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Crédits : Kilyan Sockalingum, Unsplash

Films sortis en 2024 : nos principales attentes

L’année 2024 étant déjà bien entamée, tour d’horizon sur nos principales attentes en terme de sorties cinéma !

Daaaaaali ! – 7 février 2024

Le prochain long-métrage de Quentin Dupieux s’annonce très prometteur. Le casting réuni pour ce film impressionne : Alain Chabat, Pierre Niney, Gilles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Romain Duris, Pio Marmai… Ce n’est plus une distribution, c’est tout simplement la liste des meilleurs acteurs français. 
Le tournage a commencé en novembre 2022, et le film sort en salles le 7 février 2024. La méthode de tournage est donc aux antipodes de son dernier film, Yannick (2023), que Quentin Dupieux avait réalisé en quelques jours seulement, entre deux films, Fumer fait Tousser (2022) et, justement, Daaaaaali !. Ce huis clos qui se concentrait sur quelques acteurs seulement, notamment construit autour de l’incontournable Raphaël Quenard, véritable révélation dans ce premier rôle, s’était révélé très réussi. Ce sont donc deux modes de réalisation opposés, deux paris différents et on a hâte de découvrir le résultat !

L’Empire – 21 février 2024 

Une déflagration. C’est sûrement le terme le plus approprié pour qualifier la stupéfiante bande-annonce de L’Empire, de Bruno Dumont. Sorte de Star Wars rural où ses héros de jadis sont confrontés à une lutte interstellaire sous des cathédrales spatiales, Dumont retourne dans sa zone de confort où se mêlent lyrisme et absurdité, après le très expérimental France, pour ce qui reste l’une de nos plus grandes attentes cette année. Le casting réunit donc des figures bien familières aux essarts explorés par Dumont mais aussi de nouveaux personnages qu’on se réjouit de découvrir, à commencer par Camille Cottin et Lyna Khoudri. En voiture, Carpentier !

The Bikeriders – 19 juin 2024

Vous dire que le retour de Jeff Nichols est attendu relève de l’euphémisme. Huit longues années séparent Loving de The Bikeriders et le retour du prodige américain. En filmant un groupe de motards virant vers la délinquance, le natif de l’Arkansas promet un récit épique où se mêleront destins brisés et grands espaces de l’ouest américain. Austin Butler, Tom Hardy et Jodie Corner se donneront la réplique, accompagnés du fidèle Michael Shannon (qui n’a pas quitté le réalisateur depuis Shotgun Stories). On espère surtout que Nichols ne nous fera pas attendre sept autres années avant de retourner derrière la caméra. 

Oh, Canada – Prochainement

2024 signe également le retour de l’américain Paul Schrader, avec la sortie de Oh, Canada. Aussi bien connu pour ses talents de scénariste (Taxi Driver, Raging Bull) que de réalisateur (Mishima, The Card Counter), Schrader retrouve l’acteur de son American Gigolo, Richard Gere, et fait tourner pour la première fois devant sa caméra la sensation du moment, Jacob Elordi. Ce projet signe la deuxième adaptation d’un roman de Russell Banks pour le réalisateur, 27 ans après le remarqué Affliction (1997). Dans Oh Canada, Richard Gere interprète Leonard Fife, une figure de la gauche ayant fui les États-Unis lors de la guerre du Vietnam et réfugié au Canada. Documentariste engagé et reconnu pour avoir révélé plusieurs affaires de corruption, il est, du haut de ses 77 ans, rattrapé par une maladie incurable. Se sachant au seuil de la mort, il accepte qu’un de ses élèves, Malcolm (Jacob Elordi) vienne l’interviewer pour enregistrer ses ultimes confessions. Un scénario en tous points schraderien, l’œuvre du cinéaste explorant sans cesse les thèmes de la rédemption, des tabous de la société américaine ou encore de la solitude. Leonard Fife devrait ainsi s’insérer avec une grande cohérence parmi la galerie des personnages torturés en quête d’une pureté perdue qui composent l’œuvre de Schrader. Le film sera probablement projeté au Festival de Cannes 2024, et réunit également dans son casting Uma Thurman, Michael Imperioli et Kristine Frøseth. Rien que ça !

Spectateurs ! – Prochainement

Pour son nouveau long-métrage, Arnaud Desplechin revient à son alter-ego Paul Dédalus, dont les spectateurs avertis auront déjà pu suivre les déambulations dans Comment je me suis disputé… Ma vie sexuelle (1996), Un Conte de Noël (2008) ainsi que Trois Souvenirs de Ma Jeunesse. Du statut de spectateur, c’est par ailleurs de cela dont il sera question dans ce film que Desplechin décrit comme un « voyage sensible à travers les images ». Dans Spectateurs !, le réalisateur retrace son propre parcours – de cinéphile à réalisateur – et rend hommage aux cinéastes qui l’ont accompagné, aussi bien les géants hollywoodiens que les néoréalistes italiens. Un scénario qui semble s’inscrire dans la lignée des « films sur le cinéma », mais surtout des films sur la cinéphilie, dont l’exemple récent le plus canonique serait The Fabelmans. À la différence de Spielberg, Desplechin entend faire de Spectateurs ! un film « hybride », se présentant sous une forme de fiction documentaire mêlant aussi bien souvenirs qu’interviews, enquêtes que passages fictifs. Parce que le film se dessine comme un roman d’apprentissage, il sera aussi l’occasion pour Desplechin de creuser à nouveau les thèmes de l’enfance et de l’adolescence. Au niveau du casting, l’on retrouve son interprète fétiche Mathieu Amalric, ainsi que la très grande Françoise Lebrun, dont le visage évoque immanquablement La Maman et la Putain. Aux côtés de ces deux figures, la révélation de Anatomie d’une Chute, Milo Machado-Graner, le talentueux Salif Cissé aperçu dans À l’Abordage et Micha Lescot, connu pour ses rôles au théâtre mais aussi dans Le Redoutable ou Les Amandiers. Un casting mêlant Nouvelle Vague, théâtre et jeune génération, ce qui résume bien les obsessions d’un réalisateur soucieux de nous transmettre sa cinéphilie. 

Emmanuelle – Prochainement

L’un des projets les plus prometteurs de 2024 est la nouvelle adaptation du roman érotique culte Emmanuelle. Cet ouvrage (qui avait véritablement fait scandale à sa publication en 1959) suit une jeune femme mariée, qui à l’occasion d’un voyage, entretient plusieurs relations sexuelles avec des hommes. C’est moins ce scénario déjà transposé plusieurs fois au cinéma (Emmanuelle de Just Jaeckin, 1974) qui intrigue que la promesse de sa révision par les talentueuses Audrey Diwan et Rebecca Zlotowski. En effet, les filmographies des deux cinéastes se répondent dans leur exploration du corps féminin, aussi bien ses souffrances (L’évènement, 2021) que ses désirs (Une fille facile, 2019). L’on imagine ainsi que leur co-écriture du scénario réactualise Emmanuelle aux prismes d’enjeux contemporains, tout en faisant une part belle au point de vue de son personnage (female gaze), parfois éludé dans les anciennes adaptations. Ainsi, cette version se déroule dans un hôtel de luxe à Hong-Kong où travaille Emmanuelle, campée par Noémie Merlant dont la filmographie ne cesse de s’enrichir de propositions artistiques variées (Tár, L’Innocent, Portrait de la Jeune Fille en Feu). Si dans le roman, Emmanuelle n’est âgée que de 19 ans, Diwan et Zlotowski ont affirmé leur souhait de sonder l’intimité d’une femme plus âgée, qui a déjà « fait du chemin dans la vie ». Au-delà de la thématique centrale du désir féminin, Emmanuelle se veut aussi être une réflexion sur la solitude et le lâcher-prise, dans une société où les relations humaines sont extrêmement normées. Par ailleurs, le film signe les débuts en langue anglaise de sa réalisatrice, puisque figurent également au casting Naomi Watts, Will Sharpe (très remarqué pour sa prestation dans la série The White Lotus) et Jamie Campbell Bower

Kind of Kindness – Prochainement

Pauvres Créatures aura à peine eu le temps d’enregistrer son succès retentissant que déjà Yórgos Lánthimos revient avec un nouveau projet pour 2024. Initialement intitulé AND, le nouveau film du réalisateur grec devrait maintenant sortir sous le nom Kind of Kindness. Si très peu d’informations ont été dévoilées à son sujet, l’on sait d’ores et déjà qu’il prendra la forme d’une anthologie de trois histoires, à la manière par exemple du French Dispatch (2021) de Wes Anderson. Par ailleurs, le film réunit un casting époustouflant : Lánthimos reconvoque sa muse Emma Stone ainsi que des acteurs aperçus dans sa filmographie, tels que Margaret Qualley, Willem Dafoe et Joe Alwyn. À ces figures s’ajoutent la sensation d’Euphoria, Hunter Schafer, ainsi que Jesse Plemons et Hong Chau. Une succession de noms encore plus alléchante quand on sait chacun d’entre eux interprètera trois rôles différents, au sein des trois histoires proposées par Lánthimos. Le film est tourné à la Nouvelle-Orléans et signe le retour du réalisateur à l’époque contemporaine ; l’on peut ainsi se demander si cela est synonyme d’un retour aux des décors relativement sobres de Canine ou de Mise à Mort du Cerf Sacré, ou bien si Lánthimos poursuivra la forme d’exubérance artistique de Pauvres Créatures. De fait, Kind of Kindness est co-écrit avec le scénariste Efthimis Fillipou (qui a travaillé sur tous les Lánthimos sauf La Favorite et Pauvres Créatures) et reconvoque Robbie Ryan, qui outre Pauvres Créatures a notamment signé la photographie des films d’Andrea Arnold. Un projet très attendu et mystérieux, qui pourrait notamment être présenté à Cannes ou à Venise. 

Dark Slides – Prochainement

Dark Slides, nouveau long-métrage de la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay, est certainement le projet qui demeure à ce stade le plus mystérieux de cette liste. Du film, l’on sait qu’il suivra un « photographe qui rencontre le diable en Alaska », reposant donc sur un certain degré de violence et de tension psychologique. De fait, Ramsay a fait du thriller son genre de prédilection notamment avec We need to talk about Kevin qui confine au genre horrifique, mais aussi avec A Beautiful Day. Mais si le projet passionne autant, c’est en grande partie pour son casting : seront réunis pour la quatrième fois à l’écran Joaquin Phoenix et Rooney Mara. À l’affiche aussi bien de Her que Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot, le couple a déjà fait ses preuves, et c’est à la caméra de Lynne Ramsay que Joaquin Phoenix doit à son prix d’interprétation masculine reçu au 70ème Festival de Cannes, pour A Beautiful Day. Si le titre peut encore être sujet à changement, Dark Slides s’annonce certainement comme une représentation dérangeante et ambiguë de la nature humaine, inscrite plus globalement dans le triple projet de Ramsay. En effet, la réalisatrice a annoncé avoir travaillé sur Die, My Love, thriller avec Jennifer Lawrence et sur Stone Mattress, adaptation d’une nouvelle de Margaret Atwood réunissant Julianne Moore et Sandra Oh. Un triptyque annoncé comme une exploration des différents types de violences, aussi bien « psychopathique, écologique que psychologique » et dont on attend la sortie avec impatience !

Agathe ROSA, Emeric, Esther VASSEUR

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