes) ne fait pas office de cache-misère et ne supporte pas la comparaison avec le 2, bien supérieur.
Pourtant tout commence agréablement bien avec une course-poursuite de 12 minutes, montée habilement et qui a le mérite de nous faire plonger directement dans cet univers où la Loi peine à s’imposer. Le montage alterné présente Max comme une figure silencieuse, sûre d’elle dans sa combinaison de cuir. D’emblée, le personnage est posé. Sans finesse, certes, mais dans l’esprit badass du film. L’univers reste assez flou bien qu’on puisse décerner les contours de cette société à l’abandon. La violence est sans concession peu importe le côté et on retrouve des personnages barrés autant chez les « bons » (Fifi Macaffee) que chez les « mauvais » (Toecutter et ses zigotos). La folie est une marque de fabrique de la franchise Mad Max, on va faire la connaissance de nombreux personnages perchés et haut en couleur au fil des aventures de notre héros.
MAD MAX (1979) : l’embryon d’une saga culte
Comme le disait ce cher Hitchcock, un bon film c’est un bon méchant. Ce qui n’est pas le cas de Toecutter et sa bande. Leurs élans mi homosexuels mi enfantins prêtent plus à rire qu’à être des menaces crédibles. Face au charismatique Max, ils font pâle figure… En pensant aux antagonistes des suites, ils ne supportent pas la comparaison. Bien que les scènes d’actions soient efficaces et bien rodées, le film peine à passionner dans son intrigue. Jongler entre la vie sentimentale et la vie de flic permet de dresser un portrait assez complet de Max. Encore faudrait-il que les deux versants soient passionnants et s’extirpent des schémas conventionnels. On assiste à des scènes déjà-vues dans un foyer contaminé par le boulot. Et la mise en scène enfonce des moments charnières au lieu de laisser apparaître l’émotion. On pense à la scène où Max découvre ce qui est arrivé à Goose, à l’hôpital. Ce travelling avant avec ce fondu enchaîné sur un raccord dans l’axe afin de signifier l’horreur fait tout tomber à plat. Exactement pareil, 1 minute après, lorsque Max se réveille et un autre travelling avant vient s’approcher de ses yeux horrifiées. Ces effets de mise en scène trop appuyés, combinés à des effets sonores grandiloquents, désamorcent toute la tension d’un moment pourtant si important psychologiquement pour Max. Même combat pour la mort de sa femme.
Le temps n’a pas épargné ce premier opus et ça fait mal de constater comme il est dépassé aujourd’hui…
MAD MAX – FURY ROAD, un blockbuster courageux et ouvertement féministe – Critique
En somme, MAD MAX vaut pour ses scènes d’action et l’installation de l’univers. Il faut l’aborder comme une introduction aux deux suivants et faire preuve d’une forte indulgence. Le personnage de Max est posé avec ses traumas, sa nouvelle façon d’aborder ce monde sans pitié. Le dernier quart d’heure ponctue le film d’une bien belle manière, amorçant l’état d’esprit de la suite qu’on aurait apprécié voir plus tôt. Il restera comme l’un des premiers grands rôles pour un Mel Gibson excellent et marque l’entrée dans le monde de la pop-culture, d’une franchise qui a inspiré bien d’autres œuvres par la suite. C’est déjà ça.