En plein boum médiatique où Hollywood révèle ses plus gros travers à coup d’agressions sexistes et sexuelles, BATTLE OF THE SEXES, nouvelle réalisation du binôme Valerie Faris et Jonathan Dayton, semble faire, au moins en partie, échos aux multiples questions égalitaires soulevées au sein de notre monde contemporain.
En 1973, deux génies du tennis, Bobby Riggs et Billie Jean King s’affrontent pour un match désormais légendaire au nom de la liberté des femmes et l’égalité femmes-hommes. Un pari audacieux pour les deux compagnons de route qui nous avaient bluffé avec leur Little Miss Sunshine. Jeu, set et match pour le couple américain ?
S’il y a bien un point qu’on ne peut reprocher à cette «bataille des sexes » c’est de pleinement s’inscrire au sein des préoccupations sociales de notre époque. Bien que le récit se déroule il y a plus de quarante ans, soit presque un demi-siècle, les thèmes et les questions soulevé.e.s sont on ne plus d’actualité. En effet, même-si la trame principale se base sur le match à plusieurs millions de dollars, l’enjeu n’est pas de savoir qui des deux se glissera sur la première marche du podium mais tous les soulèvements, notamment médiatiques, que ce dernier provoque. Une ambiance électrique et bouillante fidèlement retranscrite mais qui manque cruellement de caractère et qui peine à trouver son apogée. Un problème crucial pour un film qui devrait, de par son sujet, marquer les esprits sur le long terme.
Parce qu’après tout, si le film transmet bien un message c’est que le public est avide de spectacle que ce soit pour une bonne cause ou non. Le divertissement est au centre de tous les intérêts. Il faut du bruit, sur la scène mais aussi derrière, en coulisses et dans les médias. Un subtil clin d’œil à ce qui se déroule actuellement dans la cité des anges qui, d’ailleurs, ressemble de plus en plus à celle des démons notamment depuis que l’affaire Hervey Weinstein met en lumière les plus sombres des affaires.
Heureusement, la réalité carnavalesque des événements sauve haut la main ce qui aurait pu être un film insipide.
Malheureusement si certains sujets suffisent à eux-mêmes pour faire un bon film, la maigre mise en scène et les partis pris esthétiques font passer les enjeux cinématographiques complètement au second plan ce qui, en soi, est fortement regrettable. Heureusement, la réalité carnavalesque des événements sauve haut la main ce qui aurait pu être un film insipide. Il suffit de chercher les archives télévisées et les multiples articles des journaux de l’époque pour comprendre l’étendue spectaculaire de l’événement sportif (qui a dépassé les limites du sport). Il n’est donc pas étonnant que les deux camarades de caméra, s’y soient intéressés.
Le casting solide mené par une Emma Stone remarquable et un Steve Carell fidèle à lui-même permet d’apporter les nuances au récit ou du moins l’équilibre manquant au scénario. Comme leurs alter-ego, les deux stars Hollywoodiennes ont des caractères bien trempés et des personnalités qui crèvent l’écran ce qui offre un spectacle des plus délicieux. De plus, comme dans tous bons biopics, les plus curieux découvriront à travers quelques recherches simples et rapides, que le travail sur le physique, la gestuelle et les traits de personnalité marqués ont été totalement respecté par les interprètes.
Ce qu’on retient principalement de BATTLE OF THE SEXES c’est sa capacité à faire du passé un récit du présent. À travers un événement sportif datant, littéralement, du siècle dernier, le long-métrage montre que le chemin de l’égalité et encore long ce qui fait de lui un film essentiel par ce qu’il raconte et non par ce qu’il est.
Pauline Mallet
• Réalisation : Jonathan Dayton et Valerie Faris
• Scénario :Simon Beaufoy
• Acteurs principaux : Emma Stone, Steve Carell
• Date de sortie :22 novembre 2017
• Durée : 2h02min